Annick de Souzenelle, mathématicienne, philosophe et mystique recourant en permanence au langage des symboles, a établi il y a quelques années un lien très éclairant entre les symptômes de notre crise de civilisation et le mythe biblique des dix plaies d’Égypte pendant le maintien en capture du peuple hébreu.
Cf. L'Égypte intérieure ou les dix plaies de l'âme.
Elles illustrent les souffrances d’une situation d’esclave, l’être humain prisonnier de son ego-mental et de sa relation exclusive à la matière, séparé de son maître intérieur, soit de sa divinité. Il se nomme dans le texte biblique l’Égyptien, soit le tortionnaire, le Moi égotique, celui qui empêche la libération de l'Hébreu, soit le Moi aspirant à devenir le Soi divin. Ces plaies constituent des épées, soit celles qui nous tuent, soit celles qui tranchent les liens qui nous asservissent et terrassent nos ombres dominantes.
L’actualité qui s’enchaîne en ce début de millénaire agité et tourmenté nous en révèle toute la pertinence, nous invitant à nouveau à l’indispensable transformation intérieure préalable à notre salut.
Les eaux changées en sang
Dans le sang qui coule dans nos veines se tient la présence divine. En lui l’Homme est respiré de Son Créateur. Verser le sang atteint donc une inimaginable gravité.
Par cette plaie, le texte biblique signifie que la terre de servitude, celle des oppresseurs comme celles des opprimés, est abreuvée de leurs sangs. Il renvoie à l’état des haines et des drames du monde entier, particulièrement à l’aune du terrorisme étatique comme religieux. Il questionne aussi le sang fossile de la planète Terre, la ressource pétrolifère, sa pollution comme sa raréfaction.
L’eau qui devient du sang est objectivation de ce qui se passe dans le cœur de l’Égyptien, soit nous-même dans notre état d’inconscience, dont les énergies se répandent principalement en conquêtes "meurtrières" et en asservissement d’autrui.
Les grenouilles
La grenouille est le symbole de la connaissance cachée dans les profondeurs de l’inconscient, soit les eaux, qui, par le mariage qu’en fait l’Homme avec son conscient mentalisé, intellectuel, peut jaillir à la lumière. L’homme qui accepte ce mariage au sein de lui-même, le Moi devenu Soi, sait enlever le voile des apparences pour danser le Jeu de la Vie dans la pleine lumière.
La connaissance qui naît de ce mariage de l’Homme avec son féminin des profondeurs, inconscient riche d’énergies latentes, donne à l’"époux" une force intérieure puissante. La connaissance non seulement le guérit des souffrances de sa séparation, de sa division jusqu’alors d’avec Ce-qui-Est, l'Absolu, le Tout-infini, et le transforme peu à peu en lumière. C’est l’émergence de sa pleine conscience, celle de son unité existentielle profonde.
Les grenouilles envahissantes symbolisent dans notre civilisation actuelle l’essor continu, boulimique et destructeur, des connaissances extérieures. Chacun étant arbre de connaissances, chaque mutation apporte une connaissance supplémentaire jusqu’au fruit final, l’Être accompli. L’addition de connaissances purement extérieures conduit quant à elle au vide existentiel.
Dans notre civilisation contemporaine, il n’y a plus de quête de sagesse. C’est le maximalisme ouvert aux quatre vents, sans accompagnement de l’indispensable connaissance intérieure. La technique comme la renommée se substituent au divin, et l’homme est esclave de la technique, de la technologie, comme de la gloire factice, du paraitre étalé. L'Homme accède désormais à l'unité par la maîtrise de l'atome, du génome ou du réseau social virtuel . Ayant abandonné le développement de sa sagesse, il se trouve en grand danger, en passe d'être dominé par l'hypnose technologique et l'ivresse de la gloriole "likée". Obnubilé par les avancées technologiques qui lui tiennent lieu d'évolution, il se coupe de son évolution intérieure et s'emprisonne dans la matière.
La vermine (les moustiques)
La "poussière de la terre" représente la multiplicité des inventions, des productions, des techniques, des philosophies-systèmes de pensées-idéologies, des institutions, etc… dans lesquelles l’Homme s’organise et agit, croyant se libérer de l’asservissement au cosmos extérieur. Il ne fait que devenir de plus en plus esclave de ses productions idolâtrées, toutes ses certitudes, politiques comme religieuses, l’amenant à se dresser les uns contre les autres. Il en aliène son âme.
En frappant la poussière, l’identité profonde de ce qu’elles représentent est révélée : de folles et factices richesses. La vermine grouille, vit, mais engendre inéluctablement la mort.
Parce qu’il est poussière, l’Hébreu se retourne d’abord vers la poussière. En se retournant vers sa terre intérieure, il est alors sur le chemin de sortie de l’esclavage.
Les insectes (les taons)
L’insecte représente l’obscur, le soir, soit la jungle à l’intérieur de nous. La lumière ne peut venir que des ténèbres assumées. Le temps du soir est celui du retournement vers la mère des profondeurs.
Cette quatrième épreuve des Hébreux focalise l’expérience de ce peuple sur ce temps du soir et sur le mouvement de retournement intérieur auquel il est convié. Visité par l’Esprit du Tout infini, il mobilise son propre esprit dans le soufflet d’une transmutation essentielle, celle de son salut. Il est le creuset du "Grand Œuvre", soit notre transformation à notre renaissance.
Tant que nous refusons à cet Esprit libérateur son opération de grâce, il envahit nos maisons, l’esprit de l’Homme se désorganisant et créant des maladies. Il n’est qu’à voir la montée en puissance des perturbations psychiques de toutes sortes dans nos sociétés.
L’Hébreu prend avec l'aide de l’Esprit saint le chemin de ses profondeurs. Il va à la rencontre de ses ténèbres, de ses démons, qu’il devra pénétrer et éclairer afin de les dissoudre par l'amour et la compassion, et opérer le retournement. L’Égyptien, notre ego-mental, est confondu avec ses ténèbres : ses démons le possèdent, le meurtrissent, mais il ne les voit pas, projetant sur l’autre, l’Hébreu qu’il accuse, la source de ses souffrances.
La peste (la mortalité du bétail)
Les animaux intérieurs, ses "âmes vivantes", font de l’Homme inconscient leur jouet lorsqu’ils ne sont pas dominés. Ce sont :
– Le cheval, symbole de la libido ;
– L’âne, celui de la qualité d’écoute et d’obéissance, et donc de la servitude ou de la libération ;
– Le chameau, celui de la marche dans le désert et du passage des portes ;
– Le gros bétail, lié à la triade "jouissance-possession-puissance" ;
– Le menu bétail, "poussière" des dons intérieurs qui en eux-mêmes ont puissance de verticalisation, mais qui, non travaillés, font la nourriture du serpent de la Genèse.
Non reconnus, ils font le lit de la peste.
Toute chose n’a d’être que dans sa relation à l’essence première. L’absence de conscience du sacré, du divin, conduit à la peste des idées, des mots, des concepts vidés de leur substance. Nous sommes esclaves de notre déshumanisation, de notre tendance à tout chosifier, à commencer par l’Homme lui-même. Le regard que porte chacun sur lui-même et sur l’autre est un regard qui n’a plus d’âme, tout à juger par les filtres de l’ego-mental. L’Homme n’est que "brique", il n’a de valeur que marchande. La terre et le cosmos entier, radicalement asservis, épuisés, chimiquement reconstitués mais détruits dans leur "âme vivante", deviennent stériles.
Si notre relation à la terre, aux plantes, à tous les éléments du cosmos n’est pas consciente de leur dimension divine et de notre unité, si nous n’écoutons chanter en chacun d’eux l’ange qui les porte et qui résonne dans un cœur à cœur avec notre cosmos intime, nous créons la peste, qui nous emporte dans sa pestilence morbide.
La lèpre (les ulcères)
L’épée intérieure des enfants d’Israël, le Nom accolé à la nouvelle Terre, a pour objet la putréfaction de l’ego-mental. Elle va exterminer ceux que symbolisent les Égyptiens, qui ne vivent pas la puissance du mariage, des noces d’union de ce qui était séparé en soi jusqu’alors.
La poussière de suie jetée aux yeux de Pharaon par Moïse et Aaron est l’illusion de la toute-puissance du "Moi" égotique, qui refuse de mourir dans la matrice feu, afin d’y être réduit en poussière pour renaître dans une plus grande dimension d’être.
La lèpre qui se répand sur les hommes et sur le bétail, qui fait éruption en "pustules" ou en "boursouflures", est l’enflure du moi narcissique dominant, allant jusqu’à la paranoïa la plus tragique. Des leaders institutionnels aux quidams de la toile numérique, la mediasphère attire et consume dans sa fournaise électrisée la célébration écervelée du paraitre dévoyé.
La grêle
Un bouleversement radical se joue dans toute situation de changement de conscience préalable au renouveau. Elle passe par une "mort intérieure" du champ de conscience, ou plutôt d’inconscience, préalablement établi, pour qu’émerge un autre champ, la "terre nouvelle". C’est une sorte de tremblement de terre intérieur qui saisit tout être qui se laisse empoigner par le dynamisme de son accomplissement, une destruction de ce qui était, qui ne disparaît qu’après avoir été intégré pour que surgisse une lumière plus grande, une terre plus haute, un champ de conscience plus éveillé encore.
Les terres intérieures des Hébreux, terres accomplies en l’état au regard de cieux inaccomplis, sont bouleversées pour permettre au nouveau champ de conscience de surgir. Les terres des Égyptiens, extérieures celles-là puisque aucune conscience n’a encore émergé en eux, sont détruites par la grêle.
Ce préalable indispensable à toute mutation de la conscience humaine permet de comprendre le champ de grêle drue qui s’abat depuis quelque temps, et de manière accélérée, dans notre civilisation.
Les sauterelles
Une augmentation, une croissance est en train de se vivre "à la verticale" chez les Hébreux, alors qu’elle s’exprime dans un envahissement "à l’horizontale" ou à une illusion de verticalité chez les Égyptiens, eux qui n’ont pas donné ouverture à l’appel du Verbe créateur.
Des épreuves intérieures sont en cours chez les Hébreux pour les faire accoucher d’eux-mêmes dans l’axe du saint Nom. Pendant ce temps, chez les Égyptiens, ces mêmes énergies, qui elles aussi ont vocation d’enfantement mais sans fenêtre ouverte vers les plans supérieurs de l’être, conduisent à des proliférations gigantesques vers de fausses fenêtres, soit l’invasion des sauterelles. La sauterelle est l’envahisseuse, le démon, le faux nez, qui fait accoucher à de fausses lumières, lesquelles cachent la vraie lumière.
Nul ne peut être épousé du Père s’il n’a tout d’abord épousé la Mère, notre inconscient intérieur. La sauterelle éblouit l’homme et l’empêche de voir cette vérité. Elle décime l’âme de l’Égyptien, l’ego-mental, tandis que par l’ouverture de nouvelles "fenêtres", l’Hébreu conquiert une nouvelle conscience, libératrice.
Les sauterelles qui pullulent dans notre vécu civilisationnel, fruits d’une folle course au progrès permanent, alliance des axiomes croissance et technologie, finissent par ravager notre champ de conscience de leur avidité prédatrice.
Les ténèbres
Pour l’achèvement ultime de son travail, l’Homme doit descendre une dernière fois dans de plus sombres ténèbres. C’est la neuvième épreuve. Le nombre neuf est symbole d’accomplissement. Il est le nombre de la plénitude, de la maturité.
Les ténèbres sont l’émergence de l’abîme, et l’abîme sépare radicalement l’Incréé du créé, l’Absolu de ses créatures. Nul(le) ne peut naître au "fils" divin qu’il porte en lui s’il ne fait l’expérience des ténèbres qui montent de l’abîme. La neuvième plaie d’Égypte plonge les Hébreux dans des ténèbres intérieures au sein desquelles un ultime mûrissement les fait passer d’un niveau d’eux-mêmes à un autre qui les rendra aptes à leur renaissance.
Les ténèbres font que personne ne reconnaît l’autre comme frère, que personne ne voit qu’en l’abattant il s’abat lui-même. Personne ne reconnaît en l’autre l’image de ce "frère" intérieur avec lequel seul il pourra se construire, se "verticaliser".
Accepter de ne plus rien connaître, de ne plus rien comprendre, de n’avoir plus aucune sécurisation, accepter l’inacceptable, là est le chemin de lumière. Ce n’est pas par le "tâtonnement" de l’Égyptien, mais par l’expérience du "Toucher du Nom" de l’Hébreu, celle qui va amener la lumière.
A l’heure du sentiment croissant dans notre civilisation de ce manque sécuritaire, ceci nous questionne quant aux ténèbres actuelles qui se sont abattues sur notre vécu sociétal.
La mort des fils aînés et des animaux premiers-nés
Parce que l’Égyptien n’a pas mis au monde un fils intérieur, son fils extérieur meurt. Les premiers-nés des animaux auxquels il est identifié, puisqu’il n’est pas entré dans une dimension d’Homme, meurent avec son propre fils.
Nos enfants, nos héritiers générationnels, meurent de ce que nous n’accouchons pas à l’intérieur de nous-mêmes, à savoir un "fils" nouveau, premier-né d’abord, qui, de morts en naissances successives, au-dedans de nous, construit la totalité de nous-mêmes, notre Nom divin.
L’Hébreu quittant l’Égypte pour aller vers la "terre promise", terre essentiellement intérieure, celle du Nom symbolisée par Jérusalem, va vers le Père. Il ne pourra faire ce chemin sans retourner vers la Mère intérieure, non pas dans une régression infantilisante, mais dans une acquisition de tous ses dons constitutifs de la conscience, dans le souffle de l’Esprit saint. Les dix plaies ont été pour lui comme une préparation à cette conquête de la conscience, une préparation initiatique suffisamment forte non seulement pour lui faire connaître le chemin qu’il a encore à parcourir, mais encore pour le faire naître à un autre niveau de lui-même le rendant "fils nouveau".
La circoncision ou coupure du prépuce du sexe mâle est symboliquement celle des ténèbres qui recouvrent la lumière, le sexe étant lui-même symbole de lumière, c’est-à-dire du Verbe que l’Homme est appelé à devenir. En retour, il lui est promis la fécondité. Dans le premier temps de sa vie, l’Homme est procréateur par le sexe ; dans la deuxième partie de sa vie, il devient créateur par le Verbe
Marie, représentante du féminin intérieur, brisera l’Homme engagé en elle pour qu’il quitte son Égypte intérieure et qu’à travers ses dix plaies, il devienne Lui.
Ce mythe puissant nous interpelle quand nous le mettons en perspective de notre vécu actuel. Il avait été livré dans les anciennes Écritures dans l’état de conscience d’alors, afin d’accompagner l’évolution de l’être humain vers son individuation. Elle a pris plusieurs siècles, plus de deux millénaires. Nous arrivons dans le grand mouvement cyclique de l’Histoire à une nouvelle étape.
Si nous savons que l’histoire se termine bien, par l’arrivée en terre promise, elle n’économise nullement cette initiation inévitablement douloureuse et chaotique. Toute transformation requiert l’abandon de sa précédente tunique. Quand les illusions sont tenaces, le lâcher-prise est d’autant plus douloureux.
La stèle de la famine
Il s’agit d’une inscription écrite en hiéroglyphes égyptiens sur un bloc de granit de 2,5 m de haut et de 3 m de large situé sur l’île de Sehel, près d’Assouan, en Égypte.
La stèle raconte l’histoire de sept années de sécheresse et de famine sous le règne du pharaon Djéser de la IIIe dynastie. (2686-2613 AV. J.-C.). On pense que la
stèle a été inscrite sous le règne ptolémaïque par le roi Ptolémée V (205-180 av. J.-C.).
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ubaTaeCJ (samedi, 01 octobre 2022 22:22)
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0"XOR(if(now()=sysdate(),sleep(15),0))XOR"Z
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