Les publications en ligne font l'objet de constantes mises à jour et nouveaux enrichissements. Il va de soi qu'elles n'engagent que leur auteur dans le choix des sources et le fruit de ses imagination et réflexion.

 

 

Le nouvel ADN sociétal

 

Nous assistons depuis plusieurs années à la lente agonie, dans la douleur, d’un système qui se fissure et craque de toute part. Le système du capitalisme financier est en grande difficulté, voyant les mouvements contestataires se manifester et se multiplier, déniant aux "élites" en place leur légitimité dans l’exercice ressenti et constaté de leur mandat, et refusant de payer le prix de "leur" crise.

Si nous en sommes arrivés là, les causes se nomment avidité et rapacité, idéologie mondialiste socialiste, manque de bon sens et de pragmatisme, le tout assorti d'une communication orwellienne où les mots utilisés par des individus parasites formatés et appartenant aux mêmes coteries fermées font penser l’inverse de ce qui est réellement. Ce sont des décennies de transfert au nom du libéralisme progressiste de ce qui était dans le monde occidental, tout particulièrement en France, une bonne gestion des communs (santé, transports, routes, école) vers le business privé. Autrement dit, des décennies de recherche effrénée de bénéfices, non modérée, et de transfert de richesses vers la finance spéculative.

Sur le plan international, l’Occident a certes initié des changements mondiaux depuis le 19è siècle conduisant à sa prospérité, mais en modelant pour ce faire le monde à son image et sans se soucier d'une équitable clé de répartitions des richesses, faisant preuve si nécessaire d'abus de pouvoir à coup de bombes et de renversements des pouvoirs notamment en Afrique, Asie, et Moyen Orient. Mais le rééquilibrage en cours passe par la remise en cause de l'hégémonie du dieu dollar, elle-même expliquant pour partie la dégénérescence du système financier, la soi-disant démocratie des États occidentaux ne pouvant plus faire quant à elle figure de modèle tant elle a affiché ses incessants mensonges et turpitudes à l'instar de la crise sanitaire Covid-19.
Il en découle sur le plan national une lente mais inévitable paupérisation des masses génératrice de dislocations sociales et politiques, qui se traduisent par les troubles sociaux, l'ambiance détestable, l'agressivité généralisée, le mal à vivre et le mal être, les colères, insatisfactions et révoltes, alors même que jamais les progrès des techniques et des savoir-faire n'ont été aussi importants et rapides. Si l'actif du monde n'a jamais été aussi grand, son passif est conséquent.

 

L'agonie du système établi

Le passif du système est totalement dysfonctionnel. Il se compose de trop de dettes, de trop de promesses, de trop de capital fictif, de trop de droits, y compris à retraite, etc. On a promis tout et n’importe quoi, et on a accéléré ! C'est pourquoi ce passif est colossal, tordu, bancal, et inadapté. Il demande trop de profit, trop de surproduit, trop de cashflow, et comme il va croissant, ces tensions et antagonismes ne peuvent que croître comme elles le font depuis les années 80.

Le monde du capitalisme financier a atteint ses limites, et ceci se voit désormais dans un ordre social qui devient peu à peu désordre en raison de sa rigidité par les droits et avantages acquis de certains au détriment d'autres. Ayant besoin en plus en plus de béquilles, il risque de s ‘effondrer, ne se prolongeant que par un recours colossal à l’endettement qui prouve que les revenus gagnés par la production ne suffisent plus à faire tourner le système harmonieusement. Comme le système n’est plus capable d’assurer l’ascenseur social, la promotion du niveau de vie des populations et d’entretenir le consensus, il est obligé de recourir à la création de fausse monnaie en accéléré à la fois pour stabiliser la pyramide de dettes et pour assurer les dépenses des gouvernements. Il est obligé de s’armer vis-à-vis de l’extérieur pour assurer son impérialisme, et de militariser la police à l’intérieur afin de mater les foules dites populistes.

Comme la plupart des gouvernements sont devenus illégitimes, on s’éloigne des objectifs démocratiques, avec des taux d’approbation dérisoires et l’obligation de recourir à la violence sociale pour durer et imposer des gouvernances iniques. Elles génèrent des coûts colossaux : coûts de police, d’armement, de future conscription, de propagande, et de la grande propagande névrotique sur la transition climatique. Cela ne peut qu'être explosif, dans la mesure où pour contenir les tensions, il va falloir évoluer vers des systèmes encore plus répressifs, plus mensongers, plus directifs, plus tyranniques, plus autoritaires et plus destructeurs des valeurs anciennes.

 

En dépit des soubresauts désespérés et des efforts de résistance de ses promoteurs et laudateurs, la perte de crédibilité du système établi est telle qu’elle conduit à la mise en œuvre irréversible du changement sociétal profond en cours. Ce changement, c’est celui d’une culture occidentale construite autour du savoir collectif enseigné (prégnance du mental), du rationalisme scientifique, de la loi des marchés économiques. C'est le changement, espéré en tout cas par beaucoup, d'un paradigme économique, politique, social et culturel, le système "industriel" néoclassique et son corollaire financier dans lequel nous vivions jusqu’alors, pour l’émergence d’un nouveau système conjuguant Connaissance et Conscience, celles-ci étant étroitement interreliées.

 

Un monde en pleine bascule

Parmi les tornades qui s’apprêtent à s’abattre sur notre économie en 2023, figurent en tête à court terme la baisse des prix des actifs et la probabilité d’une dépression mondiale similaire à celle que le monde a connu en 1930. Sur une perspective plus lointaine, dans plus de dix ans, les divers risques majeurs sont tous liés au changement climatique. Les politiques au pouvoir pensant que l’activité humaine détruit la planète, leur foi quasi religieuse est mise dans l’énergie "verte", un peu comme le désastre du Grand bond en avant en Chine qui a causé la mort de 50 millions de personnes. Car il reste beaucoup d’inconnues, notamment en termes de coûts.

Le risque en réalité n’est pas une catastrophe climatique, mais un désastre politique. Car il n’y a pas une politique publique ambitieuse et coûteuse qui n’a pas viré à la catastrophe, que ce soient les croisades et l’Inquisition, les tranchées de la Première Guerre mondiale ou les jungles du Vietnam. Toutes ont tourné à la catastrophe.

La réalité, simple et implacable, est que les combustibles fossiles coûtent moins cher que les énergies vertes. Ils existent déjà et sont prêts à l’emploi. Et surtout, ils sont fiables : ils produisent de l’énergie en l’absence de soleil ou de vent. Or remplacer les combustibles fossiles par des énergies propres, même graduellement, entraînera à coup sûr ou presque une baisse de notre niveau de vie occidental, qui dépend de l’énergie aux prix actuels. Le monde développé est assis sur un matelas de richesses que l’on doit à l’utilisation des énergies traditionnelles.

Dans un contexte marqué par une baisse des marchés, par des guerres et par d’autres calamités, faire basculer le monde vers des énergies coûteuses et non éprouvées est risqué. Sur les 8 milliards d’êtres humains que compte la population mondiale, certains pourraient en payer le prix fort !

 

Le mot paradigme vient du grec paradeigma, qui signifie "modèle" ou "exemple". Il désigne en épistémologie un modèle cohérent s'appuyant sur une base théorique définie, une représentation du monde qui repose sur un courant de pensée dominant. Il n'est cité que si l'on veut en sortir, et vite. Et pour ce faire, il faut prendre en compte la complexité, qui étymologiquement renvoie au terme latin complexus signifiant "ce qui est tissé ensemble". Dès lors, pour "penser complexe", il faut s’astreindre à un travail de tisserand en reliant les points de vue, les disciplines, les niveaux d’analyse.

On ne peut mettre le vin nouveau dans les mêmes outres. Ou un modèle social est adopté dans son intégralité, ou, s'il supporte des biais, en acceptant certaines conditions et en omettant les autres, il ne peut être opérationnel ! L’échec constaté du plan de relance sous perfusion du Traité sur l’Union européenne de Lisbonne entré en vigueur fin 2009 a démontré que vouloir apporter une réponse de nature industrielle à une économie changeant tous les jours de visage et profondément viciée dans ses fondements conduisait à l’impasse. Le post-industriel dans lequel nous sommes engagés ne peut être géré avec les mêmes outils, les mêmes méthodes, les mêmes visions et conceptions. Certes la peur profonde de perte d’identité nationale d’une grande partie des populations est un facteur sur lequel nombre de politiciens ont et continuent de jouer pour conserver leurs prébendes. Il n’est qu’à voir le résultat du référendum de la Grande Bretagne baptisé "Brexit"*, ayant conduit le Royaume-Uni à quitter officiellement l'Union européenne fin janvier 2000. Comment imaginer alors vaincre les réticences religieuses, les fanatismes idéologiques enracinés au plus profond de notre système neuronal, sans être pris de vertige ou de désespoir ? Comment surmonter les résistances chargées d'émotions aveuglantes et associées à des idéologies acquises dès l'enfance, face auxquelles n'importe quel argument pourtant logique suscite colère et haine incontrôlées ?

Pourtant, la création de l’identité mondiale est en cours, et il est illusoire d’imaginer le statu quo calé sur les vieux modèles comme le retour en arrière. Nul ni rien ne peut arrêter le mouvement de l’évolution de la conscience humaine, l’enjeu étant désormais la sauvegarde de notre bien commun, la planète.

Ce basculement en cours de civilisation, lié au changement d’outil de production, conduit et oblige à une nouvelle vision du monde. Le changement observé de courbe, d’échelle et de logique économique traduit le passage du local au global. Il marque également la fin d’un moteur, celui de la croissance quantitative propre à l’ère industrielle néoclassique, pour l’avènement d’une nouvelle énergie, la croissance qualitative propre à l’ère de la connaissance et des savoirs partagés. Il y a désormais urgence dans la nécessité à innover, non pas tant en culture "marché des affaires", mais en politique, au sens noble du terme, c'est-à-dire par les armes de la conviction.

* Cf. Le modèle européen décodé (2) L'idéologie mondialiste.

 

De l'élite médiévale aux élites modernes

Le grand tournant de l'histoire de la civilisation chrétienne est le passage du Moyen Age aux Temps dits modernes qui se fit du XIVe au XVIIe siècle, ouvrant avec le XVIIIe siècle la page de l'histoire contemporaine. Il voit l'établissement du processus du remplacement de l'ancienne élite médiévale par l'élite moderne.

L'homme d'élite du Moyen Age était le chevalier. La chevalerie forma la noblesse, la classe dirigeante de cette époque où l'argent ne détenait pas encore les rênes de la vie publique et privée : être noble, signifiait être désintéressé. Le noble était alors caractérisé par sa force physique, musculaire. Il devait être capable de porter l'armure, de manier de lourdes lances et épées. Les déviations et les abus mis à part, le chevalier, que sa vigueur et la puissance de ses armes faisaient maître de son entourage, obéissait à son tour aux ordres de l’Église. Il devait être le défenseur des faibles et des opprimés et le régulateur de la vie publique, fondée sur le travail de la paysannerie et de l'artisanat. Du point de vue intellectuel, le chevalier-type du haut Moyen Age ne brillait pas. Souvent, les grands seigneurs ne savaient ni lire ni écrire. Les tournois d'alors, qui rappellent les matches des sports collectifs modernes, servaient d'examen de capacité pour les gens d'élite. Ils se donnaient aux cours des souverains

et sous les yeux des dames. Le peuple ne s'y intéressait pas beaucoup.

Avec la Renaissance qui sécularisa les esprits, l'idéal médiéval du chevalier pâlit, puis devint l'objet des moqueries de l'élite en formation. La force grandissante de l'intellect prit la place de la force physique pour l'établissement de la hiérarchie sociale. Sûr de lui, de sa supériorité

par rapport au type psychique précédent, l'homme de l'époque nouvelle ouvrit d'autres secteurs aux activités humaines. L'exploration de la Nature, les calculs de toutes sortes, l'appréciation du profit et du gain, autrefois méprisés, enfin la notion nouvelle du confort et d'un luxe dépassant celui de l'Orient firent partie des catégories sur lesquelles se basa désormais l'échelle des valeurs. Et l'argent, dont la manipulation avait été interdite au chevalier par les préceptes de saint Thomas d'Aquin au nom des principes religieux, devint insensiblement le but principal de l'activité de l'élite. L'homme nouveau s'est appliqué à défendre son propre intérêt avant de défendre la cause commune, ce qui était le devoir sacré

de la chevalerie.

Le rationalisme naquit. Et comme l'intelligence, de par sa nature, est agnostique, la Religion, auparavant force suprême, céda la place à la Science.

La victoire de celle-ci ne fut pas des plus faciles. Dans une compétition qui dura des siècles, la Religion chercha à défendre la prééminence de ses positions. Seulement, et cela lui fut fatal, elle le fit par des moyens dépassés, c'est-à-dire en ayant recours à la force matérielle : à l'épée du chevalier, dont l'efficacité faiblissait du fait de l'apparition des armes à feu, elle associa le feu de l'Inquisition. Elle sapa ainsi la base même de sa raison d'être. Cette contradiction interne provoqua la révolte de la raison qui se traduisit par la Réforme. Le rationalisme prévalut dans tous les domaines. Dans la société nouvelle, Voltaire au lieu d'être brûlé comme Giordano Bruno deux siècles auparavant (1600) fut porté au sommet des

honneurs. Les Universités et les collèges, créés jadis sous l'égide de l’Église, devinrent les citadelles de la science laïque et de la pensée libérale.

C'est avant tout par sa capacité de calculer et d'apprécier les valeurs matérielles que la nouvelle élite assura la victoire de l'intellectualisme sur les forces anciennes. Ses conceptions, qu'elle inscrivit dans l'Encyclopédie, poussaient fatalement le monde nouveau vers la Révolution : la grande bourgeoisie et les intellectuels y prirent la place de la noblesse. C'était la consécration du long processus de formation d'une élite nouvelle.

Parvenu au pouvoir, l'homme explorateur et calculateur dirigea alors l'essentiel des activités de l'Occident vers la Révolution industrielle, appelée une fois encore à modifier la face du monde. Mais la science qui, depuis lors, a produit des merveilles dans le domaine des moyens, n'a toutefois pas indiqué les procédés pratiques qui permettraient de contrôler ces moyens. Elle promet le luxe gratuit, mais elle n'a pas instauré, ni même esquissé, l'organisation nouvelle d'une société où les hommes seraient libérés de la servitude de gagner leur pain à la sueur de leur front.

L'homme de science, l'intellectuel, a créé la machine. Mais la machine est aujourd'hui une force dont il n'est plus le maître. Et la classe dirigeante d'hier se voit dépassée, incapable d'assumer la responsabilité du pouvoir dans le monde à venir. Ainsi la logique de l'Histoire impose la formation d'une nouvelle élite dirigeante. Mais cette fois, la foudre des guerres mondiales, le feu et les flammes d'Hiroshima et de Nagasaki sont aux mains des hommes.

Extrait de Gnosis, de l'historien russe Boris Mouravieff.

 

L'idéologie néolibérale

Le terme de l'idéologie économique qu'est le néolibéralisme renvoie aux prescriptions politiques de la "mondialisation du capital", autrement nommée globalisation, en opposition à la "mondialisation structurelle" qui caractérise la progression historique de l’intégration mondiale économique et sociétale sans s'opposer frontalement au maintien de la souveraineté des États-Nations. Ce processus, qui est en marche depuis des siècles sinon des millénaires, a précédé l’apparition du capitalisme et sa prédominance financière. À l’inverse, la mondialisation idéologique traduit la combinaison de prescriptions politiques mises en avant au XX° siècle autour de 1980, au service d'intérêts financiers corporatistes sinon particuliers, avec comme alibi d'être la conséquence nécessaire d’un progrès majeur de la mondialisation structurelle.

Il s’agit de ce fait de deux doctrines distinctes quoique liées, s'étant traduites au plan national par la liquidation du New Deal aux États-Unis et de l’État providence en Europe occidentale, et, au plan international, la liquidation des États tournés vers le développement dans le Tiers (et Second)-Monde. Ainsi compris, le néolibéralisme est une variante de doctrines favorables au capital, celles-ci tendant à devenir dominantes dans les phases financières d’expansion du capitalisme* grâce à un environnement favorisant l’accumulation du capital par le biais du prêt, de l’emprunt et de la spéculation financière, plutôt que par l’investissement dans le commerce et la production. L’un de ses traits majeurs est la place dominante acquise par la finance au sens capital de placement, qui se valorise en extériorité à la production sans sortir de la sphère des marchés de titres (obligations et actions) en captant la valeur et la plus-value. Ses formes organisationnelles majeures sont les fonds de pension et de placement collectif (les plus connus sont Vanguard, BlackRock et State Street Global Advisor, surnommés The Big Three au regard du montant collecté auprès d’un nombre vaste et varié d’investisseurs et d’épargnants, et utilisant cet "argent frais" pour acheter dans les différentes bourses de la planète et redistribuer les bénéfices).

Le néolibéralisme se fonde par conséquent sur la croyance que les principes du marché libre et compétitif conduisent à l’ordre économique le plus efficient et rationnel. Il prône l’amenuisement des divers rôles de l’État par le biais de la privatisation des entreprises et des coupes opérées dans les politiques de protection sociale, et s’en prend aux syndicats comme entraves à la liberté des affaires. Il s'appuie sur nombre de changements opérés par les nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC), qui ont contribué à la revitalisation de l’économie capitaliste en particulier dans le domaine financier. Comme résultante, les politiques néo-libérales ont mis fin, totalement ou partiellement selon les pays, aux limites posées à l’exploitation des prolétaires (terme générique désignant ceux qui ne peuvent pas subsister s’ils ne parviennent pas à vendre leur force de travail) par le capital, et au cloisonnement du marché mondial par la protection douanière, le contrôle sur l’investissement direct à l’étranger (IDE) et les mouvements de capitaux de placement qui existaient depuis les années 1930.

Il en a découlé un projet d’accumulation des classes dominantes - restauration du pouvoir de classe - et une tentative de soumettre les opprimés par le relais de régimes politiques autoritaires, synonyme d'impérialisme pour ne pas dire de totalitarisme, dont les grands traits caractéristiques contemporains sont le transfert des ressources depuis les pays de la périphérie vers les capitalistes du centre - centralisation du capital -, la recolonisation politique - polarisation de la richesse - et l’intervention militaire des grandes puissances. Autrement dit, il a instauré la domination d’oligarchies tournées exclusivement vers leur enrichissement et la reproduction de leur domination, tant dans les pays capitalistes centraux du "Nord" que dans des secteurs précis du "Sud" (banque et services financiers, agro-industrie, mines et métaux de base), à l'instar du Parti communiste chinois. Ses mécanismes d’exploitation et de destruction des êtres humains et de la nature ont inéluctablement contribué à élargir les écarts entre les classes et entre le centre et la périphérie, et augmenté l’instabilité et les difficultés de la vie économique des individus.

Le leadership de cette idéologie est incarnée par les États-Unis, qui en a fait une arme dans son mouvement visant à établir hégémonie et domination globale par l’investissement direct à l’étranger (IDE) de sociétés transnationales (tels les géants que sont les GAFAM), et grâce à sa main-mise sur les institutions internationales telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Les élites locales, du Mexique et du Chili jusqu’à la Chine et la Russie, sont entrées à leur tour dans le néolibéralisme, souvent avec l’aide des États-Unis, en en faisant un moyen de consolider leur pouvoir de classe.

Expression extrême des tendances inhérentes au capitalisme, dont la conjoncture politique actuelle a permis la mise en œuvre, l'alternative idéologique est le socialisme (ses auteurs historiques sont entre autres Karl Marx, Rosa Luxembourg et Rudolf Hilferding), non celui mis en œuvre par la première vague historique de remises en cause du capitalisme et qui a été dévoyé par sa récupération, mais par celui qui reste à inventer pour mettre en déroute le libéralisme impérialiste mondialisé et le projet états-unien de contrôle militaire de la planète.

* Le capitalisme depuis la fin du XIXe siècle visait la régulation du libre marché concurrentiel dans trois domaines : la formation du capital monopoliste, la croissance des syndicats, et l’intervention croissante de l’État dont les formes successives ont été l’impérialisme, sa stabilisation dans le système du monde de la guerre froide, le keynésianisme et l’État providence.

 

L'illusion économique

L’économie n’est rien dans l’Histoire. Elle n’est que de l’intendance, du "matériel". Elle repose sur des modèles, qui ne sont qu’une version simplifiée (et donc différente) de la réalité. Un modèle théorique n’est pas la réalité et ses hypothèses ne sont pas réelles, mais en s’appuyant sur des hypothèses simplifiées, il facilite l’analyse de la réalité. Un modèle n’est en fait qu’un outil.

L’Histoire, elle, est transcendante et les symboles, transportent, mobilisent, ou divisent et parfois tuent. Les générations actuelles qui peuplent notre pays, héritières de la soi-disant Révolution des Lumières amorcée au XVII° siècle, portent une bien lourde responsabilité sur l’état de ruine fumante dans lequel se trouve notre nation toute entière, ses caractéristiques se nommant orgueil, arrogance, "scientisme", "modernisme" et "progressisme"*. Ces générations constituent un singulier et saumâtre composé de nihilistes, d’individualistes, de consommateurs et de technophiles addicto-compulsifs de tablettes, smartphones et consoles de jeux, cachant leur médiocrité existentielle dans la condescendance du politiquement correct étouffant. Les pertes de savoir-faire "artisanal" sont multiples et généralisées, des tailleurs de pierre aux constructeurs de centrales et turbines nucléaires. Nous sommes ainsi devenus incapables de prendre soin de ce que nous avons reçu en héritage. De bâtisseurs, nous sommes devenus prédateurs, pilleurs et fossoyeurs, de l’environnement à notre patrimoine, de notre culture à notre langue, de nos institutions à nos écoles...

Ce grand saccage est celui de nations vendues par les riches élites institutionnelles qui gouvernent, sur le devant de la scène ou dans l'ombre, et que tentent de sauver de manière illusionnée des gueux rudement oppressés. Car pour réparer et (re)construire, encore faut-il des savoir-faire, des connaissances, des compétences ! La réalité est qu'en dessous d’une certaine perte de savoir, comme la maîtrise de la langue, il est trop tard. La perte est irrémédiable, puisqu'il est impossible de pouvoir former en nombre suffisant, faute de professeurs, d’enseignants, de maîtres. Nous sommes parvenus désormais exactement à ce point de bascule de la déliquescence totale, qui voit être érigé après l'inévitable chaos - le collapse - un Nouvel Ordre mondial au sein d'un grand ensemble européen, mondialiste, sans aucun sens, composé de crétins décérébrés simples consommateurs sans cervelle*². C'est le clou final à venir de la cyclicité entropique de notre actuelle civilisation humaine, qui une fois encore, faute d'avoir privilégié la construction de son temple intérieur sacré, a privilégié par vanité la construction d'une nouvelle Tour de Babel appelée à se terminer en drames et en cendres.

* Cf. Évolution de civilisation (3) Mythe de la modernité, risques et lois d'évolution universelle.

Cf. Le modèle européen décodé (2) L'idéologie mondialiste & Conscience du XXI° siècle.

 

L'évolution de l'organisation du travail - Cliquer pour agrandir
L'évolution de l'organisation du travail - Cliquer pour agrandir

 

La révolution robotique s’accélère rapidement, alors que les progrès technologiques rapides de l’automatisation, de l’ingénierie, du stockage d’énergie, de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage machine convergent. Après l'industrialisation et l'automatisation, l’emploi est désormais menacé par les robots, dont les capacités dans certaines situations peuvent largement dépasser celles des humains, même les meilleurs, en les concurrençant sur leurs fonctions cognitives* ! Il est dès lors facile d'imaginer que c’est une solution très intéressante pour les entreprises, non pour les salariés.*²

Si le coût d’acquisition est encore élevé, il ne fait aucun doute qu’il puisse baisser rapidement, et, compte-tenu des frais d’entretien et de maintenance bien réels, les économies sont là. En effet, pas de charges sociales, ni de pauses, de grèves, de salaires, de primes, de problèmes d’humeur ou de réveil et d’arrêts maladie... Plus de contrat non plus, hors celui de la maintenance. En résumé un employé modèle 7j/7 et 24h/24, à l'image de ce qu’a déjà déployé Walmart, la célèbre enseigne de grande distribution américaine avec des robots aux caisses, d'autres pour gérer les stocks et mettre en rayon et assurer le nettoyage des magasins en présence des clients. La France quant à elle s'y met, l’hypermarché Géant de Vals-près-le-Puy (Haute-Loire) ayant été ouvert fin 2019 en libre-service, sans caissière ni hôtesse, mais avec tout de même 36 vigiles… Ce sont inéluctablement des milliers d’emplois qui vont partir en fumée, d'autant plus dans les petites villes de province où les hypermarchés et autres grandes surfaces représentent souvent des centaines d’emplois, faisant de ces entreprises les plus gros employeurs locaux.

Comble de l'absurde, pour éviter les crises sociales et les foudres des syndicats, l'entreprise va former le personnel… à l’entretien des machines, celles qui piquent leur job !

* Les IA (Intelligence Artificielle) des banques et des assurances prennent désormais de plus en plus les décisions en lieu et place des humains.

On se rappellera à cet effet de l'histoire de Ned Ludd, ouvrier dans l'industrie textile en 1780, en Angleterre. Extrêmement remonté, la Première Révolution industrielle le rend fou de rage, pensant qu'avec ces nouvelles machines les ouvriers vont tous finir à la rue. Il détruisit deux métiers à tisser dans un accès de colère, rentrant dans l’histoire. Car quelques années plus tard, entre 1811 et 1812, de nombreux ouvriers, craignant de se faire remplacer par des machines, reprirent son geste en détruisant des centaines de machines. Le conflit des "luddites" fut particulièrement violent : pour protéger les machines de la colère des ouvriers, le gouvernement anglais alla jusqu’à envoyer l’armée !

 

De la révolution robotique humanoïde

Avant et après. La date de rupture c’est globalement le nouveau siècle. L’an 2000, qui amorce le changement fondamental des usages, des comportements et des modes de fonctionnement, Internet n’étant qu’un outil ayant permis l’émergence de nouvelles entreprises, organisées et travaillant de façon totalement différente. Toutes les technologies de rupture - industrialisation, automatisation - mettant du temps à produire leurs effets, les années à venir vont désormais voir l'accélération de la "révolution robotique humanoïde", soit le transfert progressif des capacités humaines dans la machine. Banque ou compagnie d'assurance, pharmacie, boutique, magasin ... tous ont un concurrent sur Internet qui fait leur métier beaucoup mieux, pour beaucoup moins cher, avec beaucoup plus de stocks, etc. Et bien sûr, c'est d'abord dans l'industrie - et tout particulièrement celles qui réalisent des formes métalliques complexes (secteurs du moulage et des matrices) - le nombre de robots dans l’industrie fait référence, la "densité de robotisation" étant en constante progression*. Ainsi le nombre de robots utilisés dans le monde a triplé au cours des deux dernières décennies, pour atteindre 2,25 millions, les commandes annuelles de robots provenant de secteurs non automobiles ayant pour la première fois dépassé les commandes de robots automobiles au quatrième trimestre 2020. Les tendances suggèrent que le stock mondial de robots se multipliera encore plus rapidement au cours des 20 prochaines années, atteignant jusqu’à 20 millions en 2030, dont 14 millions en Chine seulement. Les implications sont immenses et les défis émergents pour les décideurs politiques sont tout aussi redoutables en termes d’échelle, notamment en Europe qui se trouve en concurrence avec des pays comme la Chine et le Brésil et se trouve désavantagée au niveau des activités à forte intensité de main d’œuvre en raison des disparités salariales. La montée en puissance des robots va stimuler la productivité et la croissance économique (c'est ainsi que la société InVia Robotics propose une plate-forme de robots en tant que service capable de multiplier par 5 à 10 la productivité des entrepôts d’expédition et de réception), menant à la création de nouveaux emplois dans des industries qui n’existent pas encore. Mais les modèles d’entreprises existants dans de nombreux secteurs seront sérieusement perturbés et des millions d’emplois existants seront perdus.

Comme dans un contexte de concurrence mondiale les salaires, revendications sociales, congés, maladie coûtent chers et sont pour la productivité et le management une vraie "plaie"… cette incontournable automatisation on line va en effet entraîner derechef la perte de millions d'emplois qui ne pourront être compensés (près de deux millions d’emplois dans les entrepôts ont déjà été perdus au profit des robots selon un rapport d’Oxford Economics, et 20 millions supplémentaires sont menacés au cours des prochaines années), quoi qu'en disent les relais inféodés aux monarques régnant, touchant presque tous les corps de métiers, et tout particulièrement les emplois les moins rémunérés (emballage, expéditions, nettoyage, gestion des stocks,...), les "petits boulots" (c'est ainsi que des start-up sont en train de mettre des robots pizzaiolo en service pouvant confectionner jusqu’à 100 pizzas à l’heure sans se tromper, ou des robots pour faire la vaisselle). Si d'aucuns parient sur les nouveaux métiers du web, ils resteront marginaux. Quant aux relocalisations espérées, elles seront limitées en termes d'emploi par l’automatisation permettant au coût de la main d’œuvre de devenir marginal et par la diminution des chaînes logistiques. Le chômage va de ce fait considérablement augmenter dans tous les pays occidentaux*². Si c’est une bonne chose pour les "balances commerciales", la précarisation entraînera une diminution des dépenses de consommation courantes et des tensions sociales à haut risque. Ce n’est pas la fin du monde, mais la fin d’un monde, qui ne reviendra plus. Il pose la question de l'employabilité et de la résilience professionnelle d'un très grand nombre d'individus, et de la stabilité de la cohésion des peuples.

* La Corée du Sud est en tête avec un chiffre de 631 robots pour 10.000 emplois, la moyenne mondiale étant de 74 (les États-Unis se situent à 189, la Chine à 68, l’Allemagne à 309, Singapour à à 488, la France à 132 occupant la 18ème place). Plus de la moitié des robots industriels proviennent du Japon, principal fabricant avec 153 000 unités en 2016.

Estimation par l'OCDE de la perte de 66 millions d’emplois d’ici 2030, soit 14 % des emplois des trente cinq États membres de l’OCDE. De son côté, Oxford Economics dans sa dernière étude de juin 2019 établit la suppression de 20 millions de postes dans l’industrie. Le "précariat" a de très beaux jours devant lui.

 

 

Bilan de l'OCDE en 2019 : plus de 16% des emplois détruits par la robotique !

L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) a publié en avril comme chaque année ses chiffres et son rapport sur l’emploi. Concernant la robotique, 16,4% (c’est précis) des emplois actuels seront remplacés par des robots d’ici les 15 à 20 ans à venir, 32,8% étant  amenés à un changement radical dans la même période. Même si une partie de ces destructions d’emplois seraient (au conditionnel) compensées par des emplois nouveaux, le rapport indique la nécessité urgente de former la population pour qu’elle s’adapte, "notamment les travailleurs les moins qualifiés, plus exposés aux risques de cette mutation". Ouvriers, opérateurs machines, travailleurs sur chaine, secrétariat* ... mais aussi opérateurs de centres d’appels, médecins, avocats, banquiers*², assureurs. Si leur formation pour accéder à un autre emploi après avoir acquis de nouvelles compétences est compréhensible sur le papier, il en est tout autrement dans la "vraie vie", une fois digérée l'acceptation de son remplacement par un robot ! Car si pour les chercheurs de l’OCDE la robotisation est "un processus de destruction créative", il en est tout autrement quant à son vécu d'humanité...

* L’assistant de Google, Duplex IA, fonctionne en tant "qu’assistant (IA) conversationnel", permettant de remplacer l’humain dans les prises de rendez-vous, et ce même depuis un smartphone.

 La plupart des banques sont engagées dans des plans de réduction d’effectifs, étant confrontées à la même digitalisation de leur métier et de leurs activités. Cette digitalisation s’accompagne logiquement d’une migration des clients vers les sites de banque en ligne pour les opérations quotidiennes et une réduction de la taille des réseaux d’agences physiques, ces dernières étant appelées à gérer "simplement" les problématiques patrimoniales complexes.

 

Au final, le "taux de participation à la main-d’œuvre" est revenu là où il était dans les années 1970, avant que les femmes ne partent travailler en masse. Et aujourd’hui, un homme sur huit en âge de travailler est au chômage. Quant aux chiffres de l’emploi pour l’année 2021, ils ont également révélé que ceux qui travaillent encore ne le font pas autant qu’auparavant, le chiffre correspondant au total des heures travaillées étant toujours inférieur au niveau de 2019. Sans oublier que la part des retraités au sein des personnes inactives, c’est-à-dire ne participant pas à la main-d’œuvre, ne cesse de grandir.

 

Réalité du monde entrepreneurial français 2024

L'économie française est en plein délabrement. Selon les derniers chiffres de l’association GSC qui répond au besoin de protection contre le chômage des indépendants et du cabinet de conseil Altares publié le 25 août, le premier semestre de 2024 a été marqué par une accélération de 20% des défaillances d’entreprises, après un record de 57 730 faillites en 2023, soit une augmentation de 35,8% par rapport à 2022. Il s'agit en l'occurrence de TPE et de PME, qui comptent de trois à vingt salariés. Les gérants de structures de moins de cinq salariés représentent près de neuf pertes d’emploi sur dix. Cela signifie que l’on peut redouter plus de 60 000 faillites fin 2024.

La crise de l’immobilier affecte tout particulièrement les professionnels de la construction, le total des inscriptions au chômage s’envolant à près de 40 000. Le commerce a perdu 6 450 dirigeants (+15%), celui du transport et de la logistique 1 300 (+30,5%), et celui du service aux entreprises plus de 3 700 (+18,2%). Les pertes d’emplois par ailleurs sont nombreuses dans l’hébergement, la restauration, le débit de boissons, avec un nombre de réservations décevant sur Paris et l’Ile-de-France durant les Jeux olympiques.

Presque un tiers des pertes d’emplois (32%) ont été enregistrées en Ile-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et les Hauts-de-France ayant été les régions les plus épargnées. Les prochains secteurs à basculer en récession en France seront la banque (chute prolongée de l’activité des prêts immobiliers et du crédit aux entreprises) et le secteur automobile (multiplication des périodes de chômage technique, notamment au sein du groupe Stellantis, lié à la mévente des véhicules électriques).

La France souffre donc d’une triple peine : l’austérité budgétaire qui se profile pour 2025 implique une réduction des dépenses de l’État, qui va se traduire par moins de commandes auprès des entreprises. La conjoncture en Europe reste de son côté plombée par le coût de l’énergie, des pans entiers de l’industrie tournant au ralenti avec comme premières victimes les sous-traitants.

 

Les métiers du "futur"

Le réseau professionnel social LinkedIn a ainsi dressé en décembre 2019 la liste de 15 métiers d’avenir en France : 1-Délégué à la protection des données 2-Ingénieur en intelligence artificielle 3-Agent immobilier 4-Customer Success Specialist ("responsable du succès client" en français, un nouveau métier autour de la fidélisation des clients) 5-Community Manager 6-Ingénieur en fiabilité de site (SRE) 7-Spécialiste en cybersécurité 8-Ingénieur DevOps 9-Ingénieur Data 10-Data scientist 11-Consultant Data 12-Responsable recrutement 13-Développeur Big Data 14-Recruteur IT 15-Analyste en capital investissement. Même si pour la plupart ils correspondent au "biais" LinkedIn, à savoir la surreprésentation de métiers à connotation technologique, ils illustrent l'orientation inéluctable de l'emploi.

 

L'hécatombe des start-ups innovantes

Après une période dorée, l’état de grâce des années post-pandémie, où les start-ups innovantes semblaient être la clé de tous les défis économiques et environnementaux dans un monde où la technologie était censée régler tous les problèmes de l’humanité, la réalité économique les rattrape en 2024. En effet, une activité économique n’est pas bénéfique sous prétexte qu’elle apporte une solution à un problème, mais parce qu'elle est désirable et plus performante que les solutions existantes.

Les cessations constatées, comme l’explosion en vol d’Ynsect, symbole de la French Tech qui promettait de produire des protéines à bas prix et à grand volumes en se basant sur l’élevage d’insectes (la demande en farine d’insectes n’a jamais décollé), ou l'annonce du fabricant de batteries suédois Northvolt du dépôt de bilan d’une de ses filiales chargées du développement de sa gigafactory européenne (le marché du véhicule électrique a progressé plus lentement qu’anticipé en Europe et la concurrence internationale propose des produits plus performants), réunissent les mêmes ingrédients : dette importante, rentabilité inexistante, promesse de l’atteinte d’un flux de trésorerie positif une fois des volumes-cibles délirants atteints. En l’absence d’injections permanentes d’argent frais des investisseurs et actionnaires, ces sociétés s’avèrent tout simplement incapables de produire, avec une marge positive, des produits désirés par des clients solvables.

Une étude montre fin 2024 que près de la moitié des start-ups tricolores pourraient arriver à cours de leur matelas de liquidité dans les six prochains mois*. Avec des revenus inexistants ou négligeables, elles n’ont toujours que des promesses à vendre aux potentiels investisseurs dont la psychologie a bien changé en deux ans. Non seulement elles reposent sur des modèles qui n’auraient jamais dû perdurer, mais les investisseurs se sont mis à exiger un retour sur investissement positif avant de sortir le chéquier dans un contexte de taux d’intérêts devenus largement positifs (pour les start-ups intrinsèquement non-rentables, il est devenu évident que les cash-flow futurs seraient négatifs et que le potentiel de gain l’était tout autant).

C'est ainsi que du jour au lendemain, les investisseurs se sont mis aux abonnés absents, n'ayant aucune raison de revenir sur ces dossiers tant qu’il existe des alternatives servant un rendement positif. Cerise amère sur le gâteau, le débat fait désormais rage quant à l’ajustement des dépenses publiques en faveur des jeunes pousses. Le statut de Jeune entreprise innovante (JEI) est ainsi remis en question, tout comme les modalités du Crédit impôts recherche (CIR).

* Les données compilées par l’association Start Industrie montrent que plus de la moitié des start-ups industrielles ne pourront pas survivre sans injection d’argent frais d’ici six mois. Pour 25% d’entre elles, les liquidités disponibles ne permettent même pas d’espérer un maintien de l’activité durant les trois prochains mois. C’est ainsi près de la moitié du parc de jeunes entreprises industrielles qui devrait se fracasser sur le mur de la dette d’ici le printemps 2025.

 

L’industrie 4.0

Les industries avancent par le biais technologique, expression de l'innovation permanente de leurs ingénieurs. Dernière étape en l'état, l’usinage "4.0", qui associe technologies numériques et outils de production. Les solutions numériques constituent en effet le sésame pour offrir aux usines une meilleure maîtrise des détails concernant leur production, et ce afin de réduire leur empreinte carbone ainsi qu’en optimisant les temps morts de production tels que les opérations de maintenance. Ces solutions numériques ont aussi pour objectif de permettre d’obtenir des pièces de meilleure qualité tout en diminuant le nombre de pièces défectueuses.

Toutefois, il reste encore beaucoup à faire avant que l’industrie puisse profiter pleinement de ces technologies puisque les machines connectées et intelligentes sont peu nombreuses et, pour celles déjà en place, le processus d’apprentissage est lent car il s’agit d’un environnement relativement complexe*. A cet effet, le Centre Technique de la Mécanique a travaillé dans le cadre du programme Européen Interreg Machining 4.0 sur un porte-outil connecté baptisé E-Spindle, afin de répondre à cette problématique de remontée de données précises. Il a permis de créer une électrobroche surveillant et optimisant les processus de coupe, perçage ou encore rodage à l’aide de capteurs mesurant l’effort, les vibrations mais aussi la pression de liquide de coupe. Désormais, le lancement d’un projet stratégique sectoriel financé à hauteur de 1,5 millions devrait permettre la mise en place accélérée des Machines Outils Intelligentes et Connectées pour la surveillance et le pilotage des procédés, qui plus est parce que nombre d'usines font face au manque cruel de main d’œuvre.

* Le Centre technique des industries mécaniques (CETIM) explique que pour progresser il faudrait pouvoir installer des capteurs sur les outils tournants afin de collecter des informations sur l’état des pièces ainsi que sur l’avancée de la tâche, ce qui est une tâche ardue. 

 

La courbe du chômage en France entre 1975 et 2017
La courbe du chômage en France entre 1975 et 2017

 

Robot constructeur

Parmi les nombreux emplois menacés par la "robolution" - chauffeur, avocat, chirurgien, secrétaire médicale... -, il y a dans le secteur industriel celui de la maçonnerie, la construction de maisons plus exactement. Les robots capables de monter des murs sont aujourd’hui une réalité. Ainsi en Australie le robot Hadrian X mis au point par l’entreprise Fastbrick est capable de poser automatiquement mille briques par heure, sans aucune intervention humaine. Travaillant pendant 24 heures d’affilées sans interruption, il peut construire entre 100 et 300 maisons par an. De son côté, une entreprise nantaise peut construire des maisons avec un robot industriel d’impression 3D. Pas de maçon, pas de briques ni de parpaings, un bras articulé guidé par laser coule du béton tout seul comme un grand … Comme dans d’autres domaines, gain de temps et de productivité sont au cœur du débat. Pas de grève, pas d’absence, et un faux prétexte, la lutte contre le travail illégal, alors qu'il suffirait de ne pas utiliser de main d’œuvre illégale et de payer ses ouvriers. L’idée est avant tout un moyen de réduire les coûts de construction du logement ! Le robot en cours de développement, Meca3D, monte des murs en briques collées par des déchets de chantier, permettant d’assembler 75 m3 de briques par jour contre 25 m3 pour des ouvriers. Autant dire qu’ils peuvent changer de métier, s'ils y parviennent...

 

Robotisation agricole

La vie d’agriculteur est difficile. Elle exige rigueur et sacrifices personnels pour nombre d’agriculteurs qui ne gagnent pas bien leur vie. Qui plus est, un agriculteur met fin à sa vie tous les jours, une étude de la La Mutualité Sociale Agricole (MSA) ayant remarqué que cette profession avait un risque de suicide plus élevé de 12%. L’agriculture n’attire de ce fait pas suffisamment de main d’œuvre, comme le démontre les difficultés rencontrées pour la récolte de fruits estivale qui fait largement appel à la main d’œuvre étrangère. Tout ceci explique que de plus en plus les agriculteurs se tournent vers les nouvelles technologies dont la robotique en particulier, leur permettant par exemple grâce au robot Eagle* d'identifier et de couper des grappes de tomates, ainsi que de rassembler des données dans des serre futuristes type "Genesis" où la récolte pousse toute l’année sous un éclairage LED.

C'est pourquoi nombre de start-ups se disputent une utilisation commerciale des robots de récolte, en perfectionnant à la fois l’intelligence artificielle utilisée pour identifier les fruits mûrs et l’ingénierie de précision pour les cueillir, et ce en bénéficiant de subventions des agences nationales d’innovation.

* Eagle ne ramasse pas plus vite qu’un humain – mais il peut fonctionner 24 heures sur 24, ne s’arrêtant que pour le chargement et le nettoyage.

Il utilise jusqu’à 40 caméras, réalisant principalement des images 3D, pour parcourir les plants de tomates. Son cadre de trois mètres de long se dérive le long des rangées de plantes, son bras à plusieurs articulations se déplaçant par saccades pour couper les tiges.

 

Robotisation dans la vente au détail

Avant la pandémie de la Covid-19, les déploiements de robotique dans les environnements de vente au détail se développaient régulièrement, prouvant leur efficacité, générant de la valeur et offrant un solide retour sur investissement dans le processus, et pas qu'en matière de vente de produits (robots laveurs, aspirateurs et autres machines autonomes). La crise sanitaire a agi comme un accélérateur, à tel point qu’en 2021 les technologies robotiques transformeront profondément le secteur du commerce de détail, cette crise ayant rapidement mis en évidence la valeur de l’automatisation et de la robotique qui offrent de nombreux avantages aux détaillants de toutes tailles, devenant indispensable aux opérations régulières des magasins. C'est le cas des épurateurs autonomes, qui permettent de soutenir les travailleurs et d'améliorer leur efficacité, les voyant se concentrer sur des tâches de plus grande valeur, notamment la désinfection des surfaces à haut contact, le réapprovisionnement des stocks, l’assistance aux clients ou même les pauses indispensables.

En outre, les données robotiques vérifient et améliorent les performances opérationnelles, offrant la possibilité d’obtenir des données d’utilisation en temps quasi réel via des rapports par e-mail et des portails d’utilisateurs basés sur le cloud. Par exemple, les robots de nettoyage fournissent des mesures détaillées sur les KPI (ou ICP, soit des indicateurs clés de performance) tels que les zones de magasin couvertes, le nombre de routes parcourues et le pourcentage d’utilisation autonome, ainsi que des cartes thermiques visuelles des zones nettoyées et bien plus encore. Ces données sont difficiles à glaner via des méthodes manuelles traditionnelles et permettent aux responsables des opérations et des installations de vérifier et d’optimiser les performances de nettoyage quotidiennes, ainsi que de mieux gérer les objectifs de conformité de l’entreprise.

En plus d’enregistrer les données d’utilisation, les robots en magasin de nouvelle génération évolueront pour capturer également des données environnementales qui peuvent être transformées en informations exploitables pour améliorer les performances opérationnelles. Au lieu d’utiliser deux robots distincts pour nettoyer et analyser les stocks, un robot doté des deux capacités peut ainsi améliorer les expériences d’achat en magasin avec moins de perturbations et à moindre coût. L’introduction de robots collecteurs de données à double usage pour diverses applications soutient une tendance plus large vers la transformation numérique des magasins physiques.

Si jusqu’à récemment, les robots autonomes étaient principalement confinés dans des entrepôts et des environnements de fabrication étroitement contrôlés où ils pouvaient être étroitement surveillés par des ingénieurs, les solutions autonomes doivent être accessibles aux utilisateurs non techniques afin d’être viables dans des environnements publics commerciaux tels que les magasins de détail et les épiceries.

Les magasins de détail deviennent ainsi des environnements multi-robots, ceux-ci incluant des interfaces utilisateur intuitives, des rapports graphiques et des instructions de déploiement faciles. Ils permettent de réaliser d’importantes économies de coûts, et de s'occuper de tâches ennuyeuses et répétitives pour offrir des heures supplémentaires de productivité permettant aux employés de se concentrer sur d’autres tâches importantes, comme passer plus de temps avec les clients.

Enfin, les robots contribuent également à améliorer la valeur de la marque car ils sont un rappel visuel fort de l’engagement d’une entreprise en matière de sophistication opérationnelle et d’innovation générale. Alors que de plus en plus de détaillants prennent conscience des avantages à long terme de l’adoption de la robotique, nous pouvons nous attendre à voir le secteur de la vente au détail adopter une nouvelle approche pour évaluer les technologies innovantes en utilisant une définition plus holistique du retour sur investissement. Cette tendance va inévitablement s’accélérer.

* Selon les données de Brain Corp , l’utilisation médiane des épurateurs robotiques dans les magasins de détail américains a augmenté de 14,5% au cours des trois premiers trimestres de l’année par rapport à la même période en 2019, générant environ 2,4 millions d’heures de productivité.

 

L’ubérisation, le concept de la précarité

L’ubérisation est un concept "vieux comme le monde". Il est ni plus ni moins que la précarisation "2.0" de notre société contemporaine décadente par-delà le mythe asséné du progrès*, autrement dit le paiement à la tâche de micro-entrepreneurs réduits toujours et encore à l’état d’esclave par le maître qui impose les tarifs et donne (ou pas) du travail à ses journaliers, devant se plier à toutes ses demandes et autres exigences. Depuis le fond des âges - les esclaves de l’antiquité à Sumer, Babylone, Rome, Athènes -, le paiement à la tâche et journalier a été la norme "sociale". La révolution industrielle du XIX° siècle a certes permis la création et le développement du "salariat", mais avec la fin des usines, l’automatisation, la mondialisation et la pression exercée pour toujours plus de compétitivité et de rentabilité, le totalitarisme marchand est parvenu logiquement à détricoter le droit social et les formes de travail salarié dont il n’a plus du tout besoin, puisqu’il n’a désormais (presque) plus d’usines à faire tourner. C'est pourquoi la société de services qui se développe implique une immense mutation vers le tout précarité et le tout entrepreneuriat.

La réalité de l’ubérisation de la société est celle de la soumission moderne non plus à un patron, mais à un donneur d’ordres. Seule échappatoire, la montée en gamme personnelle, qui passe par une formation permanente et systématique pour se renouveler, ce qui nécessite beaucoup d'efforts et est épuisant. Elle est du coup considérablement discriminante, contribuant à entretenir les clivages ravageurs à l'évolution des consciences !

Cf. Évolution de civilisation (3) Mythe de la modernité, risques et lois d'évolution naturelle.

 

De la démonétisation des diplômes

Dans un monde occidental gouverné par l'idéologie libérale socialiste à la sauce wokiste, le gloubi-boulga immangeable, la théorie est reine, source de fantasmes grotesques sinon effrayants. Ce monde imaginaire conduit aux délires, dont les conséquences sont malheureusement bien réelles pour les naïfs illusionnés car manipulés. Parmi eux se tient aux premières places la croyance quasi sacralisée qu'il faut envoyer tout le monde au Bac, puis dans la foulée à Bac+5 au mieux grâce au sésame magique de Parcours Sup. La réalité est pourtant tout autre, de nombreux cursus supérieurs étant plus ou moins légers sinon minables pour enseigner à des jeunes déjà intellectuellement plus ou moins miteux dans les disciplines de base, la langue nationale et les mathématiques, et à qui l’on fait croire qu'en étant titulaires d’un Bac+++, ils deviendraient des cadres supérieurs avec une carrière fantastique.

La réalité est cependant assez simple. Hier comme aujourd’hui, dans toute organisation pyramidale, il y un chef et 10 travailleurs. Et le problème c’est qu'il n'y a plus de travailleurs, cette catégorie étant en voie de disparition par substitution du capital technique (automatisation et robotisation) ou d'une main d'œuvre issue de l'immigration par défaut, c'est-à-dire aux compétences sommaires pour l'exécution de tâches basiques.

A l'image de l'effondrement cognitif d'une majorité d'individus sous dépendance de l'Intelligence Artificielle animant leurs joujoux électroniques, le smartphone en tête, quand ils ne rajoutent pas la dépendance à la poudre blanche source d'évasion et d'oubli de la triste réalité de leur quotidien, il ne demeure plus que des "cadres" dont la plupart ne savent même pas écrire une phrase sans deux ou trois fautes, qui ne savent plus se concentrer, qui n’ont plus aucun sens de l’engagement, de l’effort et du travail de mise en valeur de leur prétendue dextérité intellectuelle.

C'est oublier que dans la vraie vie, dans le vrai monde, il n'est nul besoin d’autant de cadres, car tout ce qui est abondant n’est pas cher, et inversement tout ce qui est rare est cher. C'est pourquoi de nos jours un couvreur, un plombier, un électricien et nombre d'autres artisans gagnent plus qu’un Bac+++, qui sait souvent à peine se servir d’Excel, le sacro saint tableur des rats du conseil, d'autant plus confronté à la montée en puissance des logiciels à tout faire type Chat GPT les conduisant progressivement à disparaître dans la poussière de leur inutilité.

Il en résulte l'accentuation de leur précarité professionnelle, de la baisse de leur niveau de salaire et de leur contenu de responsabilité, conduisant de plus en plus à la frustration, à la déception, à la rancœur. 

 

Cette disparition progressive de l'emploi humain a été confirmée par une étude menée par l'université de Princeton parue début 2023*, pointant le fait qu'il existe une vingtaine de professions qui, à l'heure actuelle, sont entièrement dirigées par des êtres humains, et qui pourraient être remplacées par des algorithmes très sophistiqués. Ce sont des professions insoupçonnées et surtout humanistes qui sont en danger d'"extinction", non liées à un monde mathématique et bidimensionnel fait de codes et de séquences, mais à celui de la pensée, multidimensionnel, où l'élément humain a toujours été considéré comme essentiel comme les télévendeurs et divers enseignants de l'enseignement supérieur (tels les professeurs de langue et littérature anglaises, de langue et littérature étrangères et d'histoire). Si dans certains cas l'IA pourra remplacer le travail précédemment effectué par l'être humain, dans d'autres, elle pourrait être complémentaire.

* Recherche intitulée "How will language modelers like ChatGPT affect occupations and industries" menée par Ed Felten de Princeton, Manav Raj de l'Université de Pennsylvanie et Robert Seamans de l'Université de New York.

 

Redistribution des cartes

 

Notre actuel système économique a désormais atteint son "sommet" sur les marchés mondiaux, la situation de base ayant drastiquement changé en raison des cinq facteurs suivants, tous quantifiés et qualifiés :

- ralentissement de la croissance;

- chute du commerce mondial;

- épuisement des effets de la "réflation"* de 2015/2016;

- érosion des bénéfices des entreprises;

- mise en doute de la capacité des autorités institutionnelles, notamment monétaires (banques centrales), à traiter les problèmes, car n'ayant aucune stratégie pour rétablir la situation fondamentale de nos systèmes (de toute façon, le coût déflationniste pour corriger serait tellement élevé que nos sociétés exploseraient) si ce n'est en injectant des liquidités qui empêchent que les prix deviennent justes et adaptés et que les dettes soient remboursées, constituant de gigantesques bombes à retardement qui vont exploser en chaîne. Il en a découlé des taux d'intérêt très bas et une inflation dérisoire, alors même que cette politique monétaire a généré une prospérité exceptionnelle pour nombre d'acteurs économiques, particuliers comme entreprise.

La source de cet état des lieux se trouve dans les facteurs non-monétaires que constituent la mondialisation et la digitalisation, qui ont permis de camoufler l’inflation des prix à la consommation au cours de la dernière décennie. En effet, l’un des facteurs principaux fut la diffusion d’hypothèses hautement spéculatives en ce qui concerne les miracles que permettraient d’apporter des chaînes d’approvisionnement mondialisées. D’autre part, la capacité de la digitalisation à camoufler l’inflation d’origine monétaire des prix des biens et des services sur le marché est largement liée à son impact sur les mécanismes de fixation des salaires. Elle a donné naissance à des sociétés disposant d’un pouvoir monopolistique considérable. Les obstacles à la diffusion de leur savoir-faire technologique et organisationnel chez leurs concurrents impliquent que les salaires ne sont pas poussés vers le haut par la concurrence entre employeurs à travers le marché du travail, comme ce fut le cas au cours des révolutions industrielles précédentes. La plupart des investissements ont ainsi pris la forme d’actifs intangibles spécifiques à chaque entreprise.

* Stimulation de l'économie par l'augmentation de la masse monétaire et/ou par la réduction des impôts, afin de tenter de ramener l'économie à une tendance à long terme, et ce à la suite d'une chute du cycle économique. Elle consiste pour les banquiers centraux à masquer la disparition de l’épargne privée disponible à l’investissement.

 

L'état des lieux économique d'avant Covid en 2020 (1)

La faible croissance du PIB mondial réel jusqu'alors constaté (de 1 à 2% par an) était due à la persistance de faibles taux d'investissement, les entreprises se montrant prudentes sur les dépenses à long terme et les achats mondiaux de machines et d'équipements. Ceci était renforcé par la guerre commerciale en cours entre les États-Unis et la Chine, ainsi que les frictions commerciales avec l'Union européenne (UE). Le commerce mondial, intensif en biens finaux durables et en composants utilisés pour les produire, avait de ce fait ralenti, qui plus est avec la montée en puissance des mesures protectionnistes (depuis 2009, les gouvernements du monde entier ont introduit 2 723 nouvelles distorsions des échanges, dont l'effet cumulatif a été de fausser 40% du commerce mondial). Ce ralentissement du commerce et des investissements mondiaux a particulièrement touché les économies dites émergentes, dont plusieurs se sont effondrées.

De leur côté, les autorités monétaires avaient rapidement renversé leur position politique précédente selon laquelle l'économie mondiale allait bien et s'était "normalisée". Les taux d'intérêt sur les obligations d’État et autres "actifs sûrs" sont ainsi revenus à zéro, voire sont devenus négatifs. Les emprunts étant bon marché, les grandes sociétés et les banques ont pompé des crédits bon marché, non pour investir dans des actifs productifs, mais pour acheter des actions et des obligations. Les cours boursiers ont monté en flèche (en hausse de 30% aux États-Unis), conduisant les marchés boursiers mondiaux à valoir 86 000 milliards de dollars, soit un peu plus haut que jamais et égal à près de 100% du PIB mondial. Les principaux acheteurs d'actions des sociétés sont les sociétés elles-mêmes, ces rachats faisant grimper les cours de leurs actions, ce qui facilite le rachat d'autres sociétés. Il en résulte que les principales économies capitalistes se trouvent dans un monde où les marchés boursiers et obligataires, les contre-valeurs du capital, affirment que le capitalisme mondial ne s'est jamais porté aussi bien, tandis que "l'économie réelle" stagne en termes de production, de commerce, de profits et d'investissement.

L'autre facteur qui a permis à ces économies capitalistes d'éviter une (nouvelle) crise sévère a été la hausse de l'emploi et la baisse du chômage, les entreprises embauchant une main-d’œuvre précaire (pas de retraites, zéro heure supplémentaire, contrats temporaires, etc.) et bon marché. Selon le bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT), le taux de chômage mondial est tombé à seulement 5%, son plus bas niveau en près de 40 ans. Et comme un emploi élevé et une faible croissance du PIB réel signifient une faible croissance de la productivité, il en résulte au fil du temps entraîne la stagnation des économies, sinon les prémices de la récession (ce que montre l'estimation des bénéfices mondiaux pour les grands pays). Compte-tenu que l'Institute of International Finance estimait que la dette mondiale devrait atteindre le chiffre record de 255 milliards de dollars à la fin de 2019 (en hausse de 12 milliards de dollars par rapport à 243 milliards de dollars à la fin de 2018), la Banque mondiale a rejoint la BRI pour avertir que l'augmentation importante et rapide de la dette mondiale pourrait entraîner une nouvelle crise financière alors que l'économie mondiale ralentit.

Mais depuis, tout cet état des lieux a été balayé par la crise sanitaire ayant conduit à une situation de confinement quasi mondialisée, dont les répercussions économiques n'ont pas fini de se faire ressentir, les dégâts apparaissant considérables. Ainsi pour l'Australie, en récession après trois décennies de croissance et pour la première fois depuis 1991 (son PIB a reculé de 7 % au deuxième trimestre), alors qu'il y a eu officiellement depuis le début de l’épidémie 26 000 cas, et 663 décès dus à la Covid-19. Quant à l'économie indienne, c’est une chute spectaculaire, le PIB du géant asiatique entre les mois d’avril et juin ayant accusé une baisse historique de près de 24 %. Une catastrophe pour le deuxième pays le plus peuplé au monde (1,35 milliard d’habitants), des centaines de millions d’Indiens ayant été poussées vers beaucoup plus de misère en quelques semaines. Du côté du géant états-unien, le secteur privé américain a créé 428 000 emplois en août, soit un nombre nettement inférieur à la prévision moyenne des économistes qui était de l’ordre de 900 000 créations d’emplois attendues (les demandes de chômage se situent aux alentour de 900 000) ! La reprise aux États-Unis est donc plus lente que prévu, et nettement moins dynamique. De son côté, la zone euro a vu son économie chuter de 11,8 % au deuxième trimestre 2020*, frappée par les mesures de verrouillage strictes utilisées pour contenir la propagation du virus. Elle a vu l’inflation entrer en territoire négatif pour la première fois depuis 2016, ce qui traduit un recul des prix à la consommation (– 0,2 % contre + 0,2% attendu), ce recul étant tiré en large partie par l’énergie et les produits industriels non énergétiques. C'est un casse-tête pour la Banque centrale européenne (BCE), qui a injecté plusieurs centaines de milliards d’euros dans l’économie pour éviter son effondrement depuis le début de la pandémie. Ses projections ne tablent sur un retour de l’inflation qu'aux alentours de 0,9 % à l’horizon 2022, loin de son objectif de stabilisation proche de 2 %. Dans le même temps, le taux de chômage ne fait que commencer à s’envoler, à 7,9 % pour la zone euro en juillet. Nulle surprise pour la France, l’INSEE constatant que notre pays a détruit 715 000 emplois au premier semestre sous l’effet de la crise sanitaire, et que le PIB devrait se contracter de 9 % sur l’ensemble de l’année 2020 (la contraction à la fin du 1er semestre s'est établie à - 31%). Au fameux dicton "Quand le bâtiment va tout va" résonne de manière sinistre les indicateurs conjoncturels établis fin décembre 2020 par la Fédération française du bâtiment (FFB), l'exercice 2020 se clôturant sur une chute historique d’activité de 15,2 % pour la construction (le neuf plonge de 22,5 % au global, sans présenter d’écart entre le logement, qui s’effondre de 22,3 %, et le non-résidentiel, qui tombe lui aussi de 22,8 %).

* La première estimation du PIB de la zone euro au 3e trimestre a révélé, malgré un rebond de 12,7 % sur un trimestre, un écart se situant encore à -4,3 % par rapport au niveau d’avant-crise fin 2019. Si l’Espagne se distingue par un écart inquiétant à la normale de -9,0 %, il est étonnamment proche en Allemagne, en France et en Italie (-4,2 %, -4,1 % et -4,5 % respectivement).

 

De la réalité économique d'avant Covid en 2020 (2)

En économie, l'état de santé se mesure à l'aune de l'état d’endettement et d’investissement des agents contributifs, et non de l'envolée des prix des actifs, la belle histoire illusoire.

Fort de ces éléments, l'histoire qui se déroule depuis quelques années est celle des taux zéro, voyant une dette sans cesse croissante dans les différentes régions du monde, facilitée par l’abondante liquidité bancaire produite par les banques centrales. En face, il y a une croissance léthargique, molle, qui établit que l’abondance financière ne se traduit pas en croissance réelle. En d'autres termes, l’autofinancement des entreprises (sur leurs propres ressources) et l’accès facile au crédit ne se transforment pas en capacités nouvelles et en croissance organique. Et, du fait de cette abondance financière et de la croissance ralentie des volumes, il y a la course au sommet des prix d’actifs : les actions et l’immobilier notamment.

Le mécanisme, sinon virus , voit une intense activité du marché des fusions-acquisitions, qui traduit la propension des entreprises à acheter des capacités déjà installées et à se concentrer, plutôt que de créer de nouvelles capacités. Par le même jeu, des entreprises se transforment en actifs spéculatifs. Il en résulte une intense activité du rachat d’action, notamment aux États-Unis, qui alimente la hausse de la bourse. Il s'agit de ce fait d'une économie de levier, qui en retour produit toujours plus de cash, mais peu de croissance réelle.

Les chiffres/ratios constatent au final qu'il n'y a ni dérapage de l’endettement, ni sous-investissement. Simplement une léthargie de la croissance, l'abondante liquidité délivrée par les banques centrales ne conduisant pas les agents privés (entreprises et ménages) à la traduire en dépenses de consommation et d’investissement. C'est bel et bien le rachat d’action qui soutient les cours, aux États-Unis notamment, contribuant à la folle dérive de la bourse et au mouvement de concentration du capital.

 

Nous sommes ainsi confrontés à une situation d'un type sinon nouveau, en tout cas peu fréquent et peu connu, celui consistant en la régulation de la croissance par les bulles d'actifs, ceci entraînant non plus la gestion des flux mais l'action directe sur les stocks monétaires. Ce qui était dans le passé subi est maintenant fabriqué, géré, domestiqué, avec à la manœuvre Faust, ce héros d'un conte populaire allemand, dans son pacte mortifère avec le Diable... Ce sont bel et bien les apprentis-sorciers qui contrôlent tout - les revenus, le pouvoir d'achat, les cash-flows - afin de produire une dynamique économique se traduisant en stocks monétaires, autrement dit l'augmentation de l'épargne apparente et de la valeur des patrimoines. Ce faisant, ils repoussent les limites de la solvabilité, et fixent la valeur du capital d'une manière totalement artificielle...

Cette maladie mondiale étant contagieuse, ce n'est qu'une question de temps avant la mort de ce système profondément vicié dans ses racines et fondements, la santé à long terme de l'économie n'intéressant plus personne. Car de la même façon que l'on a renoncé au mythe de l'orthodoxie monétaire depuis les accords de Bretton Woods, il faut se lancer dans l'aventure du renoncement à l'idée même d'orthodoxie budgétaire, en allant sans le dire bien sûr vers la Théorie monétaire moderne (TMM)*.

* Cf. Le modèle européen décodé (2) L'idéologie mondialiste & Le nouveau permis de conduire l'humain.

 

Croissance économique et inflation des prix

Si pour beaucoup la croissance économique est associée à une hausse des prix des biens et des services, justifiant une politique monétaire plus restrictive des banques centrales (hausse du taux d'intérêt des prêts bancaires) afin de prévenir une accélération incontrôlée de la hausse du niveau général des prix, c'est oublier que la notion de croissance économique porte d'abord sur une augmentation de la production de biens et de services demandés par les individus pour satisfaire leurs besoins et améliorer leur bien-être. Dans la mesure où le prix d’un bien correspond au montant nécessaire pour acheter une unité de ce bien, il en découle de toute évidence, pour une quantité donnée de monnaie en circulation, davantage de croissance économique, cette augmentation de la quantité de biens et services produits entraînant une baisse, et non une augmentation, du niveau général des prix des biens et services. Il devrait logiquement exister une corrélation inverse entre l’évolution des prix et l’évolution de la production réelle de richesse, telle qu’elle est mesurée par le taux de croissance de la production industrielle, alors que c'est une corrélation statistique positive qui est donnée entre le taux annuel d’augmentation de l’indice de base des prix à la consommation (l’IPC hors alimentation et énergie) et le taux de croissance de la production industrielle.

Si par conséquent une baisse des prix dans un contexte d’expansion de la production de richesses est une excellente nouvelle, la vérité est qu'en l’état actuel des choses, la croissance économique réelle ne peut pas être évaluée précisément, étant donné qu’il est impossible d’additionner des biens de différentes natures. Les statistiques économiques utilisées pour calculer la croissance économique n’ont de ce fait rien à voir avec la croissance réelle, constituant une "simple" mesure du volume des échanges monétaires, réajustée en fonction d’un indicateur, le déflateur du PIB*. Cela signifie que la croissance économique désigne l’augmentation d’agrégats statistiques déformés qui mesurent les échanges monétaires, et que l’on appelle de façon trompeuse la production réelle totale.

Nous pouvons d'autant mieux comprendre l'actuelle injection massive de liquidités dans le circuit économique par les banques centrales pour tenter de relancer la croissance, compte-tenu de la croyance dans le lien supposé dynamique entre croissance des revenus monétaires et économie réelle qui impliquerait une hausse des dépenses et une augmentation du niveau général des prix. De ce fait, il n’est pas surprenant d’observer une corrélation positive entre la soi-disant croissance économique et l’inflation des prix. Mais les banques centrales, qui affirment officiellement que l'absence d'inflation est la principale justification de leur politique d'assouplissement quantitatif, ne font qu'établir un voile pour masquer les véritables raisons de leurs politiques. Si l'inflation est faible, c'est parce que la demande de biens et services est insuffisante. La réalité est que l'économie mondiale est en situation de surproduction et d'excès de capacités productives par rapport au pouvoir d'achat disponible, et que les individus vivent dans un climat de peur du lendemain, leur propension à consommer s'en ressentant.

* Le déflateur du PIB est calculé à partir des évolutions du PIB nominal (valeur du PIB mesurée aux prix de l'année courante) et le PIB réel (valeur du PIB aux prix d'une année de référence soit à prix constants).

 

Du coût présenté comme vertigineux des retraites

Nous sommes entrés depuis de nombreuses années dans une transition démographique de grande ampleur corrélée à un ralentissement certain de la croissance économique. C'est ainsi que selon la Cour des comptes, en 2019, 330 milliards d’euros de prestations de retraite (régime sécurité sociale et retraites complémentaires) ont été versés, soit un peu plus de 14 % du PIB. Comme les autres pays européens, la France connaît une transition démographique de grande ampleur, puisque entre 1994 et 2019, la part des personnes de plus de 60 ans est passée de 20 % à 26,6 % de la population et celle des 75 ans et plus de 6 % à 9,5 %. De son côté, l'espérance de vie à 65 ans est passée de 16,2 à 19,6 ans pour les hommes et de 20,7 ans à 23,5 ans pour les femmes. En parallèle, le nombre d’actifs rapporté à celui des retraités connaît une réduction continue : pour les salariés du secteur privé, il est passé de 4,5 actifs pour 1 retraité en 1965 à 1,8 actifs pour 1 retraité en 1992, puis à 1,4 pour 1 en 2019. Cette baisse s’explique par l’arrivée à l’âge de la retraite des générations du baby-boom nées à partir de 1945. Le rapport devient encore plus défavorable si on intègre les fonctionnaires de l’État, les régimes agricoles et les régimes spéciaux. C'est ainsi que le ratio n’est plus que de 1,1 pour l’ensemble des régimes de retraite, signifiant que chaque actif finance la pension d’un retraité !

La conséquence de cette situation est qu’il faudrait prélever des sommes colossales sur les actifs. C’est d’ailleurs ce qui est fait dans le renchérissement du coût du travail, empêchant en partie l’économie de créer des emplois. De leur côté, les allègements de charges destinées à permettre aux entreprises d'embaucher contribuent au déficit du financement, qui conduit à emprunter pour financer les retraites de nos anciens à crédit avec de l’argent que nous n’avons pas (et que nous n’aurons sans doute jamais). Le serpent qui se mord la queue !

La réalité contrairement à la farce entretenue est que si tout le monde mérite sa retraite, ce qui a été cotisé n’a en réalité jamais été mis de côté pour plus tard, mais donné hier à ceux qui étaient à la retraite ! Ainsi est construit notre système, les actifs du jour payant pour les retraités du jour. Et quand les actifs du jour ne sont plus assez nombreux, il reste comme solution de baisser le montant des pensions perçues et versées pour que cela reste en cohérence avec le nombre d’actifs. C'est ce vers quoi nous allons, inexorablement !

 

De l’allongement du temps de travail pour financer les retraites

. Les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites, qui font référence, montrent en 2023 que, pour la première fois depuis des décennies, les perspectives financières permettent d'envisager l'avenir avec selon ses dires "une sérénité raisonnable"(...).

La question peut ainsi se poser sur le bien-fondé de la volonté du gouvernement Macron de repousser l’âge de départ à la retraite (64 ans sauf situations spécifiques comme les métiers à forte pénibilité) et d'augmenter la durée de cotisation, celle-ci faisant suite à d’autres réformes passées basées sur les mêmes considérations*. D’autant que la France a le plus bas taux de pauvreté (10%) chez les retraités en Europe (juste derrière le Luxembourg). En Allemagne par exemple, c'est 19% (source Eurostat). Quant à l’argument que travailler plus longtemps car on vit plus vieux, il ne correspond pas à la réalité puisque l’espérance de vie à la naissance en France est estimée en 2021 à 85,4 ans pour les femmes et 79,3 pour les hommes, soit exactement les mêmes valeurs qu'en 2014.

. Travailler plus longtemps car il y aurait trop de retraités par rapport aux actifs, c'est oublier les gains de productivité. Lorsqu’en 1982 la retraite à 60 ans a été instaurée avec 37,5 années de cotisation, le PIB de la France était de 588 milliards d'euros, pour près de 24 millions d'actifs et 12 millions de retraités. En 2021/2022, le PIB de la France est de 2500 milliards d'euros (4,25 fois plus qu'en 1982) pour environ 30 millions d'actifs, et près de 17 millions de retraités. Ainsi le nombre d'actifs n'a augmenté que de 6 millions entre 1982 et aujourd'hui (soit une multiplication par 1,25 du nombre d'actifs), alors que leur "production" (malgré le chômage) a été multipliée par 4,25 ! Cela signifie que le travail des actifs actuels, du fait des gains de productivité, génère 4,25/1,25 = 3,4 fois plus de "richesses" qu'en 1982. Cela signifie, pour une répartition similaire de ces richesses, que le travail de la population active permet de financer 3,4 fois plus les retraites.

La logique veut par conséquent que si en 1982 24 millions pouvaient financer 12 millions de retraites, soit 0,5 retraité par actif, alors en 2022 chaque actif peut financer 0,5 x 3,4 = 1,7 retraité. De ce fait 30 millions d'individus correspondant à la population dite active devraient pouvoir financer 51 millions de retraités, toutes choses étant égales par ailleurs, alors qu'il y en a moins de 20 millions ! Toutes choses n’étant pas égales par ailleurs, ce calcul grossier montre bien que la hausse de la productivité compense largement l'augmentation relative du nombre de retraités par rapport aux actifs*².

. Il est enfin intéressant de relever qu'en 1982, la part du PIB revenant aux salariés sous la forme de leur rémunération (dont les cotisations-retraites) était de 76 %, alors qu'elle n'est plus que de 68 % depuis 2005, soit un manque à gagner de près de 8% sur un PIB de 2500 milliards. Ce sont 200 milliards d'euros qui n'intègrent pas les salaires, soit un volume certain de cotisations qui ne rentrent pas, ceci n'étant pas sans lien avec la hausse générale et continue des dividendes versés aux actionnaires sur la même période...).

* La dernière réforme des retraites date de 2013, dite réforme Touraine (sous François Hollande), ayant fixé l'augmentation de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein d'un trimestre tous les 3 ans jusqu'à 43 ans en 2035 (contre 41,5 ans avant la réforme). L'espérance de vie en bonne santé en France était alors estimée à 64,9 ans pour les femmes en 2017 (62,5 pour les hommes), contre 64,6 en 2005 (62,3 pour les hommes). Cette réforme faisait suite à celle du gouvernement Sarkozy-Fillon qui avait repoussé l’âge légal de départ de 60 à 62 ans.

S'en tenir à cet argument démographique reviendrait à ne pas être capable d'expliquer pourquoi le peuple français ne meurt pas de faim alors que la part des agriculteurs dans la population est passée de 7% en 1982 à 1,5% aujourd'hui, soit un ratio de 1 agriculteur pour 14 personnes à 1 pour plus de 66. Là encore, ce sont les gains de productivité.

 

Si la révolution industrielle avait fait augmenter les revenus, en donnant aux consommateurs davantage d’argent pour acheter la nouvelle production, la révolution d’internet n’a rien fait de tel quant à elle. Les revenus des consommateurs ont essentiellement stagné, et à présent, après l’inflation découlant de la crise sanitaire Covid-19 et des mesures drastiques gouvernementales en découlant, désormais ils déclinent.

La réalité est que les nouvelles entreprises n’ont jamais créé réellement de nouvelles richesses, se contentant juste de "piquer"  des regards et des revenus publicitaires aux médias traditionnels. Et, parvenues au bout de tout ce qu’elles pouvaient obtenir facilement, elles se bagarrent désormais entre elles pour récupérer des parts de marché, ceci expliquant le dévissage de leur cours boursier*. Voilà pourquoi TikTok est une telle menace pour Facebook (rebaptisée Méta)… et pourquoi le cours de ce dernier a chuté si violemment lorsqu’on a appris qu’il était en train de perdre la bataille. Qui plus est, alors que les investissements dans les technologies flambaient, les capitaux se sont progressivement détournés des "vieux secteurs".

* Huit valeurs boursières technologiques en sont caractéristiques début 2023, dont la valeur cumulée a fondu de 5 000 Mds$ : Tesla (-65%), Meta (-64%), Netflix (-51%), Nvidia (-50%), Amazon (-49%), Google (-38%), Microsoft (-28.9%) et Apple (-27%).

 

C'est la raison, entre autres, de l'intervention de la directrice du Fond Monétaire International Kristalina Georgieva, qui avait prévenu que 2023 serait une année encore plus difficile que 2022 pour la majeure partie de l’économie mondiale dans la mesure où les économies américaine, européenne et chinoise* ont connu toutes un ralentissement simultanément, 2024 s'inscrivant elle aussi dans la même morne trajectoire. Et même dans les pays qui ne sont pas en récession comme les marchés émergents dans les économies en développement, cela sera ressenti comme tel pour des centaines de millions de personnes en raison de taux d’intérêt élevés.

Si la mondialisation et l’énergie abondante et pas chère ont permis aux économies occidentales de vivre 30 ans de "déflation" relative, de maîtrise des prix (et des salaires) et d’immense prospérité consumériste, les prochaines années seront l’exact opposé de celles-ci. L’énergie n’est plus en effet ni abondante ni bon marché, alors que la transition énergétique et écologique est bigrement inflationniste pour être mieux isolé, plus écologique, plus respectueux, plus soutenable. De son côté, la mondialisation a plus que du plomb dans l'aile, l'hégémonie du dieu dollar américain étant désormais plus que contesté par les pays dits émergents ou relevant du côté oriental de la planète. 

L’Union européenne est la plus concernée, très durement touchée par la guerre en Ukraine, l’inflation  galopante, les problèmes d’énergie, la hausse des taux d'intérêt, et tout particulièrement la France (pays surtaxé, sans énergie ni matières premières, sans industrie), où l'inflation des prix à la consommation alimentaire a par exemple atteint sur un an 15,6 % (entre janvier 2022 et janvier 2023). Ce que nous vivons c’est la fin de la mondialisation. 2023 sera de ce fait une année de transition vers moins de globalisation, moins d’échanges carbonés et polluants, moins d’énergie, plus de conflits et plus de tensions géopolitiques.

* Pour la première fois en 40 ans, la croissance de la Chine en 2022 sera probablement égale ou inférieure à la croissance mondiale, ce qui ne s’est jamais produit auparavant.

 

Prémices historiques

 

Le déclin de l'Empire romain sous les coups de boutoir des hordes Huns d'Attila (395/453) a inauguré il y a quelques deux millénaires la vision d'un monde désenchanté, qui remettait en cause les grandes certitudes spirituelles sur lesquelles s'étaient fondées les plus importantes civilisations de l'Antiquité. Dieu et les dieux commençaient à ressembler guère plus qu'à des idées vides et abstraites. Déjà sous l'Empire Byzantin, le cadrage dogmatique du christianisme initiatique primitif (ainsi le christianisme celtique) sous le règne de l'empereur Constantin (272/337) par l'Église romaine à travers l'évêque Eusèbe de Césarée en 325 lors du premier concile à Nicée (en Anatolie, soit la Turquie moderne), suivi de la fermeture des Écoles du mystère par l'empereur Théodose (347/395) et des dernières écoles de philosophie grecque par l’empereur Justinien (483/565), remplacèrent progressivement les certitudes spirituelles d'alors par les dures réalités politiques et économiques. Il fallait christianiser l'Empire, non par sincérité du converti, mais pour que Rome s'appuie sur une religion officielle forte qui détienne seule les clés du royaume de Dieu qui, s'étant d'après le dogme professé incarné dans le corps de l'homme Jésus, avait seul le pouvoir de libérer l'humanité du péché originel*. Pour sacraliser cet imperatum, le Pape, ayant pris la place du Christ, fut déclaré infaillible, et tout ce qui ne coïncidait pas avec la nouvelle théologie - tout particulièrement le concept de Trinité Père Fils et Saint-Esprit - fut déclaré hérétique*², comme la loi de perfectionnement de l'âme au cours de nombreuses incarnations*³. Désormais, au terme d'une minuscule existence au regard de l'éternité, par le biais d'une répartition aléatoire où certains cumulent les avantages et d'autres les inconvénients (lieu de naissance, attributs physiques et intellectuels, santé, milieu social...), où certains connaissent les règles du jeu alors que d'autres, notamment tous ceux ayant vécu pendant des millénaires sans, sont maintenus dans l'ignorance, le corps était détruit une fois pour toutes et l'âme jugée au bout d'un (très) long corridor d'attente...

Dogmes et superstitions faisant bon ménage dans une "Europe" en devenir analphabète, à l'exception des classes favorisées et du clergé, la vraie vie de la pensée se trouvait désormais dans le domaine de la science et de la technologie, dans les théories atomiques de Lucrèce*, dans les projets d'ingénierie comme les aqueducs, les systèmes de drainage et les milliers de kilomètres de routes qui fleurissaient partout. La capacité d'abstraction de la pensée, développée sous l'impulsion de Pythagore, de Confucius et de Socrate, pouvait désormais en Occident donner sa pleine mesure pour célébrer l'esprit naissant du matérialisme.

* Cf. L’Église romaine décodée.

Ainsi par exemple le "Testament des douze Patriarches" ou le "Livre d'Enoch". 

*³ Cf. Le cheminement de l’Âme.

* Poète philosophe latin du Ier siècle av. J.-C.

 

Ce qui fait, en partie, le succès d'une religion, c'est son utilité dans le monde, c'est-à-dire son apport en bénéfices matériels. Ainsi la naissance de l’Islam en Orient au VI° siècle constitua une étape très importante pour l’évolution de l’humanité. En apprenant à contrôler et dominer par les interdits ses passions, à contenir ses pulsions et ses fantaisies, l’homme allait permettre de développer encore plus loin sa capacité de penser. L’association du monothéisme radical de Mahomet et de la méthodologie d'Aristote, déjà présente dans la pensée arabe, se répandit alors autour du globe, depuis l'Espagne jusqu'aux frontières de la Chine. Grâce à l’accroissement de leur capacité de penser longuement de manière abstraite et de jongler avec les concepts, les Arabes s'appropriaient de nouvelles idées et les répandaient, en puisant dans les apports du zoroastrisme, du bouddhisme, de l'hindouisme et de la science des Chinois. Ils commencèrent à fabriquer du papier, firent de grands progrès en astronomie et en astrologie, en médecine, en physique, en sciences naturelles, en mathématiques et en géométrie, et remplacèrent le système numérique romain par celui que nous utilisons encore aujourd’hui dans le monde. Si notre perception est que l'Europe du Moyen Âge a été assiégée par des musulmans barbares, les graines à la fois spirituelles et intellectuelles semées par l'apport* de l’Islam à cette époque, grâce à des centres universitaires comme Tolède et la Sicile, allaient, en germant, permettre de transformer à partir du XIII° siècle l'Europe et l'espèce humaine dans son ensemble. L’Europe avait désormais accès aux œuvres d’Aristote, de Ptolémée, de Gallien, d’Avicenne ou encore d’Averroès, et à l'influence de leurs fondements nourriciers.

Un autre "apport" religieux allait avoir un impact conséquent sur l'orchestration à venir des affaires du monde, la pratique de l’usure pour les juifs (prêt d'argent assorti à un taux d'intérêt), alors interdite aux chrétiens. Même si les seuls usuriers à l’époque n'étaient pas tous juifs, loin s'en faut, les fondations de l'économie financière à venir allaient s'établir sur cette racine.

* L’influence de l'Islam était aussi présente dans les arabesques de l'architecture gothique, inspirées par les formes végétales et tortueuses des mosquées. La cathédrale de Chartres est ainsi à l'intersection du mysticisme islamique, de l'ancienne spiritualité celtique et du christianisme néoplatonicien.

 

C'est cependant à la fin du XV° siècle que la profusion des découvertes va conduire à la révolution scientifique et pousser les hommes à explorer le monde par les mers, l’espoir de trouver un Nouveau Monde se mêlant à l'espoir de voir surgir un nouvel âge d'or. Il donne un avantage conséquent aux Nations bénéficiant d'un accès maritime direct ainsi que d'infrastructures portuaires et de techniques de construction adéquates. A Gênes, un marin hors pair nommé Christophe Colomb (1451/1506)* s’apprête à entrer dans l’histoire, marquant définitivement la rupture entre le Moyen Age (du V° au XV° siècle) et les Temps Modernes (1492 à 1789) qui s’achèveront par la Révolution Française. L'or que l'on allait découvrir était d'un genre bien terrestre, éblouissant les consciences comme les âmes. Jamais l'émerveillement face au monde matériel n'avait été aussi fort, qui plus est à un moment où soufflait en Europe du Nord un vent de mécontentement, de contestation et d'impatience contre l’obéissance aveugle à l’Église catholique.

* Si les Amériques furent découvertes officiellement et soi-disant par hasard par l'explorateur Christophe Colomb, ces territoires furent explorés bien des fois des milliers d'années auparavant par des peuples comme les Phéniciens, les Nordiques, les Irlandais, les Gallois, les Bretons, les Basques et les Portugais. L'histoire non-officielle est celle d'une opération d'expansion et de prise de contrôle d'intérêts marchands et ecclésiastiques dûment orchestrée, qui allait déboucher sur un véritable génocide des indigènes (Aztèques, Incas, Mayas, Indiens...). L’œuvre du philosophe anglais Francis Bacon (1561/1626), "La Nouvelle Atlantide" parue en 1607, en rend compte de manière codée.

 

Les objets physiques devinrent alors très vite en Europe le nouveau critère de la réalité, situant désormais le débat philosophique entre l'idéalisme* et le matérialisme. Ce dernier avait pour lui de produire des résultats fiables, vérifiables, et des changements aux bénéfices tangibles, là où la religion avait fini par se perdre dans un enseignement privé de toute substance signifiante dans le vécu terrestre de l'être humain. Cette nouvelle compréhension du monde matériel et de son fonctionnement allait recouvrir le monde de métal, et définitivement le transformer en faisant naître notre société moderne occidentale perçue par ses homologues slave et orientale comme la représentation du rationalisme, du matérialisme, de la technologie asservissante et de l’absence d'esprit laissant trop souvent place à un humanisme vain et sentimental.

* Si l’aspect philosophique de l’idéalisme avait jusqu'alors sous-entendu que les idées issues de l'esprit étaient plus réelles que les objets, l'idéalisme tel qu'il a commencé à être entendu, tout particulièrement à partir du XIX° siècle et d'autant plus aujourd’hui, est assimilé au fait de vivre selon des idéaux élevés. Ainsi son courant baptisé "Romantisme" qui, à partir d'une musique, d'une littérature, d'une peinture, d'une sculpture, d'une musique et d'une poésie à forte intensité, cherche à donner sa pleine mesure aux sentiments galvanisant qui surgissent au plus profond de chaque être humain, soit la spontanéité et l'abandon de soi.

 

De la société industrielle et de services capitaliste…

 

Même si ses prémices européennes remontent aux abbayes cisterciennes du Moyen-Age, ayant par son fondateur Bernard de Clairvaux et la pratique du rituel propre à la vie monastique mis en route avec succès les activités de métallurgie, de textile et de commerce international, la société industrielle a à peine cent cinquante ans, soit une goutte d’eau à l’échelle de l’histoire des civilisations. Amorcée dans les esprits au dix-huitième siècle, elle est véritablement née dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle avec l'introduction thermique de l'énergie feu (aciéries, chemins de fer...), ce choix de la combustion constituant une véritable rupture avec la culture d'ingénierie à dominante hydraulique jusqu'alors en cours. Elle va déboucher par son mode de fonctionnement organisationnel sur la société capitaliste et ses différentes déclinaisons et variantes. Ses caractéristiques principales sont :

- La prévalence de l’outil de production, de la machine et des énergies fossiles (le pétrole en est le plus symbolique) sur l’humain, conduisant à une vision mécaniste et déterministe.

- La prédominance du quantitatif, soit le matérialisme et le consumérisme de biens produits "anarchiquement" en fonction de besoins sur-stimulés par un marché dont la survie dépend d'une consommation de masse et d'une croissance sans fin.

- La relation commerciale et la compétition comme moteur d’expansion.

- La propriété intellectuelle des brevets et concepts comme facteur de sécurité et de rétention.

- Les réseaux d’affaires sans contrepartie de services à la communauté.

- La distribution inéquitable des biens selon un principe poussant à la concentration des richesses par une minorité, les masses étant poussées à l'accumulation de biens inutiles voire nocifs, à obsolescence programmée et payés à crédit.

- La répartition de la valeur-ajoutée produite entre capital et travail.

- Un modèle financier basé sur le crédit, héritage des banquiers lombards, traduisant dans son essence profonde la peur de l'avenir, et levier d'une dynamique spéculative.

 

La révolution de l’énergie

Si une famille débrouillarde, correctement équipée d’outils et de technologies rendus possibles par notre économie moderne, pourrait probablement bien vivre dans la nature, la réalité est que la plupart des gens vivent dans des villes et des banlieues où ils dépendent à 100% d’une économie extensive alimentée par des combustibles fossiles, constitutive du moteur du progrès. Il est indispensable à cet effet de comprendre que la seule chose qui donne à l’homme la possibilité de dompter la nature est la nature elle-même, qui a pu stocker des millions d’années d’énergie découlant de ses montagnes de charbon ou de ses lacs souterrains emplis de pétrole et de gaz. C'est l'illustration de la grande chaîne du vivant, qui voit les plantes dépendre du soleil et les animaux dépendre des plantes, et qui, tout le long des millénaires, a vu cette énergie à base de carbone être déposée, empilée, comprimée… avant d'être transformée en carburants de haute densité.

Au XIXe siècle, avec l'avènement de la société industrielle amorcée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’utilisation de ces "combustibles fossiles" s’est généralisée. A partir de James Watt et sa machine à vapeur, en 1776, des inventeurs ont trouvé des moyens de convertir l’énergie thermique en énergie mécanique pour faire tourner des engrenages, des roues, des courroies, des chaînes, des arbres de transmission et des chaînes de montage. Car cette énergie contenue dans ces "combustibles fossiles" est stupéfiante comme le démontre quelques litres d’essence qui permettent à une voiture de parcourir environ 40 km en moins d’une demi-heure, lorsqu'il faut 12 fois plus de temps pour parcourir à pied la même distance (une heure pour parcourir environ 6 km à pied). Lorsque les agriculteurs avec un attelage de bœufs pouvaient autrefois labourer un acre de terre en une journée (environ 4 047 m²), les tracteurs les plus récents peuvent labourer 150 acres en une journée, avec la climatisation dans la cabine et une technologie de conduite automatique. Nous pouvons multiplier les exemples, avec les camions qui transportent des milliers de tonnes de marchandises sur des milliers de kilomètres, ou les pilotes d’avion qui permettent à des centaines de passagers de traverser l’Atlantique en une seule journée. Seul le temps représente la limite ultime de ce que nous pouvons faire dans la mesure où il n’y a que 24 heures dans une journée.

Si au début de cette révolution industrielle, plus exactement "révolution des combustibles fossiles", la planète comptait 2 milliards d’habitants, ils sont à présent quatre fois plus nombreux. Ces 6 milliards de personnes supplémentaires ne sont en vie que grâce à l’énergie contenue dans les combustibles fossiles*, les sources d’énergie alternatives (sources non fossiles) dites "propres" ou "durables" ne pesant en dépit de 20 ans de soutien et de subventions que 15% environ de l’énergie mondiale. Cela signifie que l’équivalent de 6,8 milliards de personnes dépendent en totalité des combustibles fossiles – pour leur transport (un véhicule ne peut pas être produit sans l’énergie du charbon, du gaz ou du pétrole), leur électricité et leur alimentation. En supprimant ces combustibles, partiellement ou entièrement, que se passerait-il ? La nourriture en effet, comme beaucoup d’autres choses dont nous avons besoin au quotidien, est un produit de l’énergie. Et ce n’est que parce que nous avons été capables de comprendre comment utiliser cette énergie stockée que nous sommes si nombreux à vivre plus ou moins bien sur la planète Terre.

* La production de céréales a quadruplé depuis 1950, rendue possible grâce aux moteurs diesel et à l'utilisation de beaucoup plus d’engrais, en particulier de l’azote (entre 1950 et 2025, la quantité d’engrais azotés a été multipliée par 23) venant du gaz naturel.

 

La fragilisation du système capitaliste

Le néolibéralisme est une réponse perverse du système capitaliste à la tendance à l’érosion de son taux de profit, qui a été accélérée vers le milieu des années 1960 par les politiques de redistribution sociale. De ce fait, il a pour objectif de contrer la tendance à l’érosion du taux de profit du capital, à augmenter le taux d’exploitation des salariés, à élargir les débouchés par tous les moyens, et à optimiser l’utilisation des fonds propres, débouchant sur nombre d'effets pervers :

- la stagnation des salaires qui entraîne l'insuffisance de pouvoir d’achat des salariés, ainsi que la baisse de leur part dans la valeur ajoutée, les entreprises n’arrivant plus à réaliser un profit suffisant pour à la fois rémunérer correctement leur personnel, maximiser le profit des capitalistes, financer les investissements et satisfaire la gloutonnerie des gouvernements ;

- la globalisation/mondialisation avec délocalisation des productions et l’arbitrage international du travail, ceci se décomposant en externalisation des chaînes de fabrication, raccourcissement des délais de fabrication, réduction des stocks et de ce fait de la fragilisation de toute la chaîne, et en accélération de la rotation du capital circulant, ce qui permet de bonifier la rentabilité du capital ;

- la financiarisation avec essor fantastique du recours à la dette, ce capital de dette coûtant moins cher que les capitaux propres et à même de bonifier la profitabilité qui revient aux actionnaires et de maximiser les cours de Bourse.

La conséquence est l’usure du capital, dont la fonction première est d'offrir la capacité à supporter les risques et à servir de tampon en cas de problème. Comme la dette est remboursable et doit être honorée quelle que soit la situation, le système capitaliste devrait avoir une masse de capital suffisante et ne pas accumuler les dettes inconsidérément. Mais tel n'est pas ce qui se passe, puisque la pratique généralisée depuis 2009 est le rachats d’action (dit "buyback"). Il constitue l'instrument systémique de fragilisation, résultat d’une longue évolution perverse qui s’est faite à l’insu de tous. Ceci explique la récurrence des crises, leur rapprochement, leur aggravation en termes de volume de capitaux concernés. Il en est de même pour les remèdes utilisés, à savoir la création de nouvelles dettes, l’accumulation de nouveaux leviers et, finalement, pour faire tenir la pyramide, le déversement de liquidités monétaires tombées du ciel.

Aussi le système résiste de moins en moins, non seulement à ses contradictions internes, mais également aux chocs externes, d'autant que la capacité des deux institutions centrales du système que sont la banque centrale et le gouvernement (l’institution d’émission et le Trésor public)  ne cesse de décliner.

 

Il en découle un modèle social coupé en deux, avec un balancier soit à fond du côté de l'individu, espèce de darwinisme social prônant l'individualisme, la loi du plus fort et la compétition à outrance, soit de l'autre du côté de systèmes "socialisants" qui nient les besoins de liberté et d'accomplissement individuel.

 

Le coût des inégalités - Source : Arjun Jayadev et Samuel Bowles (2006. Guard Labor. Journal of Development Economics 79)
Le coût des inégalités - Source : Arjun Jayadev et Samuel Bowles (2006. Guard Labor. Journal of Development Economics 79)

 

Même s’il a indéniablement bien réussi en apparence, ce paradigme est en train de perdre sa légitimité auprès d’une part sans cesse croissante de l’opinion comme de ses acteurs, car la distribution inégale des ressources (dont la nourriture), des revenus et des richesses au niveau planétaire (20 % des humains s'approprient 86 % des ressources de la planète) est source d’insécurité, de par l’hostilité générée, la misère constatée, les jalousies provoquées, et la menace induite d’éventuelles guerres de redistribution compte-tenu des pénuries. Le Nord opulent participe à ce festin indécent qui voit les populations misérables du Sud emprisonnées dans un engrenage de privations, sources de pauvreté, d'analphabétisme et de taux de natalité élevés.

Si elle a indubitablement permis un boom sans précédent dans l’élévation du confort de vie, l’innovation, l’ouverture transfrontières, une forme de bien-être, la société industrielle a singulièrement puisé sans vergogne dans les ressources de la planète et provoqué nombre de prédations dont le bilan apparaît particulièrement salé : injustices et inégalités sociales; pauvreté*; déséquilibres démographiques; bouleversements climatiques; tiers-mondialisation en Europe (Cf. Grèce); spoliation environnementale et dégradation de l’environnement local, tout particulièrement par les coupes forestières (besoin extravagant d'emballage); extinction de masse d’espèces vivantes et disparition des oiseaux et abeilles (quinze millions depuis le début du XX° siècle); épuisement des ressources; océans moribonds par le manque accru de poissons, de dauphins, de plancton, l’accumulation de déchets et d’excréments et la croissance des algues mortelles (marée rouge); prévalence de substances dangereuses; pollution de l’air, tout particulièrement par les chlorofluorocarbones (CFC) des bombes atomiques, quatre fois plus lourds que l’air; pollution de l'eau*²; état de la couche d’ozone et augmentation des cancers de la peau; effet de serre sur la calotte glaciaire… Le champ magnétique de la Terre s'affaiblit, nos pôles magnétiques se déplaçant à raison de quarante kilomètres par, de sorte que les baleines et les oiseaux dévient de leur trajectoire. Notre monde moderne est bombardé de pollution électrique artificielle émanant de nos téléphones portables, de nos téléviseurs, de nos ordinateurs, de nos récepteurs satellites, de nos émetteurs et d'une foule d'appareils électroniques. Qui peut décemment contester hors lobbies accrédités que les champs électriques mobiles sont nocifs, avec son cortège de maladies - cancers, migraines, insomnies, dépressions... ?

* Le taux de pauvreté est calculé en France par l'Insee par rapport à un seuil fixé par convention à 60% du niveau de vie médian. Ce revenu médian étant par exemple de 1735 euros net par mois pour un célibataire, une personne pauvre est donc une personne qui vit avec moins de 1041 euros par mois. Selon ces critères, 9,3 millions de personnes auraient été en situation de pauvreté monétaire en 2018. 

*² D’après les estimations de l’OMS, l’eau potable contaminée cause chaque année plus de 500.000 décès provoqués par la diarrhée, exposant près de deux milliards de personnes dans le monde à contracter le choléra, la dysenterie, la typhoïde et la polio.

 

Une relation à la santé dégradée

Selon une grande étude qui vient d’être publiée par Public Health England, l’agence chargée de la santé publique, et l’université d’Oxford, 80 % des Anglais d’âge moyen (40-60 ans) sont en surpoids, inactifs ou alcooliques.  En cause, le poids des soucis liés aux enfants, à leurs parents âgés ou à leur travail...  Ils sont 83 % à avoir de mauvaises habitudes de vie. Ainsi 77 % des hommes et 63 % des femmes sont en surpoids, et un tiers de cette population est classée comme obèse. "Ces gens d’âge moyen sont tellement absorbés par leurs soucis quotidiens que prendre soin de leur santé est devenue la dernière de leurs priorités", explique le professeur Kevin Fenton, directeur de l’étude.  Beaucoup sont en manque de sommeil et ont tendance à compenser par la nourriture et par l’alcool.  Le nombre de personnes obèses entre 40 et 60 ans a augmenté de 50 % par rapport à 1996. Le travail de bureau, immobile derrière un ordinateur, s’est imposé à la plus grande partie de la population.

L'exemple catastrophique anglo-saxon, en phase avec l'état constaté au sein de sa grande sœur américaine, n'est pas spécifique. La France comme tous les autres pays européens est aussi sur la mauvaise pente.  Selon une étude publiée le mardi 25 octobre 2016 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, un Français sur deux est considéré comme "trop gras, trop gros".  Ce nombre a été multiplié par huit par rapport à 1980, où seuls 6,1 % des Français étaient en excès de poids. Il a encore progressé de 76 % entre 1997 et 2012, soit plus vite encore qu’en Angleterre. Les conséquences inévitables attendues se nomment diabète, hypertension, arthrose (le surpoids abîme les articulations), maladies cardio-vasculaires.

 

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Un inquiétant décrochage de la natalité

En 2022, la natalité a connu selon les données publiées par l'INSEE un décrochage historique, avec des chiffres jamais connus jusqu'ici. Cette tendance qui a commencé à s'affirmer en juin 2022, c'est-à-dire 9 mois après l'atteinte des 85% de taux de vaccination dans la population, est devenue catastrophique depuis le mois d'août 2022, c'est-à-dire depuis les premiers effets de la troisième dose. Pour l'instant, l'INSEE n'a donné aucune explication à ce trou d'air inquiétant pour l'avenir démographique du pays.

Comme indiqué sur le graphique, près de 2.300 enfants sont nés chaque jour en France en septembre 2017. Ils n’étaient plus que 2.100 en 2020, quelques mois après le tout début de l’épidémie de COVID. Ils n’ont été que 2.000 en septembre 2022, 9 mois après le passage à la 3è dose… Cet effondrement ne semble pas près de s’arrêter. Si la courbe suit en effet le profilage habituel de la baisse des naissances en hiver, tout indique que le plancher historique des 1.700 naissances quotidiennes atteint en janvier 2021 sous l’effet de l’angoisse du COVID devrait être proche. 

 

Contamination plastique des océans

Jusqu’à 1.200 tonnes de fragments plastiques provenant d’Europe de l’Ouest et des États-Unis contaminent la surface de l’océan. Au-delà des grandes zones d’accumulation connues, en Méditerranée et au cœur des cinq océans – Atlantique nord, Atlantique sud, Pacifique nord, Pacifique sud, océan Indien –, une nouvelle zone d’accumulation est désormais établie dans l’océan Arctique, très loin des grandes sources de rejet de plastique en mer, plus particulièrement en mer du Groenland et en mer de Barents. Dans certaines zones, on ramasse jusqu’à " plusieurs centaines de milliers de débris par kilomètre carré ", écrivent les chercheurs, qui fondent leur analyse sur les relevés effectués par la goélette Tara. La quantité totale de débris découverte demeure toutefois marginale par rapport à ce qui pollue la Méditerranée et les gyres océaniques. Dans l’océan glacial, les chercheurs estiment la quantité totale de fragments entre 100 tonnes et 1.200 tonnes. Et ce, alors que leur masse totale, à l’échelle des océans du globe, est généralement évaluée entre quelques dizaines de milliers de tonnes et plus de 200 000 tonnes – là encore avec une grande marge d’erreur.

En outre, la contamination des eaux de surface de l’Arctique, zone à la fois biologiquement très productive et d’une grande fragilité car tous les stress qu’elle subit s’ajoutent au changement climatique, n’est sans doute que la partie émergée du problème. Une part, pour l’heure impossible à chiffrer, a coulé et gît sans doute sur le plancher océanique. De fait, les débris flottant sur l’océan ne représentent qu’une minuscule fraction, inférieure à 1 %, de la masse totale de plastique introduite dans les mers du globe. Où se trouve cette matière manquante ? A-t-elle coulé au fond des mers ? Est-elle stockée dans la chaîne alimentaire ? Est-elle présente en trop petits fragments pour être ramassée dans les filets des missions d’échantillonnage ? A-t-elle été dégradée par des communautés bactériennes ? Ces multiples questions demeurent largement ouvertes.

 

Richesse virtuelle et richesse réelle

Les riches ne cessent année après année de devenir de plus en plus riches. Selon le dernier classement Bloomberg, la fortune des 500 personnes les plus riches du monde a progressé de 237 milliards de dollars en 2016 pour atteindre le chiffre de 4,427 milliards de dollars (+ 5,7 % en un an), soit un gain moyen de 474 millions par personne. Les classes moyennes ne peuvent pas en dire autant, et aux États-Unis, le nombre de bénéficiaires de bons alimentaires approche les 50 millions, soit un quasi doublement par rapport à avant la crise de 2008. Pourquoi une telle distorsion ? Le réflexe pavlovien de "faire payer les riches" ne mène à rien (redistribuer l'intégralité de ces 237 milliards aux classes moyennes mondiales représenterait une goutte d'eau pour chaque famille), et surtout il masque le vrai problème.

Les plus riches se sont enrichis essentiellement parce que leur fortune est sous forme d'actions et que les marchés boursiers ont bien progressé en 2016. Voici la raison essentielle de cet enrichissement. Mais cette hausse des actions doit peu aux performances réelles des entreprises (sinon les classes moyennes en auraient aussi profité) et doit par contre beaucoup aux plans des banques centrales (la "Fed" US, la BCE...). Une grande partie de cet argent "gratuit" (à taux zéro) se retrouve sur les marchés actions qui ne peuvent que monter. Plus précisément, l'argent est à taux zéro pour les banques qui se refinancent auprès de leur banque centrale, pas pour la famille et l'entreprise qui veulent emprunter, eux payant bien sûr plein tarif à leur banque.

C'est ce qui s'appelle l'effet "Cantillon", du nom de cet économiste irlandais du XVIIIe siècle qui découvrit le premier le phénomène. C'est devenu un concept clé de l’École libérale autrichienne, dont l'effet pervers - la création d'un "effet richesse" artificiel pour les plus riches sans que les revenus des classes moyennes ne s'améliorent - ne cesse d'être dénoncé.

Cette richesse largement artificielle est le produit d'une bulle, en l'occurrence une bulle sur le marché actions. Elle risque fort de s'évanouir en cas de retournement...

 

Ce paradigme industriel et technologique, en vertu de sa logique matérialiste, consumériste, mécaniste, productiviste et déterministe, centré sur la machine, l’énergie fossile et le virtuel financier spéculatif, avec ses valeurs affichées ou suggérées principalement d’ordre économique et financier, s’est vu incapable d’imaginer un monde soutenable dans sa complexité, et de susciter un consensus sur sa signification ultime. Il a abouti par sa bien petite science superficielle, limitée et précaire, à une instrumentalisation de l'homme, à partir d’une division artificielle et émotionnelle entre conservateurs et progressistes, étatistes et libéraux, montagnards et girondins, jacobins et fédéraux, droite et gauche… relayée par des mass médias peu à même d’en proposer le décodage et les clés de sortie dans leur programmation éditoriale.

L’économie financière, avec toute ses dérives normatives, procédurières et contraignantes, a fini par détruire, non seulement la croissance et l'innovation, mais tout autant et bien d'abord les personnes par l'indexation du comportement vertueux sur la seule consommation économique. Les banques sont devenues les nouveaux temples de nos temps actuels, gardiennes des valeurs les plus précieuses de la société, avec les mêmes colonnades pour leurs états-majors au cœur des cités, et surtout avec le même pouvoir d’excommunication. Le billet de banque est désormais l’image sainte vénérée par les foules païennes, procurant l’énergie vitale à la "consumation" de leurs désirs.

La prééminence du sentiment personnel dans l’appréhension de la réalité a conduit à considérer de façon partisane que tout et chacun valent par un prix. Nos psychismes, insidieusement formatés par l’éducation, l’ambiance culturelle, les médias, l’opinion commune, ont été conduits à avoir comme but principal de consommer un maximum, même si cela ne peut nous rendre plus heureux. La valeur d'une personne est évaluée en fonction de sa valeur économique, et la relation que l'humanité entretient avec la nature est essentiellement fondée sur l'exploitation. Plus il y a de produits économiques disponibles, plus l'économie et par la-même la société est considérée en bonne santé, permettant de créer des emplois et de générer du pouvoir d'achat assurant un marché efficace qui écoule tous les produits économiques ! Voici l'équation délétère dans laquelle nous nous sommes enfermés, qui, plutôt que d'encourager le développement humain, asservit l'homme dans la célébration de ce veau d'or indigeste.

 

La dérive "survivaliste" des élites

Bien que se moquant en apparence des thèses conspirationnistes et complotistes qui fleurissent tout particulièrement sur Internet et les réseaux sociaux, nombre de milliardaires et autres membres de la caste dite élitaire, notamment les gourous de la technologie avides d’argent et de pouvoir, ne pensent qu'à une seule chose : où se réfugier au cas où cela tournerait mal si jamais advenait l'apocalypse, qu'elle soit nucléaire, climatique ou surtout sociale et politique, et savoir comment s’assurer que les forces de sécurité qu’ils embauchent ne se retournent pas contre eux une fois que tout aura explosé, l’effondrement étant environnemental conjugué aux troubles sociaux, l’explosion nucléaire, la tempête solaire, le virus imparable ou le piratage informatique malveillant qui détruit tout. Ils sont devenus adeptes du "survivalisme", mouvement consistant à se préparer à survivre à la fin de la civilisation.

Le très sérieux magazine The New Yorker y a d'ailleurs consacré un dossier* à ces sociopathes qui ont détruit la planète, repris par d'autres publications à travers le monde. Leur seule obsession est de se préparer au pire, compte-tenu des faits observés :  forte montée des nationalismes, radicalisation intégriste, volonté de dégagisme des élites en place, risque de conflit nucléaire, réchauffement et perturbations climatiques, insécurité... Beaucoup consacrent leur temps et leur argent à se bâtir un refuge bunkérisé, inviolable, tout particulièrement dans des endroits reculés ou isolés (ile déserte, Nouvelle-Zélande...), et équipé comme il se doit en énergie solaire, vivres, armes et munitions. Ils réfléchissent aussi à construire des robots non humains pour servir de gardes et de travailleurs pour leurs "paradis" souterrains et dystopiques dans lesquels ils s’attendent à survivre une fois que la société s’effondrera. Mais la cause principale des tourments de ces "preppers" est la conscience très vive qu'ils ont des inégalités extrêmes, en particulier aux États-Unis, phare du capitalisme libéral mondial.

Le paradoxe de ce mouvement survivaliste, c'est que plutôt que de proposer de faire quelque chose pour résoudre la question des inégalités et donc éloigner au moins le risque d'explosion sociale, la seule réponse envisagée est de se protéger individuellement, non de remettre en cause leur avidité prédatrice sans limites. Ce cynisme traduit l'immaturité de leur conscience, confinant à l'illusion de la fausse sécurité extérieure achetée à prix d'or. Ils ne sont pas tant les vainqueurs du jeu économique que les victimes de leurs règles perversement limitées !

* Cf. article "Doomsday prep for the super-rich" par Evan Osnos, complété par le livre Survival of the Richest ("La survie des plus riches") de l’auteur états-unien Douglas Rushkoff, qui raconte notamment sa participation à un rassemblement secret de cinq milliardaires de la technologie quelque part dans le désert, au cours duquel on lui a posé toutes sortes de questions sur la façon de construire les bunkers souterrains les meilleurs et les plus sûrs.

 

Comment s'étonner que nous traitions la terre et les créatures qui la peuplent comme des ressources devant être mises au service de l'économie, et que nous considérions de manière admirative le contrôle que nous exerçons sur la nature par la technologie comme une des réalisations les plus remarquables de la société moderne ? Or, au même titre que les cellules d'un corps humain ne pourront rester longtemps saines si le corps et l'esprit qui les abritent sont malades, le corps ne restera pas en bonne santé si toutes ses cellules sont en compétition incessante entre elles. La société, le corps social, est un véritable être vivant qui a ses propres règles homéostatiques. Elles ne doivent simplement pas être ignorées, sous peine de générer de la souffrance pour tous les individus qui la composent.

 

Obsolescence technologique, obsolescence de la conscience

L'obsolescence* est le fait pour un produit d'être dépassé, ce qui entraîne la perte d'une partie de sa valeur d'usage en raison de la seule évolution

technique (on parle alors d'"obsolescence technique") ou de la mode (on utilise alors plutôt le mot "démodé"), même s'il est en parfait état de fonctionnement. Dans un monde dominé par la prédation mercantiliste, elle est une pratique commerciale devenue la base de l'économie moderne, souvent programmée, visant par ses artificiers à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement. Il peut alors s'agir d'un matériel délibérément conçu pour ne pas pouvoir "évoluer" (par exemple limité arbitrairement en taille de mémoire auxiliaire), ou de produits dont la conception comprend des "fragilités" délibérées (condensateurs électrolytiques peu durables, pièces de fatigue non renforcées, etc.). Dans les deux cas, le "metteur sur le marché" vise à entretenir un marché de renouvellement, par exemple par obsolescence technologique, d'estime ou esthétique. C'est ainsi que dans le domaine musical nous avons connu successivement les 78 tours sur le phonographe, puis les 45 et 33 tours, les cassettes audio au titane, sans titane, stéréo ou pas, puis les CD, les MP3 qui sont devenus MP4 et, sans doute demain, une nouvelle norme qui sera toujours plus mieux que bien. Ce que nous appelons progrès n'est que la marque d'un esprit malade, avili par les illusions terrestres qui empêchent de (re)trouver clarté et discernement. L'obsolescence planifiée est la réduction délibérée de la durée de vie des produits pour garantir la demande des consommateurs.
L'article qui refuse de s'user constitue bel et bien une tragédie commerciale pour la société de croissance moderne qui repose sur un cycle toujours plus rapide de production, de consommation et de mise au rebut.
* Voir le documentaire de 2010 "Prêt à jeter", en anglais The Lightbulb Conspiracy, qui combine des recherches d'investigation et des images d'archives rares pour retracer l'histoire inédite de l'obsolescence planifiée, depuis ses débuts dans les années 1920 avec un cartel secret, créé expressément pour limiter la durée de vie des ampoules électriques, jusqu'aux histoires actuelles impliquant des appareils électroniques de pointe (comme l'iPod) et l'esprit de résistance croissant des consommateurs ordinaires. Il rapporte des images inquiétantes d'Afrique, où les appareils électroniques mis au rebut s'entassent dans d'immenses cimetières de déchets électroniques.

 

… à la société de conscience et de connaissance

 

La société dite post-industrielle ou post-capitaliste conjugue deux grandes caractéristiques entremêlées. D’une part l’émergence dans la deuxième partie du vingtième siècle des nouvelles technologies dites de l’information et de la communication, basées sur l’ordinateur et le réseau, et qui vont connaître depuis une croissance exponentielle et déferlante dans la production de biens et de services. D’autre part, la montée en puissance d’une conscience éthique quant à la responsabilité première de l’être humain dans sa relation à la planète, à lui-même et aux autres. C'est une brèche ouverte dans une culture moderne qui n'accordait jusqu'alors aucune réalité à l'expérience intérieure et aux valeurs transcendantales dans l'organisation du fonctionnement de la société et le comportement social.

Ses principaux marqueurs sont :

- La prévalence de l’humain comme producteur de la connaissance.

- La prédominance du qualitatif et des acquis immatériels.

- La distribution raisonnable et équitable des biens, dans un but fonctionnel pour une population éduquée et dont le nombre reste raisonnable et stable.

- La valeur-ajoutée est la connaissance appliquée à la connaissance pour produire de nouvelles connaissances.

- Le capital humain est l’outil humain en réseau. Comme la connaissance ne peut être vendue au prétexte de sa rareté ou qu’il n’y en a plus, la relation commerciale se transforme en échange et en coopération.

- La dissolution de la notion de propriété intellectuelle, entraînant la nécessité d’inventer de nouveaux modèles plus ouverts et partagés.

- L'équilibre entre l'épanouissement de l'individu et le service à la communauté, soit un réseau social sain.

- La monnaie virtuelle, non bancaire, nouvelle façon de commercer en se protégeant de la fragilité de la monnaie de référence – le dollar –, en ne s’adossant pas à une puissance dominante, et en s’extrayant du risque lié à l’évolution incertaine des marchés financiers.

- Les nouvelles formes de financement* des projets d'activité.

* Le crowdfunding est un anglicisme qui signifie Financement par la foule ou encore financement participatif au sens large du terme. Le principe consiste dans le fait de soumettre par ses initiateurs un projet d'activité sur une plateforme dédiée afin de récolter de l'argent pour sa réalisation. Si ce moyen de financement est ouvert aux entreprises mais également aux particuliers, il peut également concerner le don participatif avec ou sans contrepartie. Quant au crowdlending, également forme de financement participatif, il signifie prêt par la foule ou prêt participatif, le porteur de projet étant tenu de rembourser les investisseurs selon des modalités prédéfinies en amont de la collecte.

 

C’est un net changement de manière de faire, qui passe par un choix. Celui d’un mode relationnel et d’un management des affaires comme des personnes authentiquement plus humain, ou celui de la tentation de continuer à manipuler le cerveau humain pour parvenir à ses fins, celles qui visent à rationaliser économiquement la connaissance pour conduire à l'industrie de la connaissance, soit la préservation des valeurs matérialistes. Comme d’habitude, l’homme a son libre arbitre entre deux voies…

 

Nouvelle culture

 

Nous nous trouvons une fois encore à un moment déterminant de l’histoire, moment où l’humanité doit décider de son avenir. Dans ce monde de plus en plus interdépendant et fragile, le futur est à la fois très inquiétant* et très prometteur si un réel changement de conscience s'opère. Pour évoluer, nous devons reconnaître qu’au milieu de cette grande diversité de cultures et de formes de vie, nous formons une seule humanité, une seule communauté terrestre partageant une destinée commune. Il est de notre devoir d'unir nos intelligences et efforts pour donner naissance à un vécu mondial fondé sur le respect de la nature, les droits universels de l’être humain, la justice économique, la culture de la paix. C'est notre responsabilité que de l'affirmer les uns envers les autres et envers les générations futures.

* Cf. Prophétie du changement.

 

La croissance qualitative devient l’enjeu

          L'énergie Feu               

          L'énergie Eau    

 

Nous sommes entrés dans une nouvelle époque, comme souvent par une crise profonde et désagréable. Nul ne peut contester que l’humanité dans son état de (in)conscience soit la principale cause de modification de l'équilibre de la planète. L’intervalle de temps très réduit constitué par le capitalisme industriel à base de thermodynamique, l’énergie du feu, a bousculé comme jamais auparavant l’équilibre d’un écosystème accompagné depuis l’ère romaine sur le plan ingénierie selon le paradigme vitruvien* de l’hydraulique. Soit l’énergie de l’eau, inverse du feu dans ses paramètres de calme et de douceur.

* Marcus Vitruvius Pollio, connu sous le nom de Vitruve, est un architecte romain qui vécut au Ier siècle av. J.-C. C'est de son traité, De Architectura, que nous vient l’essentiel des connaissances sur les techniques de construction de l'Antiquité classique. Il constitue la base d'une grande partie de ce que nous savons sur la technologie romaine (aqueducs, habitat, machines de guerre), fondée sur l’énergie eau.

 


Basé sur l’extraction coûteuse et l’exploitation des gisements de ressources énergétiques, minérales et minières non renouvelables jusqu'à leur épuisement, et ayant érigé par le combustible fossile le culte de la puissance exponentielle du moteur, soit la vitesse et l’accélération permanentes, le capitalisme industriel et financier a imposé son modèle, tout particulièrement à partir de la militarisation, de ses drames et conflits, et du passage dans le civil des ingénieurs formés initialement dans le système militaire. Il a conduit à un profond déséquilibre de l’écosystème par son système principalement construit autour de l'énergie pétrole, par la  surchauffe de sa croissance, par ses dépenses extravagantes d'emballage et de publicité, par une consommation fondée sur le gaspillage (Cf. grande distribution), par la boulimie énergétique du secteur des transports et de la production alimentaire, par la robotisation de l’homme, par sa modélisation culturelle imposée (Cf. Chine), et par la constitution de villes mégalopoles qui s'avèrent être un piège thermodynamique majeur. Il y a bien plus d'énergie fossile que d'énergie solaire dans la nourriture que l'on nous sert. En d'autres termes, il n'a fait qu'illustrer le principe d'entropie, soit de dissolution, propre à la thermodynamique comme à tout élément constitutif du vivant et de son fonctionnement.

 

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Les "empoisonneurs"

Le Climate Accountability Institute * a publié en 2019 un nouvel ensemble de données quantifiant la quantité de rejets de chacun des plus gros producteurs d’hydrocarbures. On y trouve les compagnies de gaz naturel, d’extraction de pétrole et de charbon, qui ont contribué à la crise climatique depuis 1965 d’une façon massive.

Le Top 20 des entreprises a contribué collectivement à la production de 480 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane, principalement lié à la combustion de leurs produits, ce qui équivaut à 35 % de toutes les émissions de combustibles fossiles dans le monde entier depuis 1965 (1,35 trillion de tCO2 au total) jusqu'en 2017.

* Organisation à but non lucratif fondée en 1977, basée à Boston (Massachusetts).

 

 

 

 

Son modèle est en effet bâti sur l’idée culte du taux de croissance à l’infini, démographique comme économique, transfrontières, ce qui a conduit à une société mondialisée faisant du progrès économique et technologique une religion, avec le mythe laïc d'un temps linéaire totalement inverse à la conception cyclique du temps des traditions qui nous ont précédé. C’est oublier que tout dans l’Univers et la nature est cyclique, l’écosystème comme les civilisations, qui fonctionnent sur une architecture en boucle, répétable à l’infini. Ainsi, le système économique actuel s'approche inéluctablement de son terme, tout comme la Tour de Babel a marqué symboliquement la fin brutale du rêve fou, de l’illusion de la toute-puissance de l’homme. Il a transformé la planète en une gigantesque machine composée de sous-systèmes étroitement imbriqués et interdépendants, attentatoire au bon équilibre du couple énergie-matière constitutif de l'Univers. Cette machine, nous le savons maintenant, est extrêmement vulnérable, ce qui lui confère un avenir des plus incertains.

En effet, autant dans les sociétés traditionnelles* le rapport à la Nature est enchanté, celle-ci étant un organisme vivant et non une collection d’objets disparates, autant dans nos sociétés contemporaines la culture se trouve prisonnière de valeurs marchandes et d’un rationalisme fermé. Qui plus est, son abondance d'apparence masque de nouvelles formes de pénurie - ressources naturelles, eau, air frais, terres arables, capacités d'absorption des déchets -, découlant en partie du type de technologies utilisées : combustibles fossiles, matières non biodégradables, toxicité de produits chimiques, engrais artificiels et pesticides.

* Ainsi la conception celtique de l’Antiquité, de l’Irlande à la Bretagne, est la dimension cosmique de la vie des humains qui n’a de sens que dans sa relation intime avec la vie du Ciel et de la Terre. Cette dimension, lieu des esprits et pas uniquement des dieux et des déesses, fut l’un des motifs essentiels de la répression chrétienne-romaine contre ces anciennes cultures par le biais d’une théologie tournant résolument le dos à la Nature.

 

Du suivi numérique de l'empreinte carbone

Un outil "open source" révolutionnaire, nommé "CodeCarbon", pour aider les organisations à suivre leur empreinte carbone découlant de l’Intelligence Artificielle et à soutenir leur engagement en faveur d’une technologie responsable, a été mis au point en 2020 par un groupement d'acteurs états-uniens. Il se compose de Mila, un institut de recherche à but non lucratif en intelligence artificielle, de BCG GAMMA, l'équipe mondiale du cabinet de conseil Boston Consulting Group, Haverford College, université de premier cycle en arts libéraux située à l’extérieur de Philadelphie, et de Comet.ml, principal fournisseur de solutions MLOps auto-hébergées et basées sur le cloud. 

Ce progiciel léger qui s’intègre parfaitement dans une base de code Python (langage informatique) estime la quantité de dioxyde de carbone produite par les ressources informatiques utilisées pour exécuter le code afin d’inciter les développeurs à optimiser l’efficacité de leur code. Il conseille également les développeurs sur la manière de réduire les émissions en sélectionnant leur infrastructure cloud dans les régions qui utilisent des sources d’énergie à faible émission de carbone.

Le tracker de CodeCarbon enregistre la quantité d’énergie utilisée par l’infrastructure sous-jacente des principaux fournisseurs de cloud et des centres de données sur site hébergés en privé. Sur la base de sources de données accessibles au public, il estime la quantité d’émission de CO2 produites en se référant à l’intensité carbone du mix énergétique du réseau électrique auquel le matériel est connecté. Il enregistre l’équivalent de CO2 estimé produit par chaque expérience et stocke les émissions à travers les projets et au niveau organisationnel. Cela donne aux développeurs une plus grande visibilité sur la quantité d’émissions générées par la formation de leurs modèles et rend la quantité d’émissions tangible dans un tableau de bord convivial en affichant des équivalents en nombres faciles à comprendre comme les kilomètres parcourus en voiture, les heures de télévision regardées et l’énergie quotidienne consommée par un ménage américain moyen.

Open Source et communautaire

Ses développeurs s’attendent à ce que CodeCarbon contribue également à introduire une plus grande transparence dans la communauté des développeurs, leur permettant de mesurer puis de signaler les émissions créées par un éventail d’expériences informatiques.

 

Aussi ce mode de production associé au bilan écologique établi et à la prise de conscience en découlant conduisent désormais à l’indispensable changement de la culture économique, en tout cas à la fin de sa dictature dans un fonctionnement sociétal où les économistes ont remplacé les prêtres. Si un débat fait rage entre d'une part les partisans de la décroissance et d'autre part les soutiens au nécessaire moteur qu’est la croissance, tout particulièrement politiques pour avoir bâti toute leur programmation idéologique sur cet axiome, l’apport d’une nouvelle catégorie d’experts - géologues, historiens de la terre, penseurs de la planète – s’avère être précieuse pour tracer les nouveaux contours de notre mieux vivre ensemble à travers l’émergence d'une conscience écologique, environnementale. Nouvelle perspective sociale, cette écologie de la pensée* peut grandement aider au dépassement de cette logique mercantile qui disqualifie l’Imaginaire, la poésie, la spiritualité, et permettre la redécouverte des composantes de la mémoire culturelle en harmonie avec la Nature vivante. 

* Cf. Travaux de l'anthropologue et psychologue états-unien Grégory Bateson (1904/1980) ; notion d'"ecosophia", d’une sagesse écologique, de Félix Guattari, psychanalyste et philosophe français (1930/1992).

 

Mastodontes en faillite

L’un des nombreux avatars d’une économie prédatrice des ressources sans conscience matinée d’une mondialisation absurde dans son orchestration au service d'une minorité*, qui plus est dans un monde de taux négatifs, a vu un des géants du transport de loisirs, le britannique centenaire Thomas Cook (créé au milieu du XIX° siècle), se crasher lourdement en septembre 2019, mettant 600 000 voyageurs en situation de rapatriement d'urgence. Permettant de pouvoir voyager à l’autre bout de la planète pour peu cher, l’avion à bas coûts était devenu la base du tourisme de masse, censé répondre à l'équation transport low-cost + voyagiste bas prix = tourisme de masse. Mais à force, on finit par se rendre compte que le déjà fragile équilibre économique n’est plus forcément au rendez-vous. C’est exactement ce que montre les faillites à répétition de compagnies aériennes (par exemple en France XL Airways et Aigle Azur), ou encore de voyagistes, d'agences de voyages et d'entreprises de services de réservation et autres activités connexes, ébranlant l'ensemble du secteur, et par répercussion le fonctionnement économique de nos sociétés basé sur le moteur de la croissance. La démondialisation et la "décarbonisation" de l’économie vont ainsi laminer ces deux "industries" dans les années à venir, signifiant la fin de la mondialisation "heureuse" bêlée à l'unisson par ses chantres illusionnés. Après des années de délires collectifs, les pertes apparaissent  pour ce qu’elles sont, monumentales, à l'instar d'Etihad Airways, la compagnie aérienne d’Abu Dhabi (1,3 milliard de pertes en 2018). "Etihad Airways va reprendre la mise en service de cinq nouveaux appareils Airbus A350-1000 dans le cadre de son plan de transformation opérationnelle en cours. L’Airbus A350 reste un élément important de la stratégie future de la flotte et du réseau d’Etihad. Une décision sur la date d’introduction sera prise dans le cadre de la planification stratégique globale de la compagnie", explique officiellement Etihad. Quant à l'avionneur européen Airbus pas mieux, il a commencé à revoir significativement à la baisse ses prévisions de livraisons d'avions commerciaux, faisant état d'une chute des commandes sans précédent, d'autant qu'en 2021 le gouvernement allemand a annoncé commander à Boeing cinq patrouilleurs maritimes et de lutte anti-sous-marine à son détriment (contrat estimé à 1,77 milliard de dollars), et ce en dépit d'un accord avec la France pour développer un avion en commun. Cerise amère sur le gâteau, la compagnie low cost EasyJet, pour la première fois de son existence, a prévu en septembre 2020 une perte annuelle avant impôt d’environ 900 millions d’euros conséquence de l’effondrement du nombre de passagers transporté qui a chuté de 50 %.

Il en découlera tout naturellement d'ici quelques mois les plans d’ajustement et de sauvegarde de l’emploi dans le secteur aéronautique, d'autant qu'est venu se greffer début 2020 l'effet "Coronavirus" de l'épidémie mortelle chinoise, auquel s'ajoute les conclusions d'un rapport du think tank Shift Project (collectif d’anciens et actuels étudiants de l’Isae-Supaero) appelant à définir un budget carbone pour l’aviation jusqu’à 2050 à ne pas dépasser, celui-ci passant par la baisse inéluctable du trafic estimé à environ 20% d’ici à 2050 au niveau mondial (ce qui entraînerait la baisse de la construction d’avions de 55 %). Ses préconisations consistent en la suppression des vols aériens dès lors qu’une alternative ferroviaire existe en moins de 4h30, l'allocation de droits à voyager (sorte de quota d’heures de vol à ne pas dépasser), l'instauration d'une taxe progressive indexée sur la fréquence des voyages et de la distance parcourue à la manière de l’impôt sur le revenu

Si l'activité des compagnies aériennes du monde est en chute libre (les aéroports américains affichent une fréquentation en baisse de 60 % à 70 % par rapport à la même période en 2019), conduisant inéluctablement à une "cure d'amaigrissement" drastique sur le plan humain, avec son lot de déclassement et de souffrances lié, les implications d’une telle politique restrictive sont évidentes : baisse du trafic inévitable et chute du tourisme par avion.

* Cf. Le modèle européen décodé (2) L'idéologie mondialiste.

 

Le naufrage de l'industrie aéronautique

Le crash du vol 302 d'Ethiopian Airlines le 10 mars 2019, puis du vol Lion Air 610 du 29 octobre 2018 impliquant la nouvelle version Boeing 737 Max, survenus tous deux peu après le décollage et ayant causé la mort au total de 346 personnes, ont entraîné la compagnie américaine Boeing à en suspendre la production en janvier 2020, près de 400 avions neufs ayant été stockés sur différents sites et clouant au sol 389 avions en service. Ce sont non seulement des ventes en moins, mais également des pièces détachées et des prestations de maintenance en moins, se chiffrant en milliards de dollars. Il s'agit ni plus ni moins que d'un naufrage industriel, se répercutant sur son concurrent européen Airbus dans une industrie jusqu'alors de croissance largement duopolistique. En effet, si l’un des deux acteurs ne joue plus son rôle, c’est extrêmement disruptif pour l’ensemble de l’industrie, le carnet de commandes de la famille A(irbus)320 étant très fourni... L’aérien étant une industrie tellement lourde et qui demande de tels investissements, il ne peut y avoir d’élasticité de l’offre. Qui plus est, les taxes imposées sur Airbus par l'administration américaine sont un grave problème pour les clients puisque incombant à l’importateur. Quant à la lutte contre le (pseudo) réchauffement climatique, elle ne peut que fracasser un peu plus le dynamisme de cette industrie extrêmement polluante. L'aviation en a terminé d'ores et déjà avec sa croissance forte...

D'abord, par l'apparition encore au stade de l'essai de l’Airbus 350 qui décolle sans pilote et tout seul grâce à l'Intelligence Artificielle (IA). Tout comme les drones armés et tueurs qui volent chaque jour en étant piloté à distance à des milliers de kilomètres via des constellations entières de satellites déployées, ce sera bientôt au tour des avions, des trains, en passant par les camions et autres poids lourds, ce qui ne manquera pas de se traduire par la suppression de millions d’emplois dans le transport. Ensuite par les effets de la crise sanitaire Covid-19 devenue crise économique à mi-année 2000, le groupe Airbus, société de 135 000 salariés (dont 81 000 dans la branche avions commerciaux) ayant annoncé après des décennies de croissance ininterrompue une réduction significative de son format par la suppression de plus de 18 000 postes via départs à la retraite et départs volontaires*. Le moins mauvais des scénarios, pour l'instant du moins. De même, la crise accélère la fin de vie des gros porteurs, devenus inadaptés car trop chers, trop polluants, trop gourmands en carburant. Les "superjumbos" n’ayant plus la cote, c’est au tour du Boeing avec son quadriréacteur 747-8 de tirer sa révérence après l’A380, dont Airbus avait annoncé la fin de la production en février 2019.

* De son côté, la compagnie allemande Lufthansa, géant du secteur et premier groupe européen, a annoncé début juin 2000 vouloir supprimer 22000 emplois à travers le monde sur ses 135 000 salariés, ce plan représentant 16 % de ses effectifs totaux. Elle compte également se séparer de 100 avions Airbus, sur les 763 appareils que compte sa flotte, ce qui va évidemment terriblement peser sur les ventes d’avions neufs, et donc sur les lignes de production et tout l’écosystème autour d’Airbus. Quant à Air France-KLM, c'est un plan de réduction de 8 000 à 10 000 salariés qui a été annoncé, soit 15 à 20% des effectifs du groupe (55 000 environ), le groupe bénéficiant d'une aide de 7 milliards d'euros de l’État français et de 3,4 milliards de l’État néerlandais (via notamment onze banques pour 2,4 milliards), avec en 2021 une opération de recapitalisation incluant la conversion d’un prêt public français de 3 milliards d’euros en quasi fonds propres et une nouvelle levée de fonds d’un milliard, destiné à permettre à l’État français de plus que doubler temporairement sa participation dans l’entreprise aérienne franco-néerlandaise à près de 30 %. Les chiffres de ses pertes pour l'année 2000 donnent effectivement le "tournis", s'établissant à 7,1 milliards d’euros (il a été privé des deux tiers de ses clients), soit un effondrement de 59 % par rapport à 2019 pour tomber à 11,1 milliards d’euros (avec également une perte de 595 millions d’euros due à des achats anticipés de kérosène) ! Aux États-Unis, American Airlines a annoncé qu'elle allait licencier 19 000 personnes et United Airlines 13 500. A très court terme, ce sont 100 000 postes qui sont menacés (50 000 suppressions de postes en Europe).

 

Le modèle de la grande distribution menacé

Désormais menacés par les géants du numérique et de nouveaux usages, les acteurs historiques de la grande distribution luttent sans merci pour assurer la pérennité de leur modèle. Ce concept révolutionnaire du "tout sous le même toit" avait été popularisé dans les années soixante (en 1963 par Carrefour en France) avant de conquérir le monde entier. Aujourd’hui pourtant, le pionnier français comme ses concurrents a un genou à terre. La cause se trouve notamment dans la crise du gigantisme, associé à une déshumanisation du commerce et à la surconsommation, pointée du doigt à l’heure des grands défis écologiques. Et selon les experts, la toute-puissance de certains groupes serait menacée d’ici dix ans.

C'est pourquoi tout le secteur cherche à sauver ce qui peut l’être, quitte à verser dans des pratiques à la limite de la légalité. Ainsi, pour obtenir des prix toujours plus bas sans lesquels elles seraient désertées, les grandes enseignes mettent les fournisseurs sous pression au cours de renégociations annuelles réputées difficiles : entretiens dans des box minuscules à la température trafiquée, chaises bancales sabotées pour l’inconfort, discriminations sexistes, violence verbale… Sans compter les contrats qui gardent captifs les franchisés ou les nouvelles alliances européennes de centrales d’achats, particulièrement opaques, qui facturent aux fournisseurs des services qualifiés par certains de "fictifs".

La peur de disparaître pousse les grandes enseignes à toujours plus d’agressivité, avec dans leur ligne de mire les plates-formes d’e-commerce qui pourraient rapidement précipiter leur ruine. En effet, trois ans à peine après avoir racheté pour 13 milliards de dollars Whole Foods*, Amazon a déjà lancé sa propre enseigne, Amazon Fresh. Elle repose sur des magasins dans lesquels les Caddies connectés améliorent l’expérience de clients fidélisés par abonnement et dont les moindres données sont collectées. En France, Amazon détient déjà 10 % du marché des produits de grande consommation…

Paradoxalement, si Amazon rebat les cartes, l'entreprise devient tellement grosse que cela pose un problème de monopole. Aussi, même si la grande distribution est logiquement décriée, il pourrait paradoxalement être de l’intérêt aussi bien des citoyens comme des consommateurs de sauver le soldat grande distribution pour saper la puissance d’Amazon et lui organiser des contre pouvoirs...

* Whole Foods Market est une entreprise de distribution alimentaire de produits biologiques, présente aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. La société a été en 1980. Son siège social est situé à Austin au Texas.

 

L'effondrement du secteur de l'habillement

Camaïeu, Go Sport, chaussures André, Kookaï, Célio, la Halle, Naf Naf, Pimkie… Le secteur de l’habillement, à l'instar des enseignes d’habillement, de restauration, d’équipement de la maison et d’articles de sport (BHV Marais, Galeries Lafayette...), traverse depuis le début 2023 une crise profonde, se traduisant par des difficultés économiques de toutes les enseignes françaises d’entrée ou de moyenne gamme présentes notamment dans les centres commerciaux. Trois ans après leur fermeture provisoire en mars 2020 pour lutter contre l’émergence de la pandémie de Covid-19, nombre de ces enseignes risquent de définitivement tirer le rideau. C & A a ouvert le bal, fermant les portes de deux de ses trois magasins parisiens (boulevard Haussmann et rue de Rivoli) début février. De son côté, faute de repreneurs, San Marina, placé en redressement depuis septembre 2022, est désormais menacé de liquidation judiciaire (l'enseigne exploite 163 magasins et emploie 680 personnes). Les salariés de Go Sport (2 160 employés), Kookaï (320 personnes), Burton (600) et André (280) sont, eux aussi, dans l’expectative, leur employeur ayant été placé en redressement judiciaire ou en procédure de sauvegarde.

Cette crise du secteur avec sa vague de faillites spectaculaire a en fait débuté en 2015, année qui a vu un point de bascule des chaînes d’habillement qui, sous le diktat de fonds d’investissement ou de la Bourse (Brice, Etam, La Halle ou Camaïeu), avaient participé à construire la France des 800 centres commerciaux. Elles ont désormais mis fin à leur course au mètre carré et à l'ouverture incessante de magasins. Autre facteur explicatif, les lendemains qui déchantent après le "quoi qu’il en coûte" de la gestion fantasque de la crise sanitaire Covid par les autorités institutionnelles, les plans de soutien ayant simplement retardé de 24 à 36 mois par l’argent gratuit obtenu sans condition de rentabilité un état de survie déjà artificielle de ces enseignes depuis belle lurette mal en point*. Quant aux classes moyennes et populaires familières de ces enseignes, l’envol de l’inflation à partir du second semestre 2021 a commencé à laminer leur pouvoir d’achat, les salaires ne suivant absolument pas de leur côté la courbe des prix de l’énergie et de l’alimentaire. Sans oublier les changements d'habitudes de consommation amorcés pendant les périodes de non-activité imposées de mars 2020 à février 2022, s'étant traduites par un recours massif au e-commerce*² qui a amputé de 20% les parts de marché réalisés en boutique. 

C’est bel et bien la fin du modèle que fut le moyen de gamme "sympa et abordable", dont l'heure de gloire fut au début des années 1980 lorsque la croissance reposait sur une classe moyenne solvable bien moins regardante sur les "achats plaisir". Cette hécatombe de faillites est le reflet de la paupérisation, voire de la désintégration des classes moyennes, qui tendent à basculer vers le niveau inférieur.

* Tout à l'inverse, le secteur du luxe qui voit les ventes exploser grâce au "pricing power" des marques (plus c’est cher, plus la clientèle fortunée achète), cette catégorie de population ayant particulièrement profité de l’argent abondant et gratuit et de la hausse fantastique des actifs financiers en 2021.

Internet est le monde des promos permanentes, des "ventes flash" et des "soldes à 80% à saisir de suite", avec en parallèle la montée en puissance des reventes d’articles de seconde main par des sites de friperies en ligne type Vinted ou Leboncoin. 

 

Le modèle économique du mastodonte défaillant

Amazon, créée en 1994, est l'entreprise de référence du commerce électronique en ligne. Américaine, elle est basée à Seattle. Elle est l'un des géants du Web, regroupés sous l'acronyme GAFAM, aux côtés de Google, Apple, Meta (anciennement Facebook) et Microsoft. Son modèle économique est dorénavant défaillant, l'entreprise ayant un problème structurel et d’inadéquation avec l’évolution du monde.  Car l'histoire des livraisons est un pur délire, de même que le ballet incessant des camionnettes et des flopées de sous-traitants aussi mal payés que maltraités. Le groupe est une gabegie de ressources, une mine de production de pollution, de CO², un non sens écologique total. Socialement, le e-commerce à un tel niveau de gigantisme ravage les petits commerces et le tissu commercial des villes y compris les grandes.

En fait, Amazon perd de l’argent chaque année et à chaque livraison, ne gagnant de l’argent que grâce à sa filiale AWS - Amazon Web Services -,  spécialisée dans les services de cloud computing* à la demande pour les entreprises et particuliers. En 2020, AWS a en effet généré 45 milliards de dollars des 386 milliards de dollars du chiffre d'affaires monde d'Amazon, soit 11.5%

Aussi l'entreprise a décidé courant 2022 de fermer et d'abandonner ses plans pour des dizaines d’entrepôts aux États-Unis afin de réduire la taille de ses opérations de livraison tentaculaires dans un contexte de ralentissement de la croissance des ventes. Au total, le plan d'annulation porte sur 42 installations totalisant près de 25 millions de pieds carrés d’espace utilisable. La société a également retardé l’ouverture de 21 autres sites, pour un total de près de 28 millions de pieds carrés, et d'annuler une poignée de projets européens, principalement en Espagne.

Il va sans dire que l'entreprise a réduit le nombre d’employés en laissant des postes vacants, en ralentissant l’embauche et en renforçant les normes disciplinaires ou de productivité. Au cours du deuxième trimestre, les effectifs d’Amazon ont ainsi diminué d’environ 100 000 emplois pour atteindre 1,52 million, soit la plus forte contraction trimestrielle de l’histoire de l’entreprise.

* Le cloud computing, en français "l'informatique en nuage", est la pratique consistant à utiliser des serveurs informatiques à distance et hébergés sur internet pour stocker, gérer et traiter des données, plutôt qu'un serveur local ou un ordinateur personnel.

 

Les GAFAM, géants sévèrement chahutés

Depuis le 1er janvier 2022 les cours de bourse des GAFAM, ces grosses valeurs américaines de la "tech" qui font rêver nombre d'illusionnés du système économique établi, souffrent terriblement : META (Facebook) a baissé de 70 %, Alphabet, la société cotée de Google, de 39 %, -48 % pour Amazon, Microsoft de 32%, seul Apple, le bon élève de la classe, ne perdant qu'environ 24 %.

Les grandes entreprises technologiques sont entre autres accusées d'exploitation des enfants qui, pour un ou deux dollars, travaillent toute une journée à mains nues, des femmes portant des bébés sur leur dos, et des hommes travaillant dans les sombres carrières d'extraction de cobalt nécessaires au monde de la durabilité, des voitures électriques, des batteries, des smartphones, des téléphones cellulaires, des nombreux appareils électroniques. Dans les tunnels sensibles aux effondrements, les tragédies les plus effrayantes, comme mourir enterré vivant, ne sont en effet pas rares. Il est tout aussi vrai que ceux qui parviennent à survivre porteront l'énorme fardeau de la pollution et de la radioactivité. C'est notamment le cas au Congo, un État très pauvre, qui après s'être libéré de la couronne belge, voit la néo-colonisation sévir encore aujourd'hui.

 

Les graves dysfonctionnements constatés du système économique, tel qu'il existe dans la civilisation occidentale depuis la création du système bancaire au début de la révolution industrielle, deviennent désormais une réalité pour le quasi ensemble de la population. Elle en ressent dans la vie quotidienne les effets pervers, liés à l'informatisation de la finance et à la mondialisation de l'économie.

Des économistes, qui pourtant ont été les tenants de ce système, commencent à reconnaître qu'il est à bout de souffle et qu'il faut lui substituer un autre mécanisme, incluant une baisse inéluctable de la démographie.

 

Vers l'inéluctable réduction de la population mondiale

Selon les déclarations formulées il y a près de quarante ans du scientifique américain, professeur émérite de gestion des systèmes et ancien directeur de l’Institut de recherche sociale et politique de l’université du New Hampshire Dennis Meadows*, "Nous devons réduire la population mondiale de 7 milliards à 1 milliard et espérer que cette extinction se produise pacifiquement."

En effet, "si les tendances actuelles de la population mondiale, de l’industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l’épuisement des ressources restent inchangées, les limites de la croissance sur cette planète seront atteintes au cours des 100 prochaines années."

* Coauteur de l’ouvrage emblématique "Les limites de la croissance" avec feu Donella H. Meadows, Jørgen Randers et William H. Behrens III.

 

Les lois de la physique s'appliquant à tout ce qui existe, au monde inanimé comme au monde animé, aux activités humaines et par-là même à l'économie, c’est la raison pour laquelle un système économique, pour fonctionner de manière optimale et durable, doit être défini de façon cohérente avec les lois de la nature, c'est-à-dire les lois de la physique. C'est ce qui définit l'économie scientifique*. A cette réalité qu’est la Nature et au pragmatisme de la vie que permet la physique se rajoute la conscience, soit l’éthique sur laquelle se fonde toute civilisation dite évoluée. Encore faut-il que chacun soit parfaitement sensibilisé à la chose... Alors seulement l’énergie d’amour peut magnifier le vivant dans toute sa diversité, et œuvrer pour le meilleur dans ses choix et ses volontés... Une économie scientifique ne peut l'être sans conscience.

* Ses bases ont été exprimées par le physicien anglais Frederick Soddy  (1877/1956) dans sa publication de 1926 Wealth, Virtual Wealth and Debt ("Richesse, richesse virtuelle et dette").

 

L’économie scientifique

Elle part du principe évident qu'aucune vie sociale commune non conflictuelle ne peut être envisagée entre des individus qui ne partageraient pas ce postulat. A partir de là, le rôle fondamental du système économique est de créer et de distribuer de la richesse de manière optimale pour le bien-être de l'ensemble de la population actuelle et sans nuire aux générations futures. Pour ce faire, il respecte les règles physiques de circulation de l’énergie propres à toute activité. Comme une machine a besoin d'énergie pour fonctionner (combustible, électricité), de même un humain, pour vivre et penser, a besoin de l'énergie que lui apportent les produits alimentaires qu'il consomme.

Alors que la même monnaie peut circuler indéfiniment dans le système économique véhiculant à chaque rotation de la nouvelle richesse (biens et services), l'énergie ne peut être consommée qu'une fois. Par exemple, les gaz d'échappement d'un moteur de voiture ne pourront plus jamais redevenir spontanément du carburant.

Le paramètre qui permet de rendre compte du caractère irréversible du processus économique, du fait que celui-ci a besoin de consommer des ressources de richesse-énergie disponibles qui ne sont pas illimitées, ce n'est donc pas la monnaie, mais l'énergie.

Un modèle d'économie scientifique s'intéresse ainsi à la vraie richesse, la richesse-énergie véhiculée par les processus de consommation ainsi que de création de nouvelles richesses futures (investissements productifs). Les opérations financières spéculatives ne créent aucune richesse, les gains ainsi obtenus par certains, d'autres les ont perdus. La dette n'est qu'une création de l'esprit humain et ne contient ni ne véhicule aucune énergie. C'est une quantité fictive, négative. La monnaie est une richesse pour son propriétaire, mais une dette (sans intérêt) pour la communauté monétaire. Elle représente la quantité de richesse que la communauté doit fournir sur demande au propriétaire de la monnaie, conformément au pouvoir d'achat de cette monnaie au moment de la demande.

 

Il est indéniable que ce n'est pas la croissance qui pollue. C'est la production, dans ses modalités conduisant à sa démesure, et la dictature du système qui la soutient, où marketing et publicité dédiées au tout consumérisme imposent leur tempo. Il en découle naturellement deux conséquences. D’une part, le changement de sa nature, par les indispensables innovation et investissement dans les technologies dites "vertes", moins énergétiques, sans tomber dans l’illusion d’un capitalisme "vert" vertueux*. D’autre part un comportement de tous les acteurs, producteurs comme consommateurs, privilégiant la qualité à la quantité. Cela induit la primauté de la culture sur l’économie, et une façon de vivre, de penser et d’agir fondée sur la sobriété, la frugalité et le partage du gâteau par des expérimentations collectives. Autant dire une gigantesque cure de désintoxication pour la grande majorité des institutions et des individus.

* Ainsi la question du nucléaire, qui voit dans le cadre de la compétition économique de nations pourtant solidaires et fraternelles au sein de l'Union européenne l’Allemagne chercher à affaiblir la compétitivité de la France en la forçant à changer de mode d’électricité. Si l’Allemagne a pris la décision d'éteindre ses centrales nucléaires pour des raisons écologiques, c’est pour allumer celles au charbon qui ne sont pas franchement écolo ! Au final, cela donne des voitures électriques rechargées à l’électricité nucléaire française exportée par la France ou au charbon produit par l’Allemagne, pour une facture écologique alourdie.

 

Énergie et économie

Le financier et entrepreneur français Charles Gave tout comme l'ingénieur et entrepreneur français Jean Marc Jancovici ont théorisé ce qu'est la nature première de l'économie, de l’énergie transformée. Car rien ne se fait, rien ne se vend qui ne consomme de l’énergie, la substance de l'univers, expliquant au passage dans notre fonctionnement civilisationnel vicié la formule empirique en forme de clin d’œil chère - au sens propre comme figuré - aux "taxovaures" : E = m.c2 (E: énergie, m: modèle énergétique, c: con-sommateur). Pour eux, quel que soit le modèle retenu (charbon, pétrole, gaz, nucléaire etc), la taxe sur l’énergie doit être proportionnelle au carré de la consommation !

Aussi, dans le fonctionnement de la réalité terrestre caractérisé par l'exploitation, la production et l'échange sous forme monétisée des ressources traduites en services et produits (biens) de consommation, la question principale est celle de sa disponibilité et de son coût. Tant que la rentabilité de sa transformation en produits est satisfaisante, il en découle une période favorable à la croissance sans inflation, les marchés financiers montant alors de façon régulière. Si tel n'est pas le cas, le prix de la plupart des produits grimpe pour couvrir leurs coûts d'acquisition et de fabrication énergétiques. Il en découle que certaines entreprises ne peuvent le faire, disparaissent, entraînant à la fois une hausse de l’inflation (moins de concurrence = prix plus élevé) et une croissance de l’économie faible voire négative.

A la base, la production d’énergie nécessite de lourds et coûteux investissements, sur une durée conséquente. Aussi le cycle énergétique est profondément différent du cycle économique, beaucoup plus court. Il y a de ce fait décorrélation dans la valorisation des entreprises, entre celles qui produisent l'énergie et celles qui produisent les produits qui en découlent. Investir coûtant cher avant que d'en tirer à long terme bénéfice, les producteurs d'énergie vont de ce fait lorsque l'énergie est bon marché, profitant alors aux producteurs de produits qui s'en servent, à limiter sinon arrêter les nouveaux investissements pour ne pas pénaliser leurs valeurs en bourse. La répercussion est alors inévitable en matière d'offre d'énergie, qui cesse d'augmenter, entraînant une hausse significative de son prix qui fragilise tant les producteurs de produits qu'au final le consommateur. Cela explique la vague inflationniste qui suit souvent les hausses du prix de l’énergie, avec comme conséquences la disparition d'entreprises, la fermeture d'usines, la montée du chômage et l'érosion du pouvoir d’achat...

Comme c’est à ce moment-là que les sociétés productrices d’énergie se mettent à gagner beaucoup d’argent, elles se mettent à investir massivement puisque produire de l’énergie est à nouveau extrêmement rentable, avant quelques années plus tard de se retrouver confrontées au problème initial qui voit l’offre passer au-dessus de la demande ! C'est pourquoi la rentabilité boursière du secteur énergétique voit les valeurs énergétiques monter de façon discontinue, et les autres de façon continue et régulière, les premières étant les bénéficiaires sur le long terme puisque détenant "l'or" indispensable au fonctionnement de l'économie.

Compte-tenu de la baisse continue des énergies fossiles, tout particulièrement du pétrole, et du déploiement continu des nouvelles technologies - internet et de tout ce qui s’y rattache (stockage de données, ventes en ligne, objets connectés etc…) -, c'est désormais une formidable croissance de la demande d’électricité dans le monde entier qui caractérise la demande énergétique, ce qui annonce une pénurie d’électricité à un horizon pas trop lointain, et de ce fait une nouvelle crise de sous-capacité énergétique. Autrement dit, l'économie telle que pratiquée par les êtres humains en leur état de conscience crée sans cesse de la dette, à la planète pour ses ressources extraites comme au déficit budgétaire des États qui s’impose à tous, entreprises comme individus. Notre mode de vie, parce qu'entropique, produit du déficit, les reports des uns sur les autres au moyen d'une panoplie d'artifices n'étant qu’illusions - le tour de bonneteau du magicien -, qui accélèrent et conduisent inéluctablement à l’effondrement généralisé. Reste la véritable énergie libre, infinie et gratuite, celle de l’Intelligence - sa supraconscience -, son intelligence existentielle souveraine, seule à même d'offrir la voie d'accès à une dimension de réalité libératoire... Alors l'être humain peut commencer sa décroissance personnelle en nourrissant le moins possible la bête, le système prédateur, et s'engager sur un nouveau chemin de croissance par sa force créatrice atomique retrouvée*...

* Cf. Le chemin alchimique.

 

L'illusion du recyclage écologique

Le slogan de propagande du recyclage a pour vocation à asseoir une "industrie du recyclage", conséquence d’une industrie du déchet et du gâchis. Tout comme il n’y a pas de bons déchets, il n’y a pas de bon recyclage. C'est pourquoi le recyclage est un échec quand il existe, le meilleur déchet étant fort logiquement celui qui n’est pas produit. Ceci supposerait de ne pas produire, tout particulièrement la totalité des emballages plastiques et suremballages indispensables à notre consommation de masse et au marketing. C'est pourquoi on préfère interdire des choses secondaires comme les pailles pour boire que remettre en cause les fondations du système capitaliste marchand. Il en découle que c’est la course ridicule à l’échalote à celui qui sera plus écolo que les écolos. Mais si faire ses courses contribue à tuer la planète, tout comme manger, rouler, partir en vacances qui plus est en avion low-cost, le pire c’est quand nous épargnons. Car en achetant un tracker, ce produit financier qui réplique un indice sans réfléchir, nous ne trions pas les entreprises polluantes des non polluantes. De ce fait, nous polluons ! Et avec cette logique, nous pourrions aussi bien interdire d’acheter certaines actions, celles des entreprises polluantes, qui ne devraient plus avoir l’autorisation d’être cotées en bourse, de même que toutes celles qui polluent directement ou indirectement (par exemple, toutes les actions pétrolières ou gazières, tous les distributeurs de produits ou fabricants de produits utilisant à un moment du pétrole ou ses dérivés). Autrement dit, la fermeture de 100 % des bourses, avec bien sûr la... bénédiction des épargnants écolos. Pas si sûr en fait !

 

Du coût de la transition énergétique

Les chiffres sont formels : la transition énergétique ne se fera pas selon la version romancée que nous vend une partie de la classe politique. Ceux qui pensent qu’il suffirait de "faire payer les riches", et ceux qui imaginaient que l’humanité allait prendre avec le sourire le chemin de la décroissance en seront pour leurs frais. Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) en 2023 confirme trois éléments majeurs qui viennent battre en brèche les arguments de certains politiques qui veulent faire de la transition énergétique un programme écologique ou égalitariste.

Le premier est que l’humanité ne prend pas la voie de la préservation de l’environnement avant tout. Elle ne cherche pas à réduire son effet sur les écosystèmes ou à limiter sa consommation d’énergie, mais à conserver et améliorer son niveau de vie.

Le deuxième est que la transition énergétique est chère, très chère même. Il s’agit donc d’un effort significatif qui représentera un coût colossal pour l’ensemble des citoyens. Celui-ci est désormais chiffré, et il se monte en milliers de milliards d’euros par an.

Le troisième élément est que la transition énergétique est compatible avec le capitalisme et le libéralisme. Les investissements nécessaires à la migration vers le zéro carbone peuvent être – et sont déjà en grande partie – assurés par des capitaux privés, du fait de leur rendement positif. Pas besoin, donc, de nationaliser nos économies et réguler tous nos faits et gestes au nom d’un idéal décarboné : le secteur privé prend déjà, par lui-même, le chemin de la décarbonation.

Si nombre d'écologistes prônent la baisse globale du niveau de vie pour réduire la consommation d’énergie, et que certains y voient le levier idéal pour réduire nos émissions de CO, les derniers chiffres de l’AIE prouvent que ce n’est pas la voie dans laquelle l’humanité s’engage. La consommation d’énergie continue de croître (23 966 TWh en 2020, 25 300 TWh en 2021), et le monde continue d’investir massivement tant dans l’amélioration de l’efficacité énergétique (la quantité d’énergie consommée par point de PIB créé) qu’en offre absolue d’énergie, la consommation globale d’énergie devant encore en dépit d'une croissance atone augmenter entre 1% et 2%, et plus du double pour la consommation d’électricité. Dans le même temps, l’augmentation de l’efficacité énergétique devrait s’établir entre 1% et 2%. Ainsi, la hausse de niveau de vie de l’humanité sera assurée, en 2023, à 50% par l’augmentation de consommation d’énergie et à 50% par l’augmentation d’efficacité de l’énergie utilisée.

La transition énergétique a de ce fait été initialement présentée aux populations sur des bases fallacieuses. La première est qu’elle ne coûterait que quelques milliards d’euros ; la seconde qu’il était possible de la financer en concentrant l’effort sur des acteurs économiques ciblés (groupes pétroliers, milliardaires, usines chinoises). Dans tous les cas, il s’agissait de faire croire que les efforts seraient soit insignifiants, soit portés par "quelqu’un d’autre". La réalité est que les entreprises n’utilisent pas les énergies fossiles par volonté de nuire, de polluer, ou d’asservir d’innocentes victimes, mais parce qu’elles ont des caractéristiques uniques et qu’elles sont bon marché par rapport aux services rendus. Le corollaire est que s’en passer coûtera cher et que, si les énergies renouvelables ont des avantages indéniables en termes de pérennité et de protection de l’environnement, elles sont dans un premier temps un investissement coûteux*. Or, le retour sur investissement à court terme des énergies renouvelables est inférieur à celui des fossiles. Ces milliers de milliards d’euros sont un coût net pour l’économie, qui est réglé par toutes les entreprises et les citoyens.

* Le seul développement du photovoltaïque va engloutir, chaque jour, un milliard d’euros – c’est plus que les investissements dans l’exploration et la production de pétrole. Le changement est de taille lorsque l’on sait que le pétrole captait, il y a seulement dix ans de cela, près de cinq fois plus de flux financiers que le solaire.

 

La vaste majorité des élites qui sont des défenseurs de l’alarmisme climatique se sont fait avoir par "l’arnaque verte", entraînant au choix l’ignorance de la science, un zèle idéologique, un désir délibéré de heurter la croissance, ou la simple cupidité en raison de leurs investissements dans les infrastructures de cette nouvelle arnaque verte. Elle se compose d'individus aux  revenus élevés, qui comprend les universitaires, les personnalités des médias et les célébrités, qui ignorent probablement qu’il n’existe aucune preuve que les émissions de CO2 soient à l’origine du changement climatique, une étude publiée en 2024 dans la revue Science of Climate Change concluant que les températures de surface de la mer (SST) jouent un rôle bien plus important que les facteurs anthropiques (causés par l’homme) dans la détermination des variations annuelles des niveaux de CO2 dans l’atmosphère. Malgré le barrage incessant de propagande des médias grand public et des élites mondiales, il s’avère que les véritables causes sont les cycles solaires, les volcans, les courants océaniques et l’humidité atmosphérique, qui ne sont donc pas imputables à l’homme.

C'est ainsi que le CO2 ne cause pas le réchauffement, celui-ci étant naturel. En d’autres termes, les alarmistes climatiques ont complètement inversé le lien de causalité, se basant presque entièrement sur des modèles informatiques qui dépendent de données intégrées par les modélisateurs eux-mêmes (la qualité d’un modèle dépend des données et des hypothèses qui y sont programmées), et qui de ce fait reposent sur des hypothèses erronées qui surestiment l’impact du CO2 sur le climat.

Pour partie, ce sont des "néo-marxistes" qui adoptent l’arnaque climatique car ils savent que cela endommage l’industrie, augmente les coûts des consommateurs et aide à saper l’économie. D'autres sont des partisans de la cupidité, qui ont investi tôt dans les moulins à vent, les modules solaires, les batteries en lithium pour les voitures, les véhicules électriques, les stations de recharge, les crédits carbone et autres infrastructures de l’arnaque climatique pour gagner des milliards de dollars avec l’aide de subventions publiques extravagantes. Le meilleur exemple à prendre est le multi milliardaire Larry Fink qui dirige le gigantesque fonds d’investissement BlackRock. Non seulement il promeut l’arnaque écologique, mais aussi les quotas raciaux, la diversité, l’équité, l’inclusion, et la suppression du financement de la police, menant à ce titre des politiques d’extrême gauche. 

La réalité est que la voiture électrique a été inventée en 1837, atteignant son pic de popularité en 1910 juste avant la production en masse de voitures à combustion interne par Henry Ford. Le public américain ne s’est pas trompé lorsqu’il a adopté en masse la Ford T.

 

L'aberration du moteur électrique

Alors que l’Europe lance un plan pour faire décoller l'hydrogène comme carburant (celui qui propulse les fusées depuis des décennies), qui à la différence du moteur thermique ne rejette que de la vapeur d’eau et offre une autonomie de 200 kilomètres en seulement trois minutes de charge, il est à se demander pourquoi la France s'est engouffrée aussi massivement dans le moteur électrique, l'arrêt du moteur thermique étant initialement prévu pour 2030, décalé à 2035. D'autant que l'ONG Transport & Environnement (T&E), qui a analysé le comportement de trois des modèles hybrides les plus vendus en 2020, est arrivée à la conclusion que les émissions de CO2 de ces véhicules hybrides rechargeables restent supérieures à ce que les constructeurs annoncent officiellement... d'autant que le premier et principal souci du véhicule électrique sera la disponibilité des kWh. De même, un véhicule électrique déjà fortement polluant lors de sa fabrication dure beaucoup moins longtemps qu’un véhicule thermique, le moindre choc rendant ces véhicules presque irréparables et provoquant leur mise au rebus. 

Les batteries sont faites en effet avec des produits chimiques et des métaux (lithium, cobalt, cuivre ou nickel) provenant d’exploitations minières qui utilisent des quantités astronomiques d’eau et d’électricité pour extraire ces matériaux nécessaires. Il faut des milliers de tonnes de minerais pour extraire suffisamment de minéraux essentiels à la fabrication d’une batterie. Les voitures électriques ne chargent pas par grand froid et les batteries ne tiennent pas la charge. L’autonomie est largement surestimée pour plusieurs raisons, notamment le chauffage des voitures électriques qui décharge les batteries, alors qu'avec les moteurs à combustion interne (MCI), les moteurs produisent de la chaleur, qui est facilement répartie dans la voiture pour avoir un habitacle confortable, sans énergie supplémentaire requise.

Autre désavantage, la valeur de revente des véhicules électriques est proche de zéro parce que les acheteurs doivent débourser beaucoup d'argent pour remplacer leur batterie une fois les sept ans du véhicule dépassés.

Finalement, le suicide annoncé de toute l’industrie automobile européenne par Bruxelles en juillet 2021 avec l’interdiction dès 2035 de tous les moteurs thermiques (utilisant un carburant de type essence, gasoil et même GPL) a vu l’Allemagne s’y opposer fermement en mars 2022*, la France ayant de son côté exprimé son désir de décaler cette transition à 2040. La voiture électrique est bel et bien un non-sens écologique, économique, social, environnemental, qui ne coche aucune des cases d’un avenir "soutenable". Il va en falloir des batteries, des centrales nucléaires et… du charbon pour recharger toutes ces batteries ! Qui plus est, elle présente des risques constituant une menace certaine pour la sécurité tant des passagers que des transporteurs. C'est ainsi que la compagnie maritime norvégienne Havila Kystruten a décidé en 2023 que seuls les voitures et les véhicules à moteur utilisant des combustibles fossiles pouvaient être transportés à bord de ses navires et dans des ports sélectionnés le long de la route côtière. Cela signifie que les voitures électriques, hybrides et à hydrogène ne peuvent pas être transportées à bord, les voitures hybrides ou à hydrogène pouvant mettre en danger les personnes à bord comme les navires !

La conclusion est que le choix des voitures électriques risque de s’avérer être rapidement une ineptie aussi bien environnementale que technologique, ce que la Cour des comptes européenne a fini par reconnaitre en juin 2023 en constatant que l'Europe n’a pas les ressources naturelles et minières pour construire des centaines de millions de véhicules électriques, tout comme des dizaines de millions d’éoliennes et des panneaux solaires à volonté ! En d'autres termes, la pénurie guette, le Vieux Continent étant très largement dépendant des importations pour les matières premières. Résultat, le risque est fort de voir l’UE manquer son objectif de ne vendre que des voitures neuves à zéro émission en 2035, ou de ne pouvoir atteindre cet objectif que par l’importation de batteries ou de véhicules électriques, ce qui nuirait à son industrie. Cela veut clairement dire que notre transition énergétique est totalement dépendante de nos approvisionnements et du bon vouloir de nos partenaires, et que nous avons des dirigeants qui édictent des lois basées sur un désir idéologique et prennent leurs rêves pour des réalités (lubie de technocrate décérébré).

Pour autant, la durée de vie des véhicules électrique n’est pas un problème pour les promoteurs de ce système, pas plus que l'impact environnemental. Leur objectif est qu'à terme les utilisateurs louent les véhicules électriques en cas de besoin, pour des petits déplacements. Inutile d’être alors propriétaire de sa voiture. Métro ou bus (électrique) seront préconisés, et pour les grands déplacements, ce sera l'utilisation des transports en commun, en particulier le train. C’est bien une révolution de nos modes de vie et de transport qui est visée !

* Ce refus intervient alors que l’Allemagne s’est pourtant fixé d’ambitieux objectifs climatiques, passant par la mise en circulation d’ici 2030 de 15 millions de voitures tout électrique contre 1 million aujourd’hui. Selon un cabinet spécialisé, il faudrait immatriculer 5 000 nouvelles voitures électriques par jour, contre 1 290 en moyenne aujourd’hui...

 

Des limites des politiques étatiques en matière de transition énergétique

La transition énergétique, qui va de pair avec les objectifs de neutralité carbone décidés par l'ONU et déclinés dans le cadre de son Agenda 30, est présentée par nos gouvernements comme LA solution miracle aux défis climatiques de notre époque. Toutefois, cette vision est souvent entravée par des politiques gouvernementales déconnectées de la réalité compte-tenu de leurs objectifs démesurés et coûteux, ainsi que par un manque criant d'investissements dans les infrastructures essentielles. Il en découle qu'aucune stratégie concrète n'est mise en place à l'heure actuelle pour rendre cette transition non seulement réaliste, mais aussi efficace. L'énergie "gratuite" promise, tout comme l'argent gratuit et illimité, reste en l'état du modèle capitaliste libéral un mythe. Et c'est tant mieux, car c'est cette rareté qui oblige l'humanité à en faire un usage toujours plus efficace et optimisé, nous obligeant de ce fait à progresser.

D'un côté, les coûts associés à l'extraction, la transformation et la distribution de l'énergie sont inévitables. De l'autre, les énergies renouvelables nécessitent des investissements extrêmement lourds... et ce sont bel et bien les citoyens qui la financent à long terme, à coup de taxes et impôts toujours plus importants. Comme les gouvernements peinent à allouer les ressources nécessaires compte-tenu de leur situation d'endettement, l'implication du secteur privé devient donc cruciale. Aussi la clé réside dans une collaboration entre les secteurs public et privé, une planification stratégique, et des investissements judicieux, le défi résidant dans la distribution et la gestion efficaces de l'énergie.

Or un fossé significatif existe entre les investissements dans la production d'énergie renouvelable, et ceux dédiés aux infrastructures nécessaires pour son acheminement et sa distribution. Quant à l'intégration des énergies renouvelables au réseau électrique, elle nécessite des coûts supplémentaires pour la régulation de la tension et la stabilité du réseau. Ce déséquilibre crée un goulot d'étranglement qui entrave la transition énergétique, rendant de nombreux objectifs climatiques irréalistes. Qui plus est, le coût du stockage de l'énergie est actuellement trop élevé pour rendre les énergies renouvelables compétitives en termes de coût total de production par rapport aux sources traditionnelles comme le charbon, le gaz, le nucléaire, l'hydroélectricité et la géothermie.

C'est pourquoi il est primordial d'investir massivement en priorité dans ce qu'il appelle les "autoroutes de l'énergie", soit des infrastructures qui comprennent non seulement des systèmes de stockage, mais aussi des réseaux de transmission et de distribution d'énergie, et des technologies intelligentes de gestion de réseau. Elles pourraient permettre d'atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de transition vers les énergies renouvelables. Sera-ce pour autant le choix de nos politiques gouvernementales ?

 

La société de la connaissance a pour leitmotiv la qualité dans ses différents aspects : qualité de vie, de l’information, du produit, du service, de la relation avec les clients et les fournisseurs, de l’environnement, de l’humain, de la relation avec d'autres cultures, de la relation avec soi-même... La qualité des connaissances est déterminante, à partir des valeurs éternelles de la sagesse humaine, l'altruisme, le courage et la vertu, afin de garantir des actions efficaces pour le bien commun.

Le système de production de la connaissance diffère ainsi fondamentalement du vieux système industriel. La consommation de la connaissance ne détruit pas cette dernière, au contraire de l'utilisation des biens tangibles. Si le système industriel requiert une croissance continue des quantités produites pour perdurer, ce qui conduit au final à l'effondrement de l'humanité par indigestion du trop-plein, la société de la connaissance produit des biens immatériels et se focalise sur la croissance qualitative et éthique, gage de pérennité et de responsabilité collective. Pour un retour aux principes de base et au respect de la Terre, à l'harmonie avec la nature. Car l’humanité fait partie d’un vaste univers en évolution où la Terre, notre foyer, fournit les conditions essentielles à l’évolution de la vie. Aussi la préservation de la communauté du vivant et le bien-être de l’humanité dépendent de la préservation d’une biosphère saine comprenant tous ses systèmes écologiques : une riche variété de plantes et d’animaux, la fertilité de la terre, la pureté de l’air et de l’eau. La nature entière est une extériorisation de la vie intérieure, et c'est pourquoi nous assistons tant à un mouvement de retrait des espèces en voie d’extinction. En perdant son environnement végétal, l’homme perd aussi sa conscience. L’environnement de notre planète, y compris ses ressources limitées, est une préoccupation commune à tous les peuples de la Terre. La protection de la vitalité, de la diversité ainsi que de la beauté de la Terre est une responsabilité sacrée.

 

Le désamour de la Silicon Valley californienne

Cela fait des années que les experts brandissent la menace d'un déclin de la Californie. En l'espace de quelques semaines en 2021, plusieurs entreprises ont déménagé leur siège*, et de nombreux grands patrons se sont installés ailleurs. A commencer par Elon Musk, le fondateur de Tesla qui réside désormais au Texas, un État qui ne collecte pas d'impôt sur le revenu. Comme la fiscalité est souvent mise en avant pour expliquer ces déménagements, les États qui bénéficient le plus de l'exode californien sont le Texas et la Floride, deux États sans impôt sur le revenu. Mais c'est aussi en raison du prix de l’immobilier, du coût de la vie en général, et des transports rendant les trajets difficiles. Qui plus est, la Silicon Valley pose problème pour les salariés qui peinent à s'y loger.

Si depuis la crise du Covid-19, de nombreuses entreprises installées en Californie ont annoncé leur départ pour le Texas, la Californie faisant partie des États à avoir adopté des mesures relativement fermes qui ont impacté une partie de l'activité des entreprises, les Texans conservateurs ont peur que cette migration en provenance de Californie, État démocrate par excellence, ne fasse changer la couleur politique de leur État. 

* HP, Tesla, Palantir, Dropbox, Oracle et Uber ont choisi d’installer leur siège américain au Texas

 

La considération d'un comportement responsable

 

Qu'ils se nomment éthique ou déontologie, ce sont bien l’ensemble des principes moraux assis sur des règles non négociables qui guident la conduite d’une personne, physique ou morale, se parant du qualificatif de responsable. Il en découle des devoirs dans les rapports entretenus avec les diverses parties prenantes de son environnement.

C'est pourquoi nombre d'organisations et d'individus à leur tête soulèvent des questions dans le fonctionnement de la société, de la civilisation, lorsque leur sincérité peut être questionnée : fraude, lobbying, discriminations au travail, greenwashing, social washing*... C'est par exemple le cas du géant américain Amazon, principalement pour la destruction de nombreux emplois dans le commerce physique traditionnel (deux emplois détruits pour un créé), son optimisation fiscale controversée, ses conditions de travail contestables, et son impact négatif sur l’environnement (notamment dû à la circulation de ses nombreuses camionnettes quotidiennement).

Les risques encourus pour celles et ceux qui adoptent ce type de pratiques sont notamment une mauvaise réputation, la perte de clients, la baisse du chiffre d’affaires, la diminution du cours de la Bourse pour les titres financiers, la perte de contrats avec certains partenaires (fournisseurs, distributeurs...) ou de financements, des sanctions pécuniaires voire judiciaires.

* Le Greenwashing, "écoblanchiment" ou "verdissage" en français, désigne toutes les pratiques marketing visant à user et à abuser des positionnements ou des pratiques écologiques (ou vertes), à des fins seulement mercantiles. Le social washing, "maquillage de la pratique sociale", consiste à masquer de mauvaises pratiques internes, managériales et de mauvaises conditions de travail par une forme abusive et fallacieuse de communication qui n'est que le cache-misère d'un management défaillant

 

Exemples de dérives business

Organisation

Pratique choquante

Répercussions

Domaine d’activité concerné

Facebook

Détournement des données des utilisateurs du réseau social (à plusieurs reprises)

Sanctions pécuniaires pouvant aller à plusieurs millions de dollars en raison de l’influence exercée dans la prise de décision...

Réseaux sociaux (distribution d’informations)

La maison mère de William Saurin

Falsification des comptes de l’entreprise

Poursuites judiciaires des dirigeants à l’origine des malversations ainsi que des cabinets d'audit concernés

Agroalimentaire

Monsanto

Commercialisation de produits nocifs dont les effets néfastes pour la santé des utilisateurs ont été sous-estimés

Poursuites judiciaires par les victimes (cancers) et versement de milliards de dollars de dommages et intérêts

Biotechnologies notamment agricoles (chimique et pharmaceutique)

H&M, Uniqlo...

Non-respect des ressources naturelles et des droits de l’homme lors de la confection de vêtements (pollution des rivières à cause des rejets toxiques d’eaux usées utilisées dans le processus de fabrication textile)

Risque sanitaire pour les populations locales, détérioration de la faune et de la flore

Industrie textile

Lidl

Non-considération/non-respect des droits des salariés au nom de la productivité

Réactions de l’audience sur les réseaux sociaux (commentaires négatifs postés et relayés sur Internet)

Grande distribution

McDonald’s

Greenwashing ou écoblanchiment, c’est-à-dire pratiques consistant à utiliser abusivement un positionnement ou des pratiques écologiques à des fins marketing pour augmenter les ventes

 

Conséquences négatives pour la planète (utilisation de matières non recyclables)

Restauration (rapide)

Il en découle que les organisations mettent dorénavant en place diverses mesures, en faveur de l’égalité femmes-hommes et pour la diversité culturelle (ainsi l'approche qualifiée d'"inclusive"), ainsi que pour le respect des données personnelles. Elles s'attachent également à diffuser des informations certifiées, notamment en matière d'information financière fiable conforme aux normes en vigueur via la production et la diffusion de rapports annuels d’activité et de rapports financiers.

Nombre d'entre elles se veulent également "civique", c'est-à-dire à même de contribuer à la vie de la collectivité par la mise en œuvre d’actions de mécénat ou de démocratie participative*, en partageant des valeurs humanistes, et en participant à des œuvres conduites avec des partenaires de son écosystème engagés dans des actions apparemment d’intérêt général lorsque l'intention sous-jacente n'est pas toute autre.

* Le mécénat se définit comme "le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d'activités présentant un intérêt général". La démocratie participative désigne l’ensemble des procédures, instruments et dispositifs qui favorisent l’implication directe des citoyens dans le gouvernement des affaires publiques, pouvant prendre plusieurs formes selon le degré d’implication des citoyens (ex. : la consultation, la concertation, la co-élaboration).

 

Du mouvement "Woke", où la guerre culturelle qui conduit au chaos

Si le monde du cinéma* peut être considéré comme frivole par beaucoup de ses adeptes consommateurs ou non, il constitue une fenêtre parfaite sur les conflits culturels. En étant l’expression de la mythologie moderne, le septième art n'est en effet que le reflet des influences idéologiques qui se cachent derrière le rideau, souvent utilisé comme vecteur de la propagande de l’establishment. Et il ne s’agit pas seulement des films à l'écran, mais également de tous les autres relais dit culturels avec comme point commun l'établissement d'une idéologie dominante dans le monde occidental.

C'est tout particulièrement le cas avec la communauté LGBTQ+ dont la programmation du "mois des fiertés" n’est pas liée à la mise en avant d'une question d’égalité, mais à l'instauration d'un pouvoir de contrôle culturel sur les masses inconscientes. Il en va de même avec des normes liées au développement durable comme l'IED, la Directive sur les émissions industrielles, principal instrument de l'Union européenne pour prévenir et réduire les émissions de polluants des activités industrielles et qui consiste à injecter des politiques dites d'éveil de la conscience dans la vie quotidienne des travailleurs et des consommateurs. Cet ancrage cognitif s'appuie de ce fait sur une rhétorique martelée jusqu'à son ancrage dans l’existence de chacun pour que le citoyen ne se pose plus la question de sa légitimité.

En fait, presque personne n’a demandé le mois des fiertés pas plus que l’IED. La plupart des gens s’en moquent. Pourtant, chaque année depuis plusieurs années, les entreprises et les éléments de langage des gouvernements en imposent les idées à la population par leurs politiques présentées comme progressistes , disant que nous devons y adhérer si nous voulons être considérés comme des "gens bien", responsables. Ces institutions publiques nationales et supranationales comme privées dictent par le biais d’un marketing propagandiste malhonnête et manipulateur la morale au public, lui disant quoi manger, quoi boire, quoi aimer, quoi détester, quoi penser..., comme si elles étaient les arbitres de nos normes sociétales. Autrement dit, elles nous traitent ni plus ni moins comme des serviteurs sous contrat . Et si l'individu n'y adhère pas, il est qualifié d’ennemi dangereux du bien-être sociétal, traité de raciste, de bigot, de misogyne, de fasciste et bien sûr d'antisémite.

La vérité est que ces institutions et entreprises sont en train de s’autodétruire à petit feu, de manière irrémédiable, révélant leur véritable face, celle d'un socialisme totalitaire car aseptisant qui confine à un avenir orwellien basé sur l’idée de "l’économie du partage" telle que promue par le Forum économique mondial. Cette idée n'est rien d'autre qu'une culture dans laquelle le libre choix du marché disparaît complètement, construite autour d’une société sans argent liquide, où le gouvernement fournit tout alors que nul ne possède rien (le principe de la propriété privée s’évapore) sauf s'il appartient à la caste élitaire.

En d’autres termes, l’économie de partage engendre une mentalité d’esclave dans laquelle chacun doit se contenter du peu qu’il a, et si par mégarde il se plaint, c’est qu’il est un petit monstre ingrat dont il faut s’occuper, la méthode d'internement pour déraison étant privilégiée... Là réside tout l’enjeu de la guerre culturelle en cours qui vise à embrasser un système dystopique. Les sceptiques sinon négationnistes, naïfs comme ignorants de cette guerre, sont à l'image des déchets flottant sans but sur les marées de l’histoire. Ils s’en moquent aujourd’hui. Mais ils s’en soucieront dans un avenir proche, lorsque leur liberté de choix disparaîtra complètement.

* Cf. Le cinéma de la Matrice.

 

Le culte de la non-violence

 

Ni la laïcité, assise sur son matérialisme athée, ni une religion "révélée" assise sur son dogme fondateur désuet, dépouillée de son mysticisme originel et non émancipée de la hiérarchie du pouvoir, n’apparaissent en mesure d’apporter les réponses salvatrices car adéquates. La pensée dominante est cadenassée dans une illusion d’objectivité matérialiste qui finit par justifier, faute de mieux, toutes les dérives mentales de notre société : individualisme de nature égoïste, compétition, loi du plus fort, violences, négation du sens sacré, déni du libre arbitre, réduction de l’esprit au cerveau, réduction de l’amour au plaisir, consumérisme, nihilisme, manipulations et pathologies en tout genre… Nous continuons à accepter par exemple que la femme soit représentée dans les médias comme un objet de désir ou de soumission, et que celle-ci se conforme à cette norme pour rentrer dans le moule.

Au nom de la raison objective et de ses lois qui gouvernent le monde physique, l’être humain s’est vu amputer d’une partie essentielle de son pouvoir de créateur, la compréhension des forces de l’esprit, autrement dit la capacité à se servir de son propre entendement des lois de l’univers pour donner un sens au déroulé de sa vie.

 

Réalité républicaine 2020

Dans une société où l’objectif numéro 1 du pouvoir politique n’est plus de défendre l’intégrité des personnes et des biens, mais au contraire de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que la bombe à retardement des banlieues n’explose, et tandis qu’une bonne partie de la société prend systématiquement fait et cause pour les délinquants plutôt que pour les forces de l’ordre, le bilan est une moyenne à fin 2019 à peu près de 200 cas d’agression physique ou verbale par jour contre les policiers, les gendarmes et les pompiers, les violences physiques ayant pris le pas pour de bon sur les outrages et violences verbales en 2012. Les faits constatés ont depuis explosé (+ 60 %), l''État reconnaissant lui-même qu'un infranchissable fossé culturel sépare l'Hexagone de centaines d'enclaves qui progressent en peau de léopard. Dans ces zones où la loi de la République n'est plus qu'une vision de l'esprit, il tente de sauver les apparences en recourant à moult médiateurs sociaux et en offrant des primes de fidélisation aux agents publics qui acceptent de s'installer dans les endroits les moins renommés. Compte-tenu des conséquences économiques à venir de la crise sanitaire de la Covid-19, une évolution de la chienlit apparait incontournable (émeutes, pillages, incendies volontaires, etc..).

 

Des zones interdites

Une "zone interdite" est une zone réputée pour la violence et le crime qui fait que les gens ont peur d'y aller, ou une zone dans une ville barricadée aux autorités civiles par une force telle que paramilitaire, ou encore une zone interdite à certains individus ou groupes. Ce terme est également utilisé pour désigner les zones en insurrection où les autorités au pouvoir ont perdu le contrôle et sont incapables d'imposer la souveraineté.

Après les attentats de "Charlie Hebdo", certains médias US ont tel Fox News décrit huit "no go zones"* parisiennes, où "les non-musulmans ne sont pas acceptés", où les islamistes "recrutent dans la rue" et où "la police ne va pas".  Quant au journal le "Washington Times", il utilisait l’expression pour désigner des zones en Europe où il y a "un afflux ingérable d’immigrés". De son côté, la presse française n’est pas à la traîne en la matière, puisqu'en juillet 1981, lors d’affrontements entre jeunes et policiers dans le quartier des Minguettes à Vénissieux, "le Figaro" parlait de zones de non-droit.

Ces "no go zones" sont en réalité les 751 zones urbaines sensibles "caractérisées par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi". De critère de pauvreté, ces zones sont devenues dangereuses. Le sociologue Laurent Bonelli y voit une réactivation de l’idéologie de la fin du XIX e siècle: "classes laborieuses, classes dangereuses."

* Le terme de "no go zone" est apparu dans la presse américaine de droite en 2002.

 

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En réponse, la société de la connaissance et de la conscience a pour processus de fonctionnement la transformation permanente de données en information, puis de l'information en connaissance. Cette connaissance, une fois intégrée, se transforme naturellement en sagesse, c'est-à-dire en changements des comportements, pour le bénéfice de soi-même et d'autrui. Ainsi la non-violence devient une nécessité impérative de la préservation de la planète. Les grands penseurs de la bonne marche du monde ne sont plus Sun Tzu avec L’Art de la Guerre*, Clausewitz avec De la Guerre ou Machiavel avec Le Prince. La charge de la preuve légitime de son action repose désormais sur le guerrier, les États et gouvernements dans leur course à l'armement et aux armes de destruction massive comme les foules et les personnes dans leurs différents comportements prédateurs.

Ce changement du référentiel guerrier inoculé profondément jusqu’alors dans l’esprit humain conduit à l’inévitable transformation du clivage entre gauche et droite, progressistes et conservateurs, compte-tenu de l’inexorable désengagement des citoyens quant à l’impasse ontologique de ces oppositions. La mondialisation véhicule dans la conscience de nouveaux tempéraments culturels. L’homme blanc n’est plus le modèle incontournable dans l’organisation et l’animation du modèle économique, voyant l’homme africain, indien et asiatique amener à l’édifice leurs spécificité et sensibilité. Bien plus que l’économie, la culture, soit la connaissance, est ainsi devenue essentielle pour l’élaboration de ce nouveau monde à l’ADN pacifié, plus ouvert, davantage métissé et fonctionnant en réseau. Les États Unis du Monde sont en marche, nonobstant les résistances farouches des retardataires de l'évolution, qui voient le brassage culturel enrichir par ses spécificités l'hymne à la diversité.

* La guerre n'est pas un art, c'est une psychose. Tout comme parler de "guerre sainte" constitue un oxymoron. L'écoute attentive de la parole publique exprimée ou rédigée permet de décoder l'état de conscience de ses auteurs...

 

L'enseignement de la biologie et de la physique

Il n'existe pas de formules magiques pour transformer une société en plein processus évolutif ou provoquer une mutation touchant simultanément tous les partisans et composants du réseau social concerné. Les mutations biologiques sont provoquées sur les chaînes de nucléotides, molécules organiques qui sont l'élément de base d'un acide nucléique tel que l'ADN ou l'ARN *. Ceci se fait par impact d'unités quantiques de haute énergie sur le génome, et aussi en suivant les modèles d'acceptation ou de rejet contrôlés par l'information contenue dans le champ morphique collectif qui les caractérise. Ceci veut dire que l'évolution des êtres organiques se règle par des mécanismes d'autocontrôle orienté, autrement dit le contenu de leur âme collective, somme des données obtenues par leurs organes sensoriels et traitées par leurs cerveaux respectifs. C'est cette masse considérable de données qui interagit sur les mécanismes évolutifs pour améliorer l'espèce. Cette information ne produit pas par elle-même une mutation favorable, mais agit sur la chaîne d'atomes concernés, freinant ou facilitant selon les cas l'agent mutagénétique. La tendance est cependant génératrice d'êtres/individus plus bénéficiaires dans leur conformation organique, pouvant accumuler une meilleure information de leur cadre cosmologique, l'intégrant dans leur champ collectif qui, à son tour, rectifiera les futures mutations.

Pour les êtres humains, c'est un processus (très) lent dans le temps, l'encéphale du cerveau conservant un excès de zones réticulaires nerveuses remontant à l'animalité, aux ancêtres primitifs sauvages. Ceci veut dire que, quels que soient les beaux discours et les modèles d'évolution proposés, une grande partie de l'humanité jouit encore de torturer des êtres sans défense, de tuer pour des raisons idéologiques, économiques, ou par pur plaisir psychopathologique.

Aussi la seule action efficace est la prise de conscience à partir des bases rationnelles de la biologie et de la cosmologie, afin d'adopter des modèles moraux de solidarité avec la souffrance des autres hommes; de comprendre les schémas mentaux de ses interlocuteurs; de transférer l'information par le dialogue et par le contraste des opinions scientifiques, idéologiques et technologiques, sans se référer à des modèles préétablis de caractère dogmatique; de dénoncer l'injustice partout où elle se produit; d'exalter celles et ceux qui se distinguent par leur intégrité éthique. Cette contribution à l'enrichissement du patrimoine de la conscience collective terrestre est la clé de sa mutation réussie.

* Cf. Évolution de civilisation 1 pour l'ADN. L'ARN, soit l'acide ribonucléique, est présente chez pratiquement tous les êtres vivants. Les cellules utilisent en particulier l'ARN comme un support intermédiaire des gènes pour synthétiser les protéines dont elles ont besoin.

 

La nouvelle relation au sacré

 

Les peuples occidentaux d'aujourd'hui ne vivent plus leur rapport au monde selon une perspective de type symbolique, spirituel ou sacré. Ce rapport porte la marque de l’utilitarisme : la Nature n’est pas autre chose qu’un ensemble de ressources à la disposition de l’activité humaine, produit d’un désenchantement du monde. Le Réel se réduit au matériel et celui-ci n’est compréhensible qu’en termes économiques. Aussi l'emprise de l'économie sur les sociétés modernes est à mettre en parallèle avec le retrait du sacré qui les constitue en essence. Ce retrait a entraîné une exacerbation de l'esprit de compétition et de concurrence entre les hommes* et des passions destructrices qui l'accompagnent, hors des anciens champs de bataille, comme jamais il ne s'en est produit dans l'histoire.

Pourtant, la pensée économique et la pensée politique qu'elle inspire nient qu'il y ait une quelconque menace pour la stabilité des sociétés, la culture démocratique, l'harmonie et le bien-être de leurs membres. Le culte du mythe du progrès par l'économie basée sur l'état de "concurrence pure et parfaite" les aveugle, distillant dans les consciences anesthésiées que la raison d'être première des êtres humains est l'échange des marchandises et services, bien plus que de s'aimer et s'entraider pour former une société efficace et pacifiée. Cette utopie en forme de cauchemar apparaît comme le prix à payer par une société désormais dépourvue des protections que le sacré lui assurait. L'économie, à la fois réalité et pensée, occupe en creux la place du sacré.

* A entendre de façon large, les affaires de femmes corrompues à divers titres par l'exercice du pouvoir étant elles aussi représentatives de l'état de déliquescence des élites représentatives (Cristina Kirchner en Argentine, Park Geun-hye en Corée du Sud, Hillary Clinton et Condoleeza Rice aux États-Unis, Dilma Rousseff au Brésil, Ioulia Timochenko en Ukraine, Lise Thibault au Québec, Jana Nagyova en République Tchèque ...).

 

Cependant, une nouvelle perception du sacré par les personnes est à l'œuvre dans la société, contribuant à l'émergence du nouveau système de production basé sur la connaissance. Elle s’émancipe de la tutelle des grandes institutions religieuses dominantes depuis deux millénaires*, basées sur un modèle patriarcal, élitiste et misogyne*². Cet ADN de nature masculine les a naturellement conduites à se dresser les unes contre les autres, sur le mode de la séparation, à l’image même des institutions temporelles dont elles prétendaient pourtant se différencier. La conscience spirituelle qui émerge aujourd'hui est de nature unificatrice et inclusive, conduisant ces religions du Livre à devoir impérativement s'adapter pour survivre. Ce n’est plus un sacré de séparation entre le divin céleste et l’humain terrestre, base de toutes les liturgies, mais d’union, celle de la reconnexion des personnes au cosmos, à la nature, au vivant dans toute ses dimensions, visibles comme invisibles.

* Deux grands courants spirituels sont assimilés à des religions, le bouddhisme et l'hindouisme. Contrairement aux religions dites du Livre que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam, ils n'imposent aucune croyance au référent "Dieu", proposant par leur pratique contemplative un modèle détaillé de l'esprit relié au cœur ainsi que des états cérébraux comme émotionnels transposable aux approches de la science (psychologie et neurologie).

Cf. Le modèle européen décodé (1).

 

Il y a désormais un mélange en cours des valeurs patriarcales et de celles relevant du féminin sacré, la sensibilité, la douceur, l’harmonie, l’intuition. Qui plus est dans un monde où le leadership féminin ne cesse de s’affirmer. Il conduit à un être nouveau, plus authentique et complet, androgyne dans l’acceptation et la reconnaissance équilibrée de ces deux polarités. Il conduit à une nouvelle société, qui place l’union authentique au cœur même de sa raison d’être et de son fonctionnement, qui assure la qualité de la croissance intérieure au même titre que la croissance extérieure, qui promeut la qualité de partage avec toutes les autres cultures.

Cf. Riane Tennenhaus Eisler, auteur, "Le Calice et l’Épée".

 

Le sacré étant le substrat sur lequel toutes les valeurs de civilisation se basent, ce passage à la société de la connaissance nécessite pour les personnes une indispensable transformation intérieure, laquelle n'est pas facile tant les germes du poison, de la séparation, de la division, des attaches et de la soumission à des guides instructeurs ont été distillés depuis longtemps dans l’inconscient collectif. Cette conscience élevée, élaborée, repose sur le principe de la libre résolution dans le choix de sa vie : l’homme est responsable des maux qui l’affectent. Il est libre d'une spiritualité basée sur l'assurance, l'assistance, l'obéissance et la dévotion. Loin de ce processus déresponsabilisant, il soumet l'enseignement transmis à l'épreuve de la vie afin, par son libre arbitre, en toute intégrité morale comme physique, d'en vérifier le sens.

L’état de la planète, du monde, des autres comme de notre propre vie, n’est en effet que le reflet de notre conscience de la planète, du monde et de notre vie, tout comme notre vision de l’autre, des autres, n’est que le reflet de notre conscience de l’humain. C’est l’effet miroir. Nous créons notre réalité personnelle, par le moyen de nos croyances conscientes, nourries pour grande partie par notre inconscient, autrement qualifié de subconscient. Si la catastrophe - écologique, nucléaire, nano-bio-technologique... - a commencé, c'est que notre refus du sacré nous empêche de la voir. Seule une perspective apocalyptique, soit une révélation, nous permet de comprendre que c’est le sacré qui nous a constitués. La désacralisation du monde nous apparaît alors pour ce qu’elle est : un processus qui peut nous laisser sans protection face à notre violence et notre aveuglement, mais qui peut également déboucher sur un monde où la raison ne serait plus l’ennemie de la foi.

 

De l’individualisme égoïste à l’individualité réalisée

 

Nous avons vécu depuis la Révolution des Lumières sur une fausse idée, celle de l’individu roi, le roi égoïque. En fait nos sociétés occidentales ne sont pas individualistes, mais seulement égoïstes. Sous l'influence du moteur de la société de consommation, la publicité, les personnes sont sous influence de ses innombrables injonctions, afin de céder égoïstement à leurs envies et à leurs pulsions. C’est la raison d’être de la philosophie libérale, qui trouve son origine au XVII° siècle dans les idées du philosophe, économiste et médecin néerlandais Bernard de Mandeville dans sa Fable des abeilles. Elle va être théorisée* par Adam Smith, fondateur des sciences économiques, et résumée par l'aphorisme "les vices privés concourent au bien public, à la vertu publique". Libéralisme et égoïsme vont de pair, chacun ayant pour objectif de défendre son intérêt. Voici le bel héritage des "lumières anglaises" dont se prévalent aujourd’hui nombre d’experts des mass média, entretenant dans l’inconscient collectif ce redoutable poison.

* La signification réelle de cette Fable reste controversée jusqu’à aujourd’hui. Le philosophe et économiste Friedrich Hayek vit en elle une précurseuse du libéralisme économique tandis que John Maynard Keynes mit en avant la défense de l’utilité de la dépense. Cette Fable précurseur d’un nouveau monde étendant sa toile sur le fonctionnement sociétal montre bien qu’elle ne peut que déboucher sur une impasse. L’égoïsme générateur d’individualisme ne pourra jamais répondre au sens sacré de l’existence, dont l’abeille est l’animal représentatif par excellence, étant depuis toujours un symbole de royauté comme de souveraineté car ne touchant jamais terre et manifestant une sorte de génie pré-conscient dans la construction de sa ruche. Sa capacité à transformer le nectar des fleurs en miel symbolise le processus magique de l’énergie-or, celle qui procure à l’être humain les vertus célestes et ses extraordinaires propriétés (entre autres thérapeutiques et cosmétiques). Virgile définissait ainsi le miel comme le "don céleste de la rosée".

 

Cette idéologie basée sur l’avidité et le comportement pulsionnel a conduit aux crises contemporaines, financières, écologiques, sociétales. D’abord à travers l’avidité et l’égoïsme des banquiers, repoussant toujours et sans cesse l’imagination dans la conception de produits purement spéculatifs totalement déconnectés de leur raison d’être première. Ensuite par la soumission de nos responsables politiques, devenus des démarcheurs et VRP de l’économie sur son terrain d’expression national comme international. Enfin par nos propres inconséquences, fruits d’une profonde immaturité dans la compréhension du sens sacré de la vie. Le résultat a été la lente destruction de tout mécanisme économique à caractère non marchand, celui du partage, de la solidarité et de la construction du sens. Il n’est qu’à regarder le contenu de l’enseignement trop souvent dispensé dans les écoles ou universités pour comprendre que ce qui est inoculé dans le champ de conscience n’est pas le triptyque vertueux "donner, recevoir, rendre", mais l’incantation délétère "prendre et accumuler au maximum" conduisant à l'instrumentalisation de l'autre.

 

Pour nous sortir de cet inéluctabilité, nous devons développer notre individualité, en d’autres termes notre discernement, notre maîtrise de soi et notre sens de la responsabilité, afin de redonner place aux autres systèmes d'échanges, de nature symbolique ou solidaire, que l’économie fondée sur l'égoïsme individuel entend éliminer. C’est ce que la philosophie de la Grèce antique dans sa théorie de l’âme mettait en exergue, en apprenant aux jeunes gens à contrôler leurs pulsions, l’âme d’en bas, afin qu'ils résistent à la croyance, autrement dite l’hubris* (ou hybris), que tout est possible, soit le fonctionnement d’illimitation. Ainsi pouvait-il par leur âme du haut, le "noos", la transcender pour prétendre être pleinement responsable, d’eux-mêmes comme des autres.

* L'homme qui commet l’hubris est coupable de vouloir plus que la part qui lui est attribuée par la partition destinale. La démesure désigne le fait de désirer plus que ce que la juste mesure du destin nous a attribué. Le châtiment de l’hubris est la Némésis, le châtiment des dieux qui fait se rétracter l'individu à l'intérieur des limites qu'il a franchies. C’est ce que représentaient les figures divines des Titans et des dieux, les premiers finissant à l’issue d’une bataille par être battus et jetés dans le Tartare, sorte d’équivalent à l’enfer chrétien. Ils semblent être revenus dans notre civilisation présente, celle qui a commencé le jour où Noé a fait passer le flambeau de la Connaissance d’une civilisation disparaissant sous le Déluge à une autre. Et comme l’histoire est un éternel recommencement, certes sous des formes différentes, nous pouvons en discerner l’issue…

 

De l'expérience communautaire

Dans l'histoire civilisationnelle, plusieurs petits groupes ont expérimenté la vie communautaire. Les Cathares* sont un exemple de ces petits groupes, et comme bien d'autres ils furent massacrés par le système dominant de l'époque, l'église catholique romaine*² qui a au final plus de sang sur les mains que Hitler et Staline réunis.

Si autrefois le système était l'église, le système est de nos jours la banque. Le communisme russe inspiré des travaux du philosophe, historien, sociologue, économiste, journaliste et théoricien de la révolution allemand Karl Marx (1818/1883) fut une tentative à grande échelle de créer une société basé sur les valeurs communautaires. Mais la seule erreur de Marx fut de jeter le bébé avec l'eau du bain, c'est-à-dire de jeter la spiritualité avec les religions. En effet, pour fonctionner, le communiste véritable (non l'idéologue politique) doit être inspiré par des valeurs spirituelles aptes à réduire, à défaut d'éliminer, l'emprise de l'ego, celle-ci étant source de conflits et de guerres dans toute forme de communauté. D'ailleurs, le Vatican pour sa part pratique depuis toujours le communisme, tous les prêtres vivant en communauté, et rien n'appartenant aux individus (tout est partagé). Le "communisme spirituel" est en fait le seul bon système de vie en société, nécessitant seulement pour qu'il fonctionne d'être évolué spirituellement.

Les années 60 furent ainsi une "belle" période d'espoir de paix et d'amour pour le monde, permettant aux arts de connaitre nombre d'évolutions dans tous leurs domaines. Ce fut aussi l'époque d'une expérimentation de la vie en commune, à l'instar des mouvements hippie dont la devise était "peace and love", n'étant pas sans rappeler les Esséniens de jadis (mouvement du judaïsme de la période du Second Temple, qui a prospéré à partir du IIème siècle av. J.-C. et dont l'existence est attestée au Iᵉʳ siècle en Judée).

Tous ces mouvements ont cherché à vivre en complète autarcie. Et c'est pourquoi ils ont toujours été haïs par ceux qui sont dans le "système", n'hésitant pas comme les Cathares à violemment les réprimer et massacrer.

Ce qui nous manque pour vivre dans un système communiste spirituel est l'esprit de symbiose, ce que la communauté cherche à créer. Tel est le chemin de l'évolution, de nouvelles communautés s'attachant désormais par un retour aux valeurs de la terre à initier. Car s'il y avait plus d'amour sur terre, on n'aurait pas besoin d'argent, celui-ci ayant été créé pour combler son manque. Dans les communautés "spirituelles", les gens partagent les tâches quotidiennes et remplacent les assurances par la corvée gratuite. Ils donnent de leur temps gratuitement...

* Le catharisme est l'appellation contemporaine d'un mouvement — ou d'un ensemble de mouvements — religieux chrétien médiéval européen au XIIème siècle entré en dissidence vis-à-vis de l'Église romaine, ayant trouvé un écho particulier dans le Midi de la France.

Cf. L’Église romaine décodée.

 

Du distributisme

Pour répondre au sens de plus en plus oublié ou piétiné de la trinité républicaine Liberté - Égalité - Fraternité ainsi que des grands principes constitutifs de la déclaration des droits de l’homme et des citoyens ayant conduit au dévoiement de nombre d'acteurs institutionnels (organisations et individus), il convient d'assurer les fondations des deux piliers qui y contribuent, la liberté et la propriété, deux notions indissociables.

C'est ainsi que l'auteur Joseph Hilaire Pierre René Belloc, écrivain et historien anglo-français (1870/1953) a défini dans son ouvrage "L’État servile" les grands principes du distributisme ou distributionnisme (ou encore distributivisme), qui se veut une philosophie économique de "troisième voie" entre le socialisme d'État et le capitalisme.

Propriété Élargie: le distributisme vise à ce que la majorité des gens puissent devenir propriétaires des moyens de production (comme la terre, les outils, etc.), s’opposant ainsi à leur concentration entre les mains de quelques bureaucrates ou riches individus.

Autosuffisance Professionnelle: il encourage des scénarios où les individus, tels que les fermiers, les plombiers, ou les développeurs de logiciels, peuvent gagner leur vie en utilisant leurs propres ressources et compétences, sans dépendre de la propriété des autres.

Retour aux Guildes:  le retour aux guildes, où employeurs et employés collaborent dans leur intérêt mutuel, en opposition à la structure de classe des syndicats actuels.

Réforme Bancaire: le distributisme prône une réforme du système bancaire, favorisant la création de banques coopératives plutôt que le modèle actuel basé sur le profit.

Priorité à la Famille: La famille est considérée comme l’unité sociale fondamentale, et le système économique doit favoriser l’épanouissement familial. Le distributisme cherche à faire des familles, plutôt que des individus, les propriétaires des moyens de production.

Principe de Subsidiarité: ce principe soutient que les fonctions doivent être gérées par la plus petite entité capable de les accomplir efficacement, favorisant ainsi le contrôle local des moyens de production.

Société d’Artisans: cette société d’artisans et de culture met l’accent sur les petites entreprises familiales et les productions locales plutôt que sur la production de masse.

Opposition à la Sécurité Sociale Centralisée: le distributisme se montre critique envers les mécanismes de sécurité sociale centralisés, les considérant comme contribuant à la dépendance envers l’État, bien que cette position ne soit pas universellement partagée parmi les distributistes modernes.
Il en découle que ces principes visent à établir un système économique plus équilibré et juste, où la propriété et la production sont réparties de manière plus équitable parmi la population.

* Une guilde, ou ghilde ou gilde, désignait au Moyen Âge une association ou coopération de personnes pratiquant une activité commune, généralement des marchands, qui, s'étant dotés de règles et de privilèges spécifiques, demandaient protection aux autorités d'une ville ou d'un État.

 

L’individualiste accompli est capable de penser et d’agir par lui-même, de manière critique, avec comme axiome la générosité, sans contrepartie de retour. Sa montée en puissance se vérifie tous les jours, de plus en plus de personnes sortant du champ référentiel consumériste traditionnel pour s'adapter et répondre de manière réfléchie et avec discernement aux besoins de chacun et des collectivités. Ces regroupements alternatifs sont porteurs d'un ADN fondamentalement différent sur le plan de la pensée, œuvrant pour le bien commun, soit une vie meilleure, plus juste.

 

Une révolution de raison

 

Nous vivons un changement profond et accéléré d’un modèle de société, ou plutôt d'une civilisation planétaire. Il se traduit par les bruits du clash des modèles de civilisations, de la montée des impérialismes, des racismes, des fondamentalismes. Il étale les soubresauts quotidiens de plus en plus exacerbés d’une contestation et d’un rejet des excès du rationalisme moderne, de la tutelle patriarcale et élitiste, de ce capitalisme de nature industrielle générateur d'angoisses en raison de son incapacité à formuler une réponse satisfaisante à la question de notre survie collective au sein d’un environnement menacé car profondément malade. Les problèmes constatés d’inégalité sociale et les mouvements migratoires liés aux déséquilibres démographiques comme aux conflits armés de notre monde en ce début de XXI° siècle sont en totale contradiction avec les attentes et les promesses des chartes constitutives d’États et d’institutions se proclamant héritiers de la Révolution des Lumières. Nous savons tous en notre for intérieur qu’en continuant ainsi nous allons à la mort, au propre comme au figuré, celle de notre substrat humaniste, l’amour.

 

Emporté dans la violente compétition mondiale qui ne reconnait de valeur qu’à ses gagnants, pris au piège de la dynamique perverse d’une civilisation où ses mérites sont constamment comparés à ceux d’autrui, poussé par le culte à la croissance à l’extrême de ses ressources personnelles comme naturelles, et vivant par procuration des exploits réalisés par d’autres, cette absence de transcendance intérieure pour l’être humain, source d’inertie mentale et de perte de ses capacités psychiques, ne pouvait que déboucher sur des symptômes comme la violence, la drogue et la consommation d’antidépresseurs , la désespérance, la solitude, le suicide… Résultats qui ne sont ni plus ni moins qu’à la mesure des perversités dissimulées derrière un masque socialement, culturellement et politiquement acceptable. Notre société, le choix qu’elle fait d’éduquer et non d’instruire, et une propension à la facilité ont progressivement conduit à rechercher la pure satisfaction des désirs, une course à l’échalote qui éloigne l’être humain de lui-même, qui le vide de sa propre substance. Héros sans vision ni espoir, cherchant une échappatoire dans les distractions toxiques et les jeux de rôle virtuels, il s’abandonne à un rêve sans lendemain pour oublier le train des réalités quotidiennes, sauf lorsque la maladie ou la mort le ramènent, par obligation et par force, face à lui-même...

 

Une civilisation se termine, celle dont la préoccupation matérielle a eu pour effet de séculariser le réel et d'extraire le mystère du monde et de l'existence à nos consciences. Nous devons en bâtir une nouvelle.

 

Crise de civilisation

 

A partir du XX° siècle, "l’homme" conditionné et manipulé par le système prédateur asservisseur* a développé sur les recettes du capitalisme keynésien le modernisme et, grâce au matérialisme, il a permis à la matière de régner progressivement en maître au détriment de l'Esprit, la conscience universelle. Cela l’a entraîné dans une autre direction, bien plus perverse, celle qui voit en ce début de XXI° siècle le matérialisme scientifique commencer à effacer progressivement l’esprit humain au profit des machines, dans le cadre d'un mouvement appelé le transhumanisme*². Car la vie dans un environnement mécanisé, industrialisé et digitalisé, a un effet mortifère sur les processus mentaux. Le béton, le plastique, le métal et les ondes électriques ou magnétiques qui jaillissent continuellement finissent par produire une terre comme une pensée stériles, qui ne se régénèrent pas, comme abandonnées.

La crise que nous vivons, démarrée il y a plusieurs décennies, est cachée par les artifices de l’endettement et du virtuel de l'économie financière agités par leurs pyromanes irresponsables ou manipulateurs délibérés. Nos dirigeants institutionnels ne font que semblant de diriger un système qu'ils savent déjà mort, faute d'avoir pu en imaginer à temps la transformation. Qui plus est, l'"urgence climatique" qui menacerait "le destin de l'humanité" voit nombre de scientifiques déclarer que "la population mondiale doit être stabilisée et, idéalement, progressivement réduite" au moyen de politiques éprouvées et efficaces qui renforcent les droits de l'homme tout en abaissant les taux de fécondité et en atténuant l'impact de la croissance démographique sur les émissions de gaz à effet de serre et la perte de biodiversité. Ces politiques rendraient les services de planification familiale accessibles à tous, éliminant les obstacles à leur accès et accomplissant une pleine équité entre les sexes, y compris l'éducation primaire et secondaire comme norme mondiale pour tous, en particulier les filles et les jeunes femmes... Toutefois, d'autres comme le PDG et milliardaire de l'entreprise automobile Tesla, Elon Musk, déclarent que le plus grand problème auquel le monde est confronté n'est pas l'explosion démographique, mais l'"effondrement de la population" dû à la chute libre des taux de natalité. En effet, depuis des années déjà, les démographes mettent en garde les pays occidentaux, dont le taux de natalité est inférieur au taux de remplacement, contre ce que certains appellent "l'hiver démographique". Dans un tel effondrement, les personnes âgées sont plus nombreuses que les jeunes, ce qui crée de graves déséquilibres. Les économies en souffrent. Certaines pourraient même s'écrouler. Le résultat pourrait avoir un impact négatif sur certaines des principales infrastructures — comme les systèmes financier et de soins de santé — qui contribuent à la vie de la démocratie occidentale.

* Cf. Compréhension de la Matrice asservissante & Prédation manipulatoire.

Cf. Conscience du XXI° siècle.

 

L'illusion de la société robotique

Les mutations massives qui touchent le marché de l’emploi concernent la vie des individus, au sens individuel comme collectif. C'est pourquoi les immenses bouleversements qu’annoncent la révolution robotique en cours inquiètent. Le discours institutionnel et de ses relais inféodés consiste à dire que l’automatisation ne fait pas perdre de travail, et que c’est d’ailleurs dans les pays où il y a le plus de robots qu’il y a le moins de chômeurs. La réalité est cependant toute autre. Certes si dans les pays dans lesquels il y a actuellement le plus de robots il y a moins de chômage, c'est qu'ils sont par nature les pays les plus industriels, comme l’Allemagne, la Corée du Sud, le Japon. Mais dans ces pays autrefois en plein emploi, nous avons assisté ces dernières années à l’apparition du chômage ou d’une classe très pauvre de travailleurs, voire les deux, comme en Allemagne et, dans une moindre mesure, au Japon.

La réalité de l’emploi est donc toute autre. En prenant le cas emblématique d’une entreprise mondialement connue et reconnue à travers le monde, Mc Donald, qui, ayant besoin de beaucoup de main-d’œuvre recrute tout le temps des milliers d'individus compte-tenu de taux de rotation importants de ses effectifs (métier difficile et temporaire concernant beaucoup de jeunes et d’étudiants), la courbe de l'emploi en rapport au nombre de restaurants démontre les effets de l'automatisation de l'emploi (graphique ci-contre). Si en 2013 les 35.429 restaurants avaient besoin de 440.000 collaborateurs pour tourner, en 2017, avec 37.241 restaurants, McDo n’a plus besoin que de 235.000 personnes. Et comme le taux de rotation des effectifs est très important, il n’a pas été nécessaire de faire de plans de licenciement... En 5 ans, McDo aura divisé par 2 ses effectifs, les profits suivant évidemment la courbe inverse. De son côté, le client qui désormais passe commande aux bornes automatiques pour son "confort" contribue à un résultat de 200.000 postes en moins.

Au-delà de la raréfaction du travail, est posée la question du   financement des retraites, qui repose sur la capacité des actifs à payer des cotisations sur des salaires versés servant à payer les pensions des anciens. Point de salariés, point de salaire. Point de salaire, point de cotisation. Point de retraite !

 


L’exemple Walmart

Répandue aux USA et au Canada, cette enseigne de la grande distribution fait régulièrement parler d’elle sur le sujet de la robotisation. Fondée en 1962 par l'homme d'affaires et entrepreneur Sam Walton (1918/1992) dans l’Arkansas, Walmart emploie de nos jours près de 2.3 millions de personnes dans 11 000 supermarchés, et ce dans 27 pays. Le chiffre d’affaires à fin 2018 était de plus de 500 milliards de dollars avec un résultat net de 14.4 milliards. Mais comme pour investir autant il a fallu faire appel à des actionnaires et des partenaires financiers, ces derniers sont gourmands pour percevoir leurs dividendes. Et comme pour Amazon et d’autres, c’est l’emploi qui est considéré comme un frein. Aussi Walmart suit le même chemin que ses "confrères" du net en robotisant les tâches répétitives. Dans le discours de ses dirigeants, c’est libérer du temps pour les salariés qui peuvent soi-disant se consacrer à d’autres tâches comme la relation clientèle et le service. En 2017, l’enseigne a mis en place 360 robots pour du nettoyage et de la logistique, avant de passer en avril 2019 à une nouvelle vague de 4000 robots. Le vers est dans le fruit, la tentation du magasin entièrement automatisé faisant rêver l’enseigne comme Amazon. Vérification des stocks, approvisionnement des rayons, préparation des commandes en lignes, caisses automatiques, les éléments clés sont en place.

 

La résistance du modèle pyramidal

Si d'aucuns imaginent que les nouvelles technologies ont ouvert un nouveau modèle structurel et organisationnel dit en réseau, plus efficace pour le client, ils se leurrent, tant les germes du modèle pyramidal - la "père-version", sont ancrés dans la psyché humaine*. C'est ce que démontrent les chatbots (à prononcer en français "tchatbotte"), connus en matière de relation client sous le nom d'"agent conversationnel", autrement dits des logiciels programmés pour simuler une conversation en langage naturel que l'on retrouve sur nombre de sites Web grand public (SNCF, Orange, Fnac, Ikea...). Apparaissant sous la forme d'un personnage animé ou d'une zone de dialogue intitulée "Posez-nous vos questions", ils colonisent les messageries et réseaux sociaux pour aider les internautes à résoudre un problème, à commander des produits ou à se diriger vers le service le mieux adapté*². Ils alimentent ce faisant une multitude de données, expliquant que les GAFAM telles Facebook et Microsoft mettent à disposition des développeurs des interfaces destinées à leur permettre de développer leurs propres outils de dialogue intelligents, notamment pour le compte de marques commerciales.

Si l'intention proclamée est la fameuse "relation client", l’expérience client peut en réalité vite tourner au cauchemar, en tout cas en rond, avec ce type d’interface qui avoue ses limites assez facilement. Qui plus est, chacun de ces chatbots est spécialisé dans un domaine (transactionnel, d’orientation, de recommandation, etc…), conduisant parfois à la pagaille. Lorsque la cible est la même, avoir à faire à différents chatbots sans plus savoir auquel s’adresser devient un poil agaçant. C'est pourquoi apparaissent désormais pour y remédier les "métabots", qui font office de plateforme d’orientation vers le bon chabot ! Pour autant, les systèmes automatisés ont des failles, comme le démontre la complexité d'obtention d'un numéro d’appel avec un vrai opérateur au bout du fil, qui la plupart du temps n’y connait rien, a souvent quelques difficultés à s’exprimer dans notre langue, et n'est pas toujours capable de fournir une réponse ou solution à notre problème… Et comme les entreprises font de plus en plus appel à ces systèmes, bientôt chapeautés par d’autres, la construction pyramidale demeure, tout à fait destinée à s’effondrer ! 

* Cf. Le modèle pyramidal décodé.

*² Le concept a émergé dans les années 1960 avec le programme logiciel Eliza du Massachusetts Institute of Technology (MIT - Cambridge USA) qui, imitant un psychothérapeute, était capable de poser des questions à un humain et de mener la conversation en reformulant ses réponses. Avec la montée en puissance des capacités de calcul et les progrès de l'intelligence artificielle (IA), ces logiciels conversationnels exploitent désormais des schémas complexes d'analyse du langage en prenant en compte le contexte et en s'améliorant au fur et à mesure de leur utilisation. Ils peuvent profiter de la reconnaissance vocale pour répondre à des questions ou déclencher des actions, comme Siri (Apple), Google Assistant ou Cortana (Microsoft).

 

Le combat inéquitable entre la presse et les géants du net

En langage juridique cela s'appelle les "droits voisins", voyant Google reprendre dans son contenu d’actualité ou par items de recherche des articles de presse écrite publiés, y compris de manière dégradée, sans que la société ne verse un seul centime aux organes de presse concernés. Malgré la loi adoptée par l’Assemblée nationale française le 23 juillet 2019 afin de créer un droit voisin au droit d’auteur, censé redonner de la force au pouvoir à la presse face aux géants du numérique, et dans la foulée de la directive européenne approuvée en avril 2019, Google ne s'en laisse pas compter. Si la presse s’entête à vouloir la faire payer*, celle-ci les rendra invisibles sur son moteur de recherche ! Tout naturellement,  Facebook en fait de même de son côté. Ce sont bel et bien désormais les moteurs de recherche et les réseaux sociaux qui dirigent le monde. Quant à la menace de se voir démantelés par les États pour abus de position dominante, les géants du numérique savent que ce scénario sera bien long en procédure et probablement ruineux.

* Les auteurs de la presse ont décidé également de déposer plainte auprès de l’autorité de la concurrence…

 

Les risques de l'économie virtuelle

S'il y a dans la révolution technologique d'incontestables progrès, il y a également beaucoup de choses qui ne servent à rien, et aussi des arnaques*. Les "cryptomonnaies"*², ces  monnaies utilisables sur un réseau informatique décentralisé, de pair à pair, en sont un exemple. Par-delà leur volatilité pouvant aller jusqu'à leur l’effondrement, elles présentent des risques non négligeables. Comme elles sont virtuelles, elles se stockent informatiquement sur ordinateur ou smartphone avec pas mal de risques : piratage, panne du support utilisé... C'est ainsi qu'en décembre 2019 trois hommes ont été arrêtés aux États-Unis, soupçonnés d’avoir réalisé un "système de Ponzi moderne et sophistiqué" pour un montant d’une ampleur impressionnante, 722 millions de dollars.

Mais d’autres mauvaises surprises peuvent survenir, comme celle que viennent de découvrir en janvier 2019 92 000 clients de la société QuadrigaCX, la plus grande bourse de bitcoins au Canada, appartenant à Quadriga Fintech Solutions. Pour garantir la sécurité maximale, le fondateur de cette société stockait lui-même et tout seul les clés de sécurité des avoirs de ses clients stockés dans des "cold wallet ". Décédé en décembre 2018, il semble qu’il ait emporté l’accès à ces clés avec lui, aucun des brillants informaticiens mobilisés pour accéder à ces données via son ordinateur n'y étant parvenu. Cela laisse sur le carreau ses clients qui ne peuvent plus accéder à un montant global détenu de plus de 120 millions d’euros ! Évidemment, pour certains, l’histoire sent l’arnaque…

* Cf. Conscience du XXI° siècle.

*² Elles sont fondées sur les principes de la cryptographie, intégrant leur utilisateur dans les processus d'émission et de règlement des transactions. Le terme "crypto-actif" fait référence à des actifs monétaires virtuels stockés sur un support électronique, permettant à une communauté d’utilisateurs les acceptant en paiement de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale.

 

L'Islande, terre promise des cryptomonnaies

Grâce à ses sous-sols gorgés d'eau chaude qui fournissent de l'électricité en abondance et à bon prix*, l'Islande est devenue un paradis pour les "mineurs" de cryptomonnaies comme le bitcoin (ainsi que l'Ethereum*², le Dash, le Litecoin), émis par des serveurs aussi puissants qu'énergivores. En effet, contrairement au dollar ou à l'euro, le bitcoin n'est pas émis par des banques centrales, mais "miné" ou créé dans des "fermes" informatiques. L'Islande offre en effet des conditions uniques au monde pour la production de cryptomonnaies, en raison de son énergie géothermique bon marché et 100 % renouvelable. Comme la température moyenne annuelle sur l'île est d'environ 5°C, elle est idéale pour éviter la surchauffe des serveurs, et parfait pour limiter mécaniquement le besoin de consommation énergétique (le vent polaire est aspiré par une batterie de ventilateurs, puis filtré et mélangé avec la chaleur que dégagent les ordinateurs - jusqu'à 80°C -, permettant de maintenir la température des stations de minage entre 5°C et 25°C). L'impact environnemental bien réel des cryptomonnaies virtuelles est ainsi limité, expliquant qu'il en est de même pour les nombreux datacenters (centres de données) qui s'y installent, leurs exploitants ayant accès à l'énergie renouvelable et à un climat frais pour opérer les sites les plus économiques au monde.

* Le kWh hors taxes (0,065 euro) y est en moyenne deux fois moins cher que dans l'Union européenne (0,114 euro), selon les données d'Eurostat pour 2016, ce qui fait de l'Islande l'une des nations les plus compétitives d'Europe derrière la Serbie, la Macédoine et la Bosnie.

Ethereum est un protocole d'échanges décentralisés, qui permet la création par les utilisateurs de contrats intelligents grâce à un langage "Turing-complet", autrement dit un protocole informatique pour vérifier ou mettre en application ces contrats mutuels qui sont déployés et consultables publiquement dans la blockchain. L'unité de compte comme moyen de paiement de ces contrats est dénommée Ether (sigle ETH). Ethereum, lancée en décembre 2013 par un programmeur (Vitalik Buterin), est la deuxième plus importante monnaie cryptographique décentralisée, la chaîne de blocs Ethereum ayant été lancée fin juillet 2015.

 

Elle présente trois composantes :

. Une crise de civilisation, sans précédent dans l’histoire, liée à l'impossibilité de la promesse du couple technologie / croissance de créer un monde désirable et viable. Celui-ci au contraire est en train de se désagréger. Ce n’est pas simplement une crise d’ajustement comme celles que nous avons pu connaître dans les années cinquante, soixante-dix ou quatre-vingt-dix.

. Une dictature des élites, celles constitutives de la classe dirigeante en place, simples relais, elles-mêmes supervisées par des méta organismes s'étant substitués à la souveraineté des États. Ils sont seuls à pouvoir faire face à l'effondrement en cours et à venir des cautions d’un système devenu virtuel, véritable écran de fumée d'une économie dépouillée de sa substance réelle. Si les États ont sauvé les banques suite à la crise de 2008, qui sera à même de sauver les États en asphyxie ?

. Une crise de sens, celle de la "religion du progrès" qui s’était substituée aux grandes religions jusqu'alors dominantes dans l'indispensable alternative existentielle, et qui n’ont l'une comme les autres absolument rien construit de cohérent. Notre grande et moderne civilisation a échoué à combler le vide laissé par la "mort de Dieu", le mystère profond du vivant, causant par son dogmatisme rationnel et mécanique le culte nihiliste et mortifère du matérialisme.

 

Démocraties en trompe-l’œil

Quelle belle illusion constitutionnaliste que cette démocratie à régime de Congrès ou de Parlement. Cet adulé système chanté à l'unisson par les chantres zélés des plateaux de la médiacratie et les politiciens s'en regorgeant n'a pourtant jamais incarné la liberté dont elle se revendique. Elle n'est que la loi du nombre contre une minorité, et surtout l'artifice de quelques-uns contre les populations. Comment imaginer nos élus capables de réfléchir, d'analyser et de signer les kilos de paperasse législative auxquels ils sont soumis avec acuité et sens de l'intérêt général, qui plus est affranchi des consignes de parti ? Le Traité de Maastricht et son gigantesque transfert de pouvoir à l'Union européenne aurait-il pu être acté, tout comme le Patrioct Act aux États-Unis, si tel avait été le cas ? Le prétexte terroriste est idéal pour réduire le terrain des libertés et réduire les prérogatives déjà écornées des parlementaires sur les pouvoirs hors contrôle octroyés aux gouvernements. Quand plus aucun corps élu ne représente la défense des libertés et des acquis d'un peuple, gage de contrôle et d'équilibre, comment se nomme le système politique présidant à nos destinées ?

 

Le standard de vie occidental ne pouvant s'appliquer à une humanité qui comptera bientôt 9 milliards d'habitants, la prédation sur les ressources par les pays détenant la puissance militaire et financière ne peut que s'accentuer et contribuer à encore plus de remous générateurs d'insécurité comme de misère. Inéluctablement le niveau de vie des classes moyennes dans les pays riches continuera à se paupériser pour s'aligner sur celui des nouvelles puissances économiques fortes, l'Inde ou la Chine, ce qui ne pourra être accepté que dans un champ restreint de libertés, au nom du sécuritaire, ainsi que dans la poursuite du gavage des consciences par le divertissement virtuel (tv, jeux vidéo, on line...). Cette césure, fruit de cette "modernité capitaliste libérale", contribue au désenchantement de notre relation au monde. 

Aussi est-il urgent de refonder une civilisation nouvelle, impensable en l’état de la conscience des classes dirigeantes et de son incapacité constatée à changer son logiciel. Ceci passera obligatoirement par la réouverture d'un lien mystique avec le Tout infini et la célébration de l’universelle diversité de notre humanité, de la pluralité de ses langues, imaginaires et couleurs, nullement contradictoire avec le sens de l’échange, du passage, de la transmission. Pour penser complémentairement, et non pas contradictoirement...

 

Les ferments des nouvelles influences

Petit à petit se sont mis en place à partir du XX° siècle de nouveaux courants conducteurs d'un changement profond de l'homme dans sa relation à l'Univers. D'abord par le biais des grandes idéologies transnationales : pacifisme, anarchisme, communisme, socialisme, capitalisme, consumérisme, libéralisme. Sur le plan scientifique, la déstructuration de la matière n'a eu de cesse avec les grands penseurs du monde quantique (Max Planck, Albert Einstein, Niels Bohr). Sur le plan des arts, la peinture avec les cubistes et les abstraits (Pablo Picasso, Georges Braque, Vassily Kandinsky) comme la musique avec l'école dodécaphonique de Vienne (Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton Webern) ont cassé les agencements traditionnels de leur représentation "rationnelle". Sur le plan international, la Société Des Nations (1921) puis l'Organisation des Nations Unies (1945) ont amorcé la préoccupation humanitaire à l'échelle mondiale.

 


Plutôt que de crise, nous sommes appelés à une grande transformation, mutation ou métamorphose profonde à la fois écologique, globale, sociale et informationnelle. La crise est le récit inventé par le système oligarchique en place pour préserver ses intérêts alors que le monde est bousculé par cette "grande transformation" de nature transcendantale, touchant à l'éveil de conscience de plus en plus d'individus. Face à l’incapacité des formes politiques traditionnelles à inventer, il devient urgent de mobiliser cette énergie et cette sève citoyennes, de mettre en scène et en chaîne ces différentes initiatives. Si la créativité est considérable, elle est encore trop souvent invisible et peu reliée. Toutefois, de nombreuses initiatives encouragent la promotion de cette vaste initiative citoyenne qui, si les gouvernements ne se montrent pas prêts à les soutenir, risque d’entrer rapidement en conflit avec le pouvoir.

 

Pourquoi nous sommes en guerre

La prospérité, c’est de l’huile dans les rouages nationaux et internationaux, le grain à moudre dans les relations domestiques, sociales, internationales et géopolitiques. Quand elle cesse, tout se grippe. Il en résulte la guerre. Cette guerre a pour origine la fin de la prospérité illusoire produite par la grande vague de crédit mondial d'un système capitaliste qui a buté sur ses limites, la raréfaction et l'insuffisance du profit de production. Au lieu de dépasser ses contradictions, le système s’y est enfermé. Il a voulu faire de la fuite en avant, se dopant par la dette et la fausse monnaie tous azimuts. Le monde, au lieu d’être réaliste, s’est envoyé en l’air avec des opioïdes monétaires. Les promesses intenables ont été accumulées. La dette s’étant accumulée et suraccumulée, le monde a croulé sous les mauvaises créances, sous l’usure, sous l’insolvabilité. Le système a truqué ses livres de comptes, il a ajouté des zéros partout. La création de liquidités est venue gonfler les cours de Bourse ; elle a provoqué une hernie de capital fictif, une débauche zombiesque de capital de poids mort. L’alchimie financière a échoué à transformer le plomb des dettes et de la fausse monnaie en richesses réelles et en croissance. Résultat : une bulle financière colossale. Tout est bullaire – le crédit, les actions, l’immobilier, les dérivés, les emprunts d’État. Tout est pourri, fragile, mal évalué, mal financé par du court qui finance du long, mal financé par du sans-risque qui finance du risque. Nous sommes rongés par l’absence de vrai capital et de vraie assurance pour faire face aux sinistres. Nous vivons dans le bluff. On ne peut plus accepter de sinistre, il faut maintenir l’illusion de la perfection. On est impuissant mais on joue la comédie de la toute-puissance, on ment, on manipule, on triche, on falsifie. Et quand le butin se rétrécit voire disparaît, alors les brigands s’entretuent...

Comme nous sommes dans un monde de compétition stratégique et de guerre froide, il ne peut déboucher que sur la guerre militaire. Ceci explique que, la pyramide menaçant de s'écrouler, les élites soient en guerre contre tout et tout le monde pour maintenir l’ordre social qu’elles sentent très menacé. Il leur faut reprendre en main les peuples et sociétés civiles, les enfumer et manipuler, les encadrer et mettre au pas, les censurer, militariser les polices, désigner les ennemis intérieurs et extérieurs. Finies les recherches d’unités nationales, place à l'exclusion. C'est l'engrenage inexorable d'une Histoire se remettant invariablement en marche

Cf. Regard de Bruno Bertez, spécialiste de l'information financière.

 

Le déclin de l'Empire américain

Dernier "phare" civilisationnel à l'issue des Révolutions dites des lumières européennes, les États-Unis ont enclenché leur inexorable déclin, avec symboliquement les trois coups mortels l'inaugurant. Le premier a été le parricide sur leur sol de leur Président, John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas; le second après janvier 2000, avec la chute de leurs marchés boursiers lors de l'éclatement de la bulle des dot-com, c'est-à-dire leurs actifs les plus importants; le troisième avec les "attentats terroristes" du 9 septembre 2001 à New York et Washington, villes emblématiques par excellence. Au XXIème siècle, le taux de croissance du PIB a ralenti, la dette a augmenté, les importations ont grimpé en flèche, les exportations ont décliné, mettant à mal l'éclatante santé du modèle capitaliste et libéral jusqu'alors loué. Fin de bulle, fin de l'apogée.

L'Amérique décline, à tel point que le célèbre magazine Foreign Policy (édité par la Washington Post Company depuis septembre 2009) n'a pas hésité à écrire que "Selon de nombreux critères, les États-Unis semblent un pays franchement médiocre, voire carrément dans les derniers rangs des pays riches. S'ils restent l'un des pays les plus prospères du monde, se classant en 2021 au 18ème rang sur 167 nations selon le think tank londonien d'obédience conservatrice l'Institut Legatum, la crise du Covid-19 a affaibli sa prospérité et ce même avant la pandémie, les fusillades de masse, les niveaux élevés d'obésité et les problèmes de santé mentale faisaient déjà des ravages sur la qualité de vie des Américains.

C'est ce que montrent les trois objectifs américains traditionnels : la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Concernant les critères de qualité de vie, les États-Unis se classent souvent mal. L'Indice du développement humain de l'ONU, qui mesure non seulement la performance économique mais aussi l'espérance de vie et l'éducation scolaire, met les États-Unis à la 13ème place, derrière d'autres démocraties industrialisées comme l'Australie, l'Allemagne et le Canada. Les États-Unis sont 45èmes en termes de mortalité infantile, 46èmes pour ce qui est de la mortalité maternelle et 36èmes en matière d'espérance de vie. Et la liberté, alors ? Selon Reporters sans frontières, les États-Unis sont 48èmes pour ce qui est de la protection de la liberté de la presse. L'indice de la perception de la corruption de Transparency International place les États-Unis comme 22ème pays le moins corrompu au monde, derrière le Canada, l'Allemagne et la France. Les experts de Freedom House classent les États-Unis 33èmes en termes de liberté politique, tandis que le projet Varieties of Democracy met la qualité de la démocratie américaine un peu plus haut – à la 27ème place. Quant au bonheur, le World Happiness Report met l'Amérique au 19ème rang, juste après la Belgique. La Belgique !"

La dette fédérale totale des États-Unis s'établit en 2023 à 33 000 Mds$, soit 77 fois plus que les 427 Mds$ lorsque Joe Robinette Biden l'actuel Président a été élu pour la première fois au Congrès. Quant à la dette des ménages US, elle est passée de 35% des revenus en 2000 à près de 44% aujourd'hui. Alors qu'ils traînent les lourds bagages de leurs dépenses passées, les consommateurs ont beaucoup de mal à envisager de futures dépenses. Par ailleurs, de nombreux ménages vivent au mois le mois (62% des ménages américains ont moins de 1 000 $ d'épargne ; sur ce chiffre, la moitié n'avait pas d'épargne du tout). Si l'on compare à une bonne partie du reste du monde, les Américains travaillent plus et sont moins payés. Ils travaillent certes plus d'heures que les Britanniques, les Français, les Allemands – ou toute autre économie développée... mais cela ne les mène pas loin. La richesse médiane par adulte aux États-Unis n'est en effet que de 61 000 $, ce qui les met derrière les citoyens de 20 autres pays, dont l'Espagne, l'Italie, Taïwan et la Corée du Sud. Le Bureau américain des statistiques de l'emploi (BLS) indique que le chômage est à des planchers de 50 ans. Depuis 2000, quasiment tous les nouveaux emplois ont été créés dans le secteur des services, qui paie mal, ou dans le secteur gouvernemental, à la productivité limitée : restaurants, livraison de pizzas, soins aux personnes âgées et à leurs animaux de compagnie... Les emplois permettant de faire vivre une famille, quant à eux, ont chuté de 5 millions durant cette période de 20 ans. Parallèlement, la population US a augmenté de 47 millions de personnes. Et, dans le même temps, 5,8 millions de travailleurs ont disparu. Les équipes de recherche de leur côté ont déclaré que ces personnes avaient été repérées allongées sur des canapés, à regarder la télévision, ou bien attablées dans un Starbucks où elles faisaient semblant de travailler à une nouvelle start-up. Si l'on additionne tout cela, on se retrouve avec un homme américain moyen dont le revenu est près de 30% inférieur à ce qu'il était dans les années 70. Ou, si l'on calcule cela en termes de temps nécessaire pour acheter une voiture et une maison ordinaires, il doit allonger 50% de plus. De toute évidence, ces faits ont lourdement influencé les électeurs en 2016. Ils avaient hâte de rendre sa grandeur à l'Amérique !

La réalité est que les États-Unis ont laissé tomber les valeurs essentielles à leur grandeur, parce qu'ils se sont détournés des marchés pour se concentrer sur la politique. Les marchés américains sont ainsi devenus moins compétitifs, voyant la concentration être élevée dans de nombreux secteurs, les dirigeants être bien installés et leurs taux de profit être excessifs. Ce manque de concurrence a nui aux consommateurs et travailleurs américains, menant à une hausse des prix, un déclin des investissements et un recul de la productivité. Le déclin de la concurrence a été l'augmentation des barrières à l'entrée, avec une faible application des mesures anti-trust, le tout soutenu par un lobbying intensif et d'importantes contributions électorales... Si c'est par les marchés que les gens s'enrichissent, c'est toujours par la politique que leur richesse est redistribuée et gaspillée !

Cf. Thomas Philippon, auteur de The Great Reversal : How America Gave Up on Free Markets ("Le grand renversement : comment les États-Unis ont abandonné le libre-échange").

 

Le déclin de l'empire étoilé a engendré une nouvelle bataille entre l’Est et l’Ouest, une lutte pour la "domination totale" menée par les États-Unis, avec des objectifs de guerre changeants et largement inaccessibles, irréalistes ou indignes. Elle est présentée comme à l'accoutumée par une lutte entre le bien et le mal. Le plan consiste à mener cette guerre sur trois fronts.

 

D'abord, le maintien de la Russie, autre géant aux ressources énergétiques conséquentes, sous pression en Ukraine par des sanctions et des combats actifs visant à affaiblir son régime de Poutine.

Ensuite, l'association à Israël pour attaquer les pays islamiques et les groupes "terroristes" (Hamas, Hezbollah...) au Moyen-Orient.

Enfin, en cherchant à empêcher la Chine d’acquérir une supériorité technologique et/ou économique, notamment dans le domaine crucial des puces illustré par sa percée dans le domaine de la photonique du silicium* qui pourrait lui permettre de surmonter des obstacles techniques.

La question vitale est de savoir si le "Made in China 2035" va permettre à la Chine de détrôner la fabrication militaire et de haute technologie des États-Unis d'ici là, car le déclin de l’industrie manufacturière américaine et l’affaiblissement de sa compétitivité sur le marché mondial sont devenus une tendance irréversible. Que se passera-t-il alors si toutes les mesures  prises pour arrêter la Chine ne fonctionnent pas ?

 

 

* Les puces photoniques au silicium peuvent être produites au niveau national sans dépendre de machines de lithographie à ultraviolet extrême (EUV) haut de gamme, contrairement aux puces électriques.

 

 

 

Du tigre chinois (1)

Nul(le) ne peut contester la montée en puissance de l’hégémonie de ce pays à la puissance commerciale et financière redoutable. Si les États-Unis font une politique internationale d’ingérence et de violence, la Chine mène une guerre financière et commerciale "douce" mais redoutable, avec le risque d’imposer ses propres règles dans ce jeu, tout particulièrement à l'encontre de l'Union européenne fragilisée par ses faiblesses structurelles*. En effet, la Chine a une culture de l’unité, réprimant sévèrement tout individualisme ou toute forme constituée de différence, comme elle le fait par exemple avec le peuple OuÏgour (peuple turcophone et musulman sunnite habitant la région autonome ouïghoure du Xinjiang en Chine et en Asie centrale) considéré comme "terroriste" et devant être "rééduqué" pour cette raison. Elle tient sa puissance d’une économie de production de masse à bas prix (main d’œuvre servile et bon marché), mais surtout d'une robotisation galopante, un tiers des robots industriels dans le monde se trouvant en Chine.

Depuis 1980, la Chine a fait mieux que rattraper son retard héritage des années Mao (de 1950 à 1980, le "Parti" a commis à peu près toutes les erreurs économiques et sociales qu’un régime politique aveuglé par son dogmatisme puisse commettre), et ce en renouant avec son mix de tradition mercantiliste tri-millénaire (route de la soie, terrestre puis maritime) et sa stratégie impériale de gestion dirigiste, planificatrice et centralisée (variante de l’élite administrative symbolisée par les mandarins). Le développement des robots étant exponentiel - en 2020, 950 000 des 3 millions de robots industriels installés dans le monde le seront en Chine, il a permis de gagner à l'export des parts de marché significatives comme dans le secteur automobile (ainsi en France où, en 5 ans, les pneus chinois sont passés de 5 % de parts de marché à 30 %). Qui plus est, la Chine a installé environ 80% de la capacité mondiale de haut débit mobile 5G... aussi essentielle pour la quatrième Révolution industrielle que les chemins de fer l'étaient pour la première Révolution industrielle. Elle est également bien plus avancée que les États-Unis ou l’Europe sur la voie de la devise numérique, fonctionnant sur la base d’une architecture blockchain… mais centralisée pour les besoins de la cause, par opposition aux "registres distribués" qui constituent le principal argument des fans des cryptos s’inspirant des thèses libertariennes. C'est pourquoi la devise numérique d’État à la chinoise est le pire des deux mondes : une banque centrale qui peut imprimer autant de nouvelles unités qu’elle le souhaite (comme des ethereums, des binance coins, des cardanos… et des milliers d’autres cryptos) et contrôler ce qu’en font les particuliers et les agents économiques au sens large. Comme un pays qui accède à un leadership économique planétaire comme la Chine ne peut asseoir un tel statut que si sa devise est pleinement convertible, puis s’impose comme la plus répandue, la mieux valorisée, la plus sûre (offrant les meilleures garanties, c’est-à-dire adossée à des actifs comme l’or ou un stock de matières premières stratégiques dont le cuivre, le nickel ou le silicium), c’est ainsi que le yuan devient incontournable aux yeux de ses partenaires commerciaux.

Enfin, le pays avance beaucoup plus vite vers les villes intelligentes, les ports automatisés, les véhicules autonomes, les robots auto-programmés et une foule d'autres applications 5G, sans parler du fait qu'elle dépose désormais plus de brevets que les États-Unis chaque année.

Tout ceci permet à l’État chinois la maîtrise du peuple via caméras de surveillance et reconnaissance faciale, ainsi que par traitement et analyse des données personnelles par l'Intelligence Artificielle. Ce contrôle est globalement accepté par la population, certes dans la contrainte, mais aussi parce que l’unité  est la base du vivre ensemble chinois. C'est un système bien huilé, qui ne supporte pas un grain de sable (Cf. situation à Hong-Kong), les autorités assumant même de manipuler à leur guise et sans faux-semblants les marchés de taux, le yuan, l’immobilier résidentiel, le bitcoin, la Bourse de Shanghai et celle de Dalian (pour les matières premières).

Forte commercialement, ultra robotisée, la Chine peut ainsi lentement mais sûrement imposer sa loi et ses règles, notamment par le rachat d'usines, de ports, d'aéroports, de surfaces agricoles… en douceur ! Et c'est en achetant en masse des produits à bas prix fabriqués en Chine que les occidentaux ont construit cette situation qui les menace aujourd’hui, le déficit commercial US/Chine s'étant en 2020 établi à 310 Mds$. Évidence quasi-mécanique, la Chine pourrait surpasser les États-Unis en termes de PIB d’ici 2025 !

Toutefois, derrière le vernis, le montage financier de l’empire du Milieu se fissure, l’économie réelle tenant elle aussi comme en Occident avec la dette. De nombreuses agences plus ou moins étatiques sont chargées de faire ruisseler l’argent créé de toutes pièces par la banque centrale dans les poches des acteurs économiques pour soutenir la croissance. Et les signaux d’alerte se multiplient comme les pertes s’accumulent. C'est ainsi que la fin du premier semestre 2023 se traduit par une série d’indicateurs économiques décevants, comme le tassement des ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ou encore le ralentissement de la production industrielle et l'augmentation du taux de chômage des jeunes.

* Cf. Le modèle européen décodé (2) L'idéologie mondialiste.

Le pays le plus robotisé au monde reste en 2022 … la Corée du Sud, et ce depuis 2010 avec 932 robots pour 10 000 emplois, en croissance de 10% chaque année. Loin derrière les leaders asiatiques (Singapour et le Japon complètent le trio de tête, l'Allemagne est le pays européen le plus robotisé avec un taux de 371, suivie par la Suède. La Chine arrive plus loin derrière avec un ratio de 246.

 

Du tigre chinois (2)

Si la Chine a fini en 2023 par ré-ouvrir ses frontières suite à la gestion drastique* ratée de la crise sanitaire Covid-19 depuis 2020 qui les avait fermées, ayant abouti à un coût économique énorme et socialement insoutenable, cette nouvelle politique va échouer pour plusieurs raisons. Tout d’abord, en raison des confinements sévères au sein du pays, de nombreux Chinois ne se sont pas immunisés contre la maladie, y étant soudainement tous exposés en même temps. Cela ne pourra que submerger inévitablement au regard de l'importance de la population le système de santé chinois, donnant alors lieu à de nouvelles vagues d’agitation sociale. Ensuite, la Chine est un dragon ou tigre de papier en raison d’un endettement excessif, de l’effondrement de son secteur immobilier, de l’arrêt des importations de haute technologie et d’un effondrement démographique pire que la peste noire. La réalité de son économie faible et d’une récession mondiale pourrait avoir raison d’elle.

Quoi qu'il en soit, les commentateurs occidentaux ne peuvent comprendre ce qui se passe en Chine. Ce n’est pas une question d’intelligence, c’est une question de culture et de formation. Formation au sens de forme : ils n’ont pas dans leur esprit les formes, ou les structures qui leur permettraient de mettre en ordre et d’interpréter les décisions chinoises. Pire, ils jugent des actions du Parti communiste chinois (PCC), qui pense en termes de matérialisme dialectique, à partir de schéma spiritualistes, volontaristes, positivistes, mécanistes !

La réalité est que la Chine se prépare au conflit avec le monde occidental incarné par les États-Unis depuis maintenant de nombreuses années. Pour ce faire, elle a stoppé l’occidentalisation, repris en mains l’éducation des enfants, la culture populaire, mis au pas les stars, les ploutocrates et milliardaires, elle a changé le patron de la banque centrale, car l’ancien voulait trop l’ouvrir et l’insérer dans le maillage occidental. Elle a maintenu le contrôle de la monnaie et des mouvements de capitaux, elle a donné un coup d’arrêt aux réformes, elle a crevé sa bulle immobilière, etc. Elle a resserré sa centralisation. D’une façon générale, les dirigeants du PCC ont compris que, s’ils laissaient leur système interne original se banaliser sous l’influence occidentale, ils étaient perdus. Ils ont compris qu’il fallait préserver l’isolement et le système de valeurs internes – dans tous les sens du mot : valeurs civilisationnelles, valeurs marchandes spécifiques, valeurs politiques, valeurs morales, etc. Ils ont compris que le fondement de leur survie c’était, au sens large, le maintien et le contrôle de leur système de valeurs. Ils ont compris que les États-Unis leur tendaient un piège, le même qu’ils avaient tendu aux Soviétiques.. C'est pourquoi ils se sont retirés et se retirent encore de ce terrain.

En effet, un système de type marxiste, non fondé prioritairement sur le marché et la marchandise, mais sur l’impulsion étatique, les directives du PCC, l’investissement étatique, et la valeur-travail, ne peut se laisser aller à accepter tels quelles qu’elles les valeurs extérieures véhiculées par les marchandises, la monnaie et la culture des rivaux. C'est pourquoi la Chine ne peut survivre en tant que Chine et expérience originale que si elle se protège et évite la confrontation avec des systèmes de valeurs de l’Occident. C’est ontologique, au même titre que l’Occident cherche par tous moyens à implanter son système de valeurs chez ses ennemis, système de valeurs incluant la consommation sans limite, la jouissance, la priorité du désir sur les besoins, la vision libertarienne, la transgression, l’hédonisme généralisé, la déstructuration, etc, soit des valeurs de décadence que sont les valeurs de laissez-aller, de confort, d’égoïsme, de moindre effort. La Chine ne peut le supporter, ayant compris que ces valeurs n’étaient pas démocratiques, qu’elles ne venaient pas du peuple, mais d’en haut, des marchands du temple. Que ces valeurs démocratiques ne l’étaient qu’en apparence, qu’elles n’étaient que formelles sans contenu réel. Elle a compris qu’en réalité les valeurs occidentales, par le biais du progressisme idéologique, étaient des manipulations ; des manipulations comme la victimisation, la féminisation, le wokisme, la dictature de la mode, la dictature de la com’ et du pognon, la destruction du culte des ancêtres et le respect des personnes âgées, la négation des identités, etc.

Et si la Chine avait continué dans la voie suivie il y a plus d’une décennie, le rêve américain se serait réalisé, entendant que sous ses coups de boutoir, elle aurait perdu sa spécificité, ses forces et ses atouts.

* Cette politique consistait à multiplier les confinements, à tester les gens en masse (plusieurs fois par semaine pour la plupart), à mettre à l’arrêt les transports, et à mettre en place des camps de mise en quarantaine qui ressemblaient souvent à des camps de concentration. La Chine ne tolérait la propagation du virus sous aucun prétexte.

 

L'échec de la copie du "modèle" occidental 

L’opinion répandue jusqu'alors était que les Chinois avaient simplement "besoin de temps" pour rattraper leur retard, mais que tôt ou tard, ils seraient "comme nous" occidentaux. Ce point de vue était renforcé par le fait que de nombreuses élites chinoises fréquentaient des universités américaines telles que Stanford, MIT et Harvard, où elles côtoyaient leurs homologues américains avant d’obtenir des emplois chez des enseignes de prestige comme McKinsey ou Goldman Sachs. Une fois rentrés en Chine, ils pourraient orienter leurs collègues "moins instruits" vers la vision néo-keynésienne adoptée par leurs camarades occidentaux.

Or ce point de vue est absurde. S'il est vrai que les étudiants chinois se sont massivement dirigés vers les meilleures écoles américaines pour bénéficier des formations les plus techniques et modernes, et que la Chine a adopté de nombreux mécanismes de marché afin de faire croître son économie et de constituer des réserves de devises fortes, la réalité est que les Chinois ont toujours été de loyaux communistes, n'ayant fait qu’acquérir des outils intellectuels occidentaux pour pouvoir les battre à leur propre jeu. La théorie du "tout comme nous" était fabriquée de toutes pièces...

C'est ainsi que Jack Ma, l’un des entrepreneurs les plus prospères de l’histoire qui a incarné le capitaliste occidental espéré par l’élite sociale-libérale (il a fondé le groupe Alibaba, un géant chinois du commerce électronique similaire à Amazon propriétaire du groupe Ant, sa filiale financière de gestion du système de paiement Alipay, une des applications de paiement les plus importantes au monde avec plus d’un milliard d’utilisateurs), a été placé en janvier 2023 en résidence surveillée par des responsables du Parti communiste (PCC). Ce dernier montre clairement aux entrepreneurs qui est vraiment le patron, rien n’étant plus important dans leur esprit que la suprématie du parti et l’élimination de la concurrence idéologique, financière ou technologique.

Et avec les niveaux croissants de censure et d’autres formes de contrôle social qui émergent aux États-Unis comme en Europe, nous ressemblons de plus en plus à la Chine...

 

Comment tout peut disparaitre… et survivre

Le fonctionnement du monde a toujours été calé sur l’incertitude, même si la tentation pour les hommes est grande de la réduire sinon de la maîtriser. Les plus grandes civilisations ont toujours fini par s’effondrer pour laisser la place à d’autres. Il en est de même pour toutes ses autres composantes, quelles qu’elles soient. Toutefois, un effondrement est toujours précédé de signes avant-coureurs. Aussi la connaissance de ses prémices est précieuse, sans garantir pour autant leur acceptation, la tentation étant forte de penser que leurs conséquences ne sont pas encore d’actualité, ou qu’elles ne sont pas irréversibles, ou qu’elles sont destinées à d’autres. Appliquée à bon escient, leur connaissance permet la survie, à savoir une renaissance sous une forme forcément différente, et qu’il nous appartient d’inventer et de mettre en œuvre.

Trois indicateurs permettent de détecter la fin à venir, à plus ou moins brève échéance, d’une situation.

D’abord l’accélération de son système, réaction indiquant qu’il vit à une croissance exponentielle et de ce fait qu’il approche l’équilibre de sa capacité de charge, ou qu’il le dépasse et en transperce la capacité de charge, ce qui amène son explosion ou implosion.

Ensuite l’extinction du système, due à des limites infranchissables pour ses capacités.

Enfin la sortie de route par inconséquence dans l’exploitation du système.

Ramenés à notre fonctionnement planétaire actuel, nous pouvons identifier ces indicateurs et les risques en découlant dans les grands domaines de notre écosystème global : le changement climatique ; le déclin de la biodiversité ; l’acidification des océans ; la déplétion de l’ozone stratosphérique ; la perturbation du cycle du phosphore et de l’azote ; la charge en aérosols atmosphériques ; la consommation d’eau douce ; le changement d’affectation des terres ; la pollution chimique. Il suffit de constater l’état des pénuries d’eau dans les parties densément peuplées, des pertes économiques, des troubles sociaux et de l’instabilité politique, la propagation de maladies contagieuses, l’expansion de ravageurs et de nuisibles, l’extinction de nombreuses espèces vivantes, des dégâts irréversibles et graves à l’encontre des écosystèmes uniques, la fonte des glaces polaires et des glaciers, ainsi que des diminutions de rendements agricoles.

Pour ce qui concerne l’énergie, l’épuisement du pétrole, les émissions de carbone, la valeur financière des réserves d’énergies fossiles, les gaz de schiste, et le secteur financier font peser la menace d’un tsunami de problèmes économiques et sociaux. Et chaque année qui passe constitue un pas supplémentaire dans l’intensification des crises qui en découlent, augmentant plus que proportionnellement les risques de catastrophes soudaines, imprévisibles et irréversibles.

Si nous avons escaladé très rapidement et avec un apparent succès l’échelle du progrès technologique et de la complexité, nous pouvons également nous demander s’ils ne constituent pas une fuite en avant qui, s’auto-entretenant, laisse sur son passage de plus en plus de personnes. L’arrêt de cette ascension continue et inexorable apparaît impossible, sauf à subir un violent choc pour celui qui en est l’initiateur. Quant au choc systémique majeur pour le collectif, nous pouvons en imaginer les violentes secousses.

Une fois les indicateurs observés et analysés, la question se pose de savoir quand se produit l’effondrement. C’est toute la difficulté d’être futurologue. Comme il n’y a pas de technique précise en la matière, nous sommes conduits pour éviter la paralysie et/ou la panique à devoir lâcher prise, et à passer d’un mode " observer, analyser, commander et contrôler " à un mode " expérimenter, agir, ressentir et ajuster ". Pour ce faire, il n’y a pas d’autre possibilité que d’ouvrir notre raison à l’intuition. Celle-ci, nourrie par de solides connaissances, devient primordiale.

Ainsi, par l’observation et la raison, nous savons que les réseaux complexes sont très sensibles à deux facteurs : l’hétérogénéité et la connectivité entre les éléments qui les constituent. Un réseau hétérogène et modulaire, c’est-à-dire faiblement connecté, avec des parties indépendantes, encaisse les chocs en s’adaptant et, ne subissant que des pertes locales, se dégrade progressivement. Au contraire d’un réseau homogène et hautement connecté qui, s’il montre dans un premier temps une résistance au changement (les pertes locales sont absorbées grâce à la connectivité entre les éléments), est ensuite si les perturbations se prolongent soumis à des effets en cascade, et de ce fait à des changements catastrophiques. L’apparente résilience des systèmes homogènes est trompeuse, cachant une fragilité croissante et cassant lorsque la pression est trop importante.

C’est ce que montre le modèle HANDY, traitant de la nature dynamique et humaine, qui modélise simultanément deux caractéristiques distinctes importantes semblant apparaître dans de très nombreuses sociétés qui se sont effondrées : d’une part l'étirement des ressources en raison de la pression exercée sur la capacité de charge écologique, d’autre part la stratification économique de la société dans des élites et des masses " roturières ". Si une forte stratification sociale rend difficilement évitable un effondrement de civilisation, la seule manière d’éviter cette issue passe alors par la réduction des inégalités économiques au sein de la population, ainsi que par la mise en place des mesures qui visent à maintenir la démographie en dessous d’un niveau critique.

Nous savons désormais que notre monde présente des signes alarmants en raison de différents facteurs se combinant. D’abord les dégradations environnementales, changements climatiques, et surtout dysfonctionnements socio-politiques (verrouillage sociotechnique, aveuglement des élites, niveaux ahurissants d’inégalités, etc.). D’autre part, une civilisation thermo-industrielle qui, bien que ne concernant qu’une partie de la population du globe, présente les signes caractéristiques d’un effondrement en raison d’une complexité croissante très énergétivore couplée à l’arrivée d’une phase de rendements décroissants. Enfin, qu’un effondrement financier se produit lorsque l’espoir d’un " business as usual " est perdu. Le risque ne pouvant alors plus être évalué et les avoirs financiers ne pouvant plus être garantis, un effondrement économique est déclenché lorsque l’espoir que "le marché y pourvoira" est perdu.

Sans oublier alors qu’un effondrement politique se produit lorsque l’espoir que "le gouvernement s’occupera de vous" est perdu, la classe politique perdant derechef sa légitimité et sa pertinence. Qu’un effondrement social se produit lorsque "l’espoir que vos pairs s’occuperont de vous est perdu", lorsque les institutions sociales locales tombent à court de ressources ou échouent à cause de conflits internes. Qu’un effondrement culturel se produit lorsque "la foi dans la bonté de l’humanité est perdue", les gens perdant leur capacité de gentillesse, de générosité, de considération, d’affection, d’honnêteté, d’hospitalité, de compassion, de charité.

Nous pouvons au regard de ce sinistre tableau imaginer le pire au vu du chaos se dessinant. Ou nous pouvons choisir de ne pas voir en mettant des œillères. Mais ni l’excès de pessimisme ni le déni ne constituent de sages solutions. Il reste alors l’action courageuse pour amorcer une transition qui, bien que douloureuse, conduit à un grand débranchement des croyances en place. Elle nécessite de notre part une résilience tant psychologique dans la résistance psychique aux aléas à venir que systémique, dans la capacité à absorber une perturbation et à se réorganiser intelligemment. Elle passe cela va sans dire par notre totale mobilisation et implication.

Cf. Pablo Servigne & Raphaël Stevens, "Comment tout peut s’effondrer - Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes", Ed. Seuil Anthropocène 2015.

 

Nouvelle donne : les minerais rares

La raréfaction de ressources minérales jusqu'alors nécessaires au fonctionnement marchand de la société, combinée à l'évolution technologique - numérique tout particulièrement - y compris dans sa dimension "verte", déplacent lentement depuis le début du XIX° siècle le curseur géopolitique vers les nations propriétaires par leurs terres de ces minerais rares (oxydes, graphite, cobalt, nickel, bauxite, antimoine, tungstène, tantale, platine, yttrium, ferroniobium, iridium, lithium, ruthénium, niobium, scandium, vanadium, bismuth). Leur utilisation se retrouve dans les batteries, les ampoules, les aimants pour moteurs électriques, les lasers, les verres optiques, les pots d'échappement, les céramiques, les supraconducteurs, les peintures, les disques durs, l'horloge atomique, l'acier inoxydable, les catalyseurs de craquage des hydrocarbures... C'est pourquoi les puissances qui en sont propriétaires dominent l'économie marchande de cette première partie du XXI° siècle : Chine (Mongolie intérieure), États-Unis, ex-URSS, Australie*. D'autres pays luttent de leur côté depuis des années pour mener à bien le développement de mines et d'usines métallurgiques aussi complexes que coûteuses. Quant à l'Europe, elle n'a pas de réserves significatives de terres rares, mais certaines entreprises maîtrisent la technologie d'exploitation et de transformation.

Première nation incontestée (un tiers des réserves mondiales), la Chine domine cette production vitale, imposant une guerre des prix pour freiner sinon tuer la concurrence dans l’œuf, au prix de vives inquiétudes environnementales compte-tenu des conséquences désastreuses de l'extraction et du raffinage des terres rares. En effet, l'extraction et le raffinage des terres rares entraînent le rejet de nombreux éléments toxiques et radioactifs : métaux lourds, acide sulfurique, uranium et thorium*². Toutefois, la Chine, consciente du risque sismique important qu'elle encourt, a décidé d'édicter de nouvelles normes de protection de son territoire.

La baisse de la croissance mondiale tout comme la guerre commerciale en cours entre la Chine et les États-Unis vont avoir des conséquences bien au-delà de l'économie et des marchés financiers. En effet, la Chine reste le principal producteur de métaux au monde, la prégnance des normes environnementales, des coûts de production élevés et des faibles concentrations en métaux rares de certains gisements ayant conduit des pays industrialisés à abandonner progressivement cette production peu rentable. Elle se trouve ainsi en position de monopole. C'est pourquoi dirigeants comme industriels sont à la recherche d'alternatives, des matériaux de substitution ou le recyclage des objets existants permettant de récupérer les terres et métaux qu'ils contiennent*³.

C'est la raison pour laquelle l’Union européenne s’inquiète depuis 2008 de sa dépendance en matières premières, plus exactement de 51 minerais (parmi lesquels le lithium, le nickel, le cobalt, le cuivre) qu’elle qualifie de "bientôt plus importants que le charbon et le pétrole". Elle les considère comme vitaux, nécessaires à la production de nombreuses technologies-clés pour la transition énergétique comme les éoliennes, les panneaux solaires et les batteries électriques. Elle est ainsi totalement dépendante de la Chine pour le lithium, puisqu’elle importe 97 % de ses besoins en lithium de ce pays, ce qu'a reconnu en février 2024 la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de son discours d’ouverture du Clean Tech Industry Dialogue à Bruxelles.

L’objectif de la Commission européenne est clair : garantir l’approvisionnement européen en matières premières critiques sur le long terme, et ce malgré deux éléments : une explosion attendue de la demande d’ici à 2050 et une dépendance forte sur toute la chaîne de valeur auprès de pays extra-européen et en particulier de la Chine (un rapport de la Banque mondiale datant de 2020 prévoit que la demande en cobalt, en graphite et en lithium sera multipliée par six). Elle peut s’inquiéter, parce que si la Chine n’est pas encore tout à fait sur les chemins de la guerre (prise de Taïwan), elle est en 2023 sur les chemins de l’embargo. La démondialisation avec la Chine sera terriblement violente, et elle entraînera d’effroyables pénuries et une inflation proportionnelle.

* La Chine dispose de 37% des 130 millions de tonnes des réserves mondiales de terres rares identifiées dans le monde, les États-Unis 15%, la Russie 10% et l'Australie 5% . La production d'oxydes de terres rares de la Chine s'est ainsi élevée à environ 105 000 tonnes en 2017, constituant ainsi un quasi-monopole mondial. L'Australie, deuxième producteur, n'en a extrait que 20 000 tonnes. En 2018, sur les 170 000 tonnes produites, 120 000 tonnes (70,6%) l'ont été par la Chine.

Il faut injecter sept ou huit tonnes de sulfate d'ammonium dans le sol pour extraire une tonne d'oxyde. La radioactivité mesurée sur les sites de production est de 32 fois la normale. A titre de comparaison, à Tchernobyl elle n'est que de 14 fois la normale. Les niveaux de thorium sont plus de 30 fois plus élevés qu'ailleurs.

*³ Des industriels européens et japonais se sont lancé dans le recyclage des aimants permanents contenus dans les disques durs d'ordinateurs, les haut-parleurs, les petits moteurs électriques mais également les batteries nickel-métal hydrure (NiMH), les lampes à fluorescence ou encore les poudres de polissage des verres. Reste à déterminer si le recyclage est valable, tant en termes de respect de l'environnement que de coût.

 

Insurrection des consciences

 

Ce grand changement de conscience est en cours au sein d'une partie des populations, accentuant un fossé entre deux courants distincts : les individus entretenant une relation à l'environnement de basse fréquence vibratoire, manipulateurs et manipulés, pratiquant la religion du "moi d'abord" et de l'ultralibéralisme - le mode "Service de Soi" -, encore une majorité ; ceux qui entretiennent une relation de haute fréquence vibratoire, de plus en plus nombreux, et tout particulièrement dans la nouvelle génération et dans les mouvements altermondialiste comme alternatif - le mode "Service d'Autrui" -. La fréquence en l’occurrence n’a rien d’une expression abstraite, représentant l'état vibratoire mesuré sur le plan physique de la matière et des corps vivants. Une fois la masse critique atteinte, le changement apparaîtra irréversible, avec comme conséquence la résistance par peur de perdre de celles et ceux qui ne l'auront porté en eux-mêmes.

 

Acte II révolutionnaire

La révolution française est un processus qui a duré 10 ans, placée entre l’ouverture des États généraux le 5 mai 1789 et le coup d’État du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte, le 9 novembre 1799, qui inaugure la période du Consulat et aboutit, cinq ans plus tard, à l’avènement de l’Empire. Entre temps, le roi Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793 place de la Révolution, soit presque 4 ans après le début des événements.

Aujourd'hui, après un an de mouvement Gilets Jaunes démarré fin 2018, celui-ci n’a pas cessé, loin s'en faut, montrant une motivation inoxydable en dépit d’une répression policière violente et d’une répression judiciaire réelle, peu conforme à la nécessaire neutralité des forces de l’ordre confondant maintien de l’ordre et maintien au pouvoir. Il illustre la permanence de la " jacquerie " des braves gens - les citoyens - exprimant le rejet viscéral du mode de gouvernance vicié du pays, qui repose principalement sur la politique de communication, de propagande et d'instrumentalisation. Les forces " terribles " car éruptives ne peuvent plus s'éteindre partout dans ce pays, aussi bien dans ses banlieues que dans ses campagnes. Car aucune réponse n’a été apportée depuis fort longtemps aux maux de la France, et qui ne cessent de s'aggraver. Comme dans toutes les périodes agitées, les radicalités se répondent et montent en puissance, mettant en exergue l’impuissance politique. Le naufrage de la société française est total : social, technique, financier, ethnique, religieux, scolaire, éducatif. Rien n’y échappant, ses naufrages se renforcent, se nourrissent les uns et les autres et rendent inéluctable leur convergence destructrice tant à court qu'à long terme.

En poursuivant une politique de destruction systématique de tout ce qui faisait le pacte social français, et que nous ne pouvons plus soutenir depuis l'abandon de notre souveraineté monétaire et douanière, la convergence des " luttes " est nourrie, renforcée dans sa finalité destructrice par la division " ethnique " que le pouvoir utilise comme ultime paravent de son incurie (c'est le vieux principe du diviser pour mieux régner). Il fait monter les extrêmes pour choisir son adversaire, appuyant pour ce faire les divisions ethniques qui cisaillent notre pays. Le bilan est conséquent : des centaines de morts ces dernières années sur notre sol. 

La boîte de pandore de l'hydre prédatrice est ainsi ouverte, déversant à grand flots ses miasmes irrationnels et émotionnels putrides. Lorsque les raisons s’effacent, les passions s’enflamment. Pour le plus grand malheur de tous.

 

Face à cette crise existentielle civilisationnelle, la société civile mondiale cherche désormais ailleurs, même si les pouvoirs institutionnels en place s'évertuent à la convaincre qu'il n'y a pas d'alternative. Cette insurrection en cours des consciences s’apparente à une révolution dissidente profonde, avec tous les risques associés. La colère à petit pas, croissante chaque jour, bouscule les fondements d’un mode de vie jusqu’alors consensuel, car anesthésié. Elle débouche sur la remise en question de la relation au travail, à la consommation, à la santé et à la façon de se soigner, à la nutrition, au transport… Internet diffuse une liste sans cesse croissante de sites, médias, associations et autres collectifs engagés dans une autre façon d’être, de penser, d’agir et de vivre, ne cessant de creuser le décalage avec le " modèle " institutionnel en place. Ses membres ne croient plus à l'idée que tout évolue naturellement pour le bienfait commun, et que les découvertes scientifiques, bonnes ou mauvaises, procèdent de ce mouvement. Ils ne croient plus à l’économie de l’offre ni au dogme économique en général, qui ne sont qu’une question d’idéologie. Ils en appellent à la mise en œuvre de la responsabilité de chacun dans la défense active des bonnes causes, à partir d'une information rigoureuse. Il n’y a rien de pire en effet que des révoltés mous, des dissidents conformistes et des résistants idéalistes qui refusent de voir en face la véritable nature du rapport des forces. L’un se bat contre les moulins à vent pendant que l’autre fait la révolution sur Internet, les réseaux sociaux et par tous ses gestes, actes et paroles au quotidien. C'est une " guerre pacifique ", le choix n'étant plus entre ceux qui prient ou ceux qui descendent dans la rue. Dans cette ère nouvelle qui s'amorce, l'engagement passe par un juste milieu entre résistance et sérénité. Cette voie s'ouvre par notre prise de conscience, en regardant les choses en face. Conscience toute !

 

L’appel pour une insurrection des consciences est un appel au réenchantement du monde, à une réactivation de nos capacités à le dire et à le vivre sur un mode symbolique et sensoriel. L’intelligence ne saurait être confinée aux chiffres et équations de l'apparent Réel tel que formaté et décliné par l'appareillage du système. Elle se veut également éloge du perçu, du ressenti, du rêve, de l’Image. En dépit de siècles de désenchantement, de chosification, de colonialisme et de pillage, il a toujours existé une lignée poétique, artistique, philosophique, spirituelle, témoignant que le monde et l’humain ne sont pas des marchandises et des données statistiques.

 

L'histoire que nous connaissons nous enseigne que le comportement agressif dévoyé a existé de tous temps, à travers les invasions, les guerres, les émeutes, les révolutions, les régimes totalitaires, les divergences politiques, religieuses et autres, avec tout le cortège d'atrocités de tous genres qui les ont accompagnés, sans compter les comportements à l'intérieur des groupuscules tels que les familles, ou les cercles d'amitiés ou d'affinités. Elle nous enseigne que le chaos et la barbarie règnent lorsque les peuples se retrouvent sans bases ontologique et mystique élevées, parce qu’elles ont été délibérément écartées sinon détruites. Elle nous dit que la recherche d’un bouc émissaire en fonction de son appartenance religieuse ou ethnique (complot sioniste, péril islamiste...) est vieille comme la civilisation, et qu'elle n’est que le produit des frustrations de ceux qui cherchent des réponses rapides et simples face au véritable mal qui nous accable.

 

Il ne peut y avoir d’ambigüité sur la nature de l'engagement, soit l’émancipation de l’humanité toute entière, sans aucune forme de discrimination. Si les guerres ont toujours eu pour effet une reconfiguration sociale, la révolution virtuelle des consciences en cours combinée à leur expression et traduction du vécu semblent plus appropriées pour la substitution au modèle obsolète en place d’un nouveau vivre ensemble. Plus la révolution apparaîtra comme fondée sur le raisonnable, plus elle permettra l’expression de tous et tirera sa force du nombre. C’est une période déterminante, l'engagement des peuples comme de chacun étant devenu absolument nécessaire pour exprimer sans la violence des mouvements révolutionnaires instrumentalisés les contours de notre futur commun. D'autant plus que les palais nationaux sont désormais vides de la véritable substance d'un pouvoir moderne s'établissant à l'échelle mondiale.

C'est dans cette révolution post-moderne de création d'un cerveau global différent de celui qui a été façonné à notre détriment que se joue notre futur.

 

La solution est en nous-même

 

Le seul obstacle qui se dresse devant nous pour parvenir à créer une société nouvelle, est le fruit de nos propres peurs et égoïsmes, liés aux préjugés, certitudes sclérosantes, conformismes routiniers et autres conditionnements manipulatoires. Toutes ces peurs qui ont obscurci tant de siècles de l’histoire humaine : peur des parties de nous que nous ne connaissons pas encore, peur des autres, peur de la maladie, peur de la mort, peur du changement...

 

Vision de la vie basée sur le déterminisme scientifique

 

Personnalité conditionnée par les valeurs prônées par la société et les habitudes découlant de cette soumission.

Donne tout pouvoir aux systèmes de croyances en place, offrant l'illusion d'un choix (philosophique, politique, culturel, religieux, médiatique...).

Croit au destin, à la destinée, à la prédestination.

 

Vision de la vie basée sur l'existence d'un grand champ de conscience universel unifié

Personnalité libre de pensée privilégiant la liberté, l'authenticité, le respect de la diversité dans un souci d'unité.

Se détache des conditionnements et croyances instillés pour un état de joie, de plénitude, de compréhension, de partage, de sagesse et d'amour.

Accède à des réalités existentielles beaucoup plus vastes que celles côtoyées jusqu'alors, nourries par l'intuition.

 


Ce n'est donc pas dans l'histoire qu'il faut chercher la solution, mais à l'intérieur de la conscience de chaque individu. Notre cauchemar mondial est tout simplement lié à nos croyances. Nous continuons à essayer de changer les comportements des personnes dans le monde, alors que nous devrions essayer de changer les croyances qui sous-tendent la plupart des lois et des institutions, les coutumes et les conventions des droits de l’être. Nous ne pouvons pas changer les conditions sociales en essayant de changer les conditions elles-mêmes. Depuis combien de temps avons-nous essayé d’éradiquer la faim, dans ce monde ? Combien d’organisations à but non lucratif ont et continuent d’entreprendre cette tâche ? Il en est de même pour l’éradication de la cruauté envers les femmes, l’élimination de la persécution politique pour quiconque ayant des opinions opposées à celles de l’autorité, etc. 

 

L'homme est porteur de trois forces appropriées à l'évolution de son être, chacune reposant sur sa volonté.

La première est attachée au corps, l'instinct, qui perçoit le bien ou le mal physique résultant de la sensation qu'il éprouve, soit le plaisir ou la douleur.

La seconde est dévouée à l'âme, la vertu, qui perçoit par le cœur le bien ou le mal physique résultant de la sensation qu'il génère, soit l'amour ou la haine.

La troisième appartient à l'intelligence, soit la sagesse ou la science, qui juge le bien ou le mal intelligible naissant de l'assentiment qui se dégage, soit la vérité ou l'erreur.

Ces trois forces ne le deviennent comme telles que par le bon usage que la volonté individuelle en fait. En cas de mauvais usage, elles dégénèrent en abrutissement, en vice et en ignorance.

 

Toutes initiatives autres que "spirituelles" afin de résoudre les crises sont inutiles, nos intentions étant toujours orientées vers l’accomplissement de notre instinct égoïste lié à nos peurs, en ne formant que des unions temporaires avec les autres, au grès de notre intérêt personnel. Si le mot "spiritualité" est très sensible, sonnant différemment dans la tête de tout à chacun et créant certainement de l'appréhension par sa incompréhension à une très grande partie d’entre nous, il s’agit pour autant d’un travail autant personnel que collectif, en phase avec la réalité de notre nature, pas celle travestie et masquée par les mensonges et manipulations. Ce travail doit être mené afin de se transformer, de se corriger intérieurement, en lien avec tous ceux qui ont le même but. La "guérison" est en nous, dans la réconciliation et la maîtrise du corps avec le cœur, l’âme et l’esprit, soit l’unité vivante. Plus nous sommes en paix et en harmonie avec nous-même, plus nous pouvons être en paix et en harmonie avec notre environnement, notre famille, notre pays et notre planète. Et tout naturellement avec notre écologie planétaire et les forces de la nature.

 

Sortir de la tyrannie du temps

 

L'usage de la durée n'est pas libre, où que ce soit, déterminé par les conventions de la société et de ses représentants au nom de l'"ordre juste". Quelle qu'en soit l'apparente légitimité, il bride la capacité de chacun à (re)trouver son ressenti naturel. Les cultures incitant toutes leurs représentants à s'emparer du temps qui passe pour en faire un emploi, un usage précis, tout ce qui est devant nous est déjà en quelque sorte notre propriété personnelle, par l'intérêt qu'il représente (argent, réussite sociale, retraite méritée, vacances...). C'est tout particulièrement ce que prônent les valeurs de la société "moderne" issue du XVIII° siècle en Occident, qui ont progressivement substitué la relation des personnes aux rythmes de la nature par le cadencement du progrès. Dans cette mesure, l'acquisition de ce que va donner le temps nourrit les grands conditionnements subis pendant le formatage éducatif de l'enfance, et les remplit. Aussi l'avenir ne peut qu'être l'esclave de présupposés archaïques car dévoyés, culpabilisants, et n'être désiré que dans sa conformité fantasmée à un modèle préexistant, agissant comme un envoûtement intellectuel. Il faut à tout prix utiliser la durée pour en faire du gratifiant qui échappe au non-gratifiant. Et dans cet effort désespéré de manipulation exhaustive des horaires, c'est la manipulation du non-moi, contribuant à la constitution d'un socle d'ego profond, qui filtre la durée à travers ses pochoirs psychologiques et empêche à tout jamais l'esprit du moment de sortir des limites imposées par la peur et le désir. Les apparences sont ainsi structurées, avec les réactions qui en découlent, enfermant le sujet dans un rapport au temps castrateur.

 

La vie passe à travers toutes ces personnes qui vivent les sensations coutumières, et les considèrent comme suffisantes à leur bonheur ou à leur insertion sociale. Elles renforcent les codes ambiants en les approuvant, en les suivant, en les défendant, tout en demeurant dans les ornières psychologiques de leur famille, de leur clan d'expression, de leur "race", "culture" ou "civilisation", avec la dosette de "jeu" subjectif adéquate à leur sentiment de liberté, comme par exemple les opinions politiques, économiques ou philosophiques, et le positionnement religieux. Comment alors ne pas nuire à d'autres, puisqu'en étant convaincu que sa vision du monde est la bonne, il est nécessaire de la défendre comme de la répandre, oubliant simplement sa dépendance à la manipulation par plus fort... Un tel sentiment de satisfaction naturelle conduit invariablement les personnes si entièrement identifiées à leur propre culture à décider de l'imposer à d'autres, comme pour développer un univers homogène dont elles seraient l'origine. C'est ce sentiment de la conscience tribale territoriale qu'il est nécessaire désormais d'éradiquer de la Terre. Il ne s'agit pas de critiquer sa légitimité, puisqu'elle s'appuie sur la mémoire de la vie elle-même, et de ce saut extraordinaire que la vie a franchi en imposant à une nouvelle créature le mental. Le mental ne pouvant se satisfaire de la loi organique, celle de l'apparente singularité, il la défend, sans se rendre compte que lorsqu'il y a quelque chose de vital à défendre, il remet en circuit les compulsions de survie, d'intolérance et de violence. Certains êtres toutefois s'affranchissent de tout territoire matériel, impulsant par là-même le mouvement même de l'histoire de l'humanité.

 

La durée a été ensevelie dans les valeurs empiriques et pragmatiques de ce que nous appelons si béatement le progrès. D'où l'insistance de tous les sages, de tous les maîtres, de tous les enseignants spirituels, sur la qualité d'une pratique méditative visant à contrebalancer toutes les récupérations des horaires aux seules fins mercantiles ou avidement ludiques. Il semble que cette tranche d'histoire de l'humanité soit réellement à bout de souffle, tout ce qui a été accompli pour libérer les peuples de la survie matérielle n'ayant servi qu'à les aliéner davantage. L'espoir insensé de cette révolution des Lumières a été anéanti par un progrès scientifique qui n'a aucunement changé les valeurs de la société, quel que soit le modèle politique au pouvoir. Le moment est venu d'affirmer que le mental, qui se croit intelligent par lui-même, est en réalité stupide. La dissection analytique ne peut pas s'emparer de l'ensemble des systèmes où elle prélève ce qu'elle choisit en mutilant la toile de fond, où toute modification se répercute sur l'ensemble. Que les meilleurs esprits aient pu à ce point se tromper sur la direction de l'histoire montre à quel point la pensée est limitée et peu fiable, en dépit de la confiance aveugle que lui vouent les dirigeants et les intellectuels. Même si une large majorité d'individus se sentent au-dessus de toutes les lois naturelles, prêts à tout pour conserver leur pouvoir dans un cynisme quasi religieux, la pression de la conscience de vérité "supra mentale" ne peut que s'accentuer, quelle qu'en soit la durée, pour faire tomber ce modèle contraire à la célébration de la vie. En abrogeant la loi du territoire, le mouvement conscient en cours vers l'unité finira par prévaloir à travers la somme des existences individuelles.

 

Vers l’homme nouveau

 

Le "Grand Sens", le "Vrai Sens", celui que nous enseigne depuis toujours la Tradition, celle des grands textes* ou symboles sacrés, nous dit que l'homme n'est pas la fin. Ce n'est pas le triomphe de l'homme au sein de la nature que nous voulons, pas plus l'amélioration du gnome, cette petite créature humanoïde intelligente. C'est un autre être sur la terre, un homme nouveau, conscient de son véritable pouvoir de créateur inspiré. Seul un profond changement dans l’histoire culturelle que nous transmettons à nous-mêmes et à nos descendants, dans les attitudes comme les habitudes, produira le changement dans la façon dont nous nous traitons les uns et les autres. Comme le dit le poète et romancier français Pierre Rahbi "cela passera par apprendre à se montrer généreux les uns envers les autres et, à la place de la concurrence, de la compétitivité, des éternelles comparaisons entre le bon et le mauvais, le supérieur et l’inférieur, le dominant et le dominé, par l'instauration d'une pédagogie de la paix où les valeurs seraient mutualisées à l’avantage de tous. Aucun être ne doit être subordonné à un autre. Pas plus la femme que l’enfant". En ouvrant notre conscience à la lumière de l’enseignement de sagesse multimillénaire de l’humanité, nous pouvons créer tous ensemble un monde de paix, de partage, de santé et d’amour.

* Parmi les nombreux livres de la sagesse, le livre des Proverbes et l'Ecclésiaste donnent les règles pratiques pour réussir sa vie et être heureux.

 

Il y a un effet de nécessité comme un choix de société à trancher : fabriquer un environnement à notre image, ou nous adapter à l’environnement et à l’essence de la Vie. Autrement dit choisir entre notre prétendu savoir, qui ne sert que le pouvoir, et le véritable savoir, celui qui permet d’exprimer nos responsabilités communes pour le bien-être collectif de l’humanité et de tout l’univers. Ceci suppose d’imposer une conscience éthique, qui n’est rien d’autre que l’expression de la nature de l’âme humaine au cœur de l’existence matérielle de l’humanité. C'était le but poursuivi par la société athénienne de jadis, la paideia, qui mobilisait toutes les institutions pour aider chacun de ses membres à atteindre le développement optimal de ses talents les plus élevés.

 

De l'éthique

L’éthique (du grec ηθική, "la science morale", de ήθος "ethos", "lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère, état de l'âme, disposition psychique", et du latin ethicus, "la morale") est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure.

L’éthique est loin d’être toujours restée identique à elle-même. Au contraire, elle a connu de nombreuses et importantes transformations au cours de son histoire. L’éthique occidentale a connu plusieurs grandes périodes. Dans l’Antiquité, elle était dominée par le concept de "vertu" aussi bien chez Socrate que chez Platon, Aristote, les Stoïciens et Épicure. Ainsi, l’homme bon est celui qui réalise bien sa fonction, son télos. Il s’agit donc de réaliser pleinement la nature et ce qui constitue la nature humaine, afin d’atteindre le bonheur. Au Moyen Âge, le changement de conception s'opère, avec Descartes qui le premier prend nettement ses distances avec l’éthique antique, jugée trop "spéculative". S’appuyant sur une nouvelle métaphysique, il fonde une morale dans un sens beaucoup plus individuel. Le développement de l'éthique moderne se poursuit avec Kant et l’éthique déontologique : une réflexion critique sur les conditions de possibilité de la morale mettant l’accent sur le devoir. Chez Heidegger, l’éthique quitte toute dimension morale pour prendre les traits de la vérité de l'Être, notamment dans "La Lettre sur l'humanisme" où il n'y a plus contradiction entre éthique et ontologie comme le craignait Lévinas. Notre époque vit un développement de l'éthique appliquée en rapport avec des préoccupations environnementales et sociales. Dans les activités professionnelles et la gouvernance, la déontologie établit des codes de comportements.

Se distingue l'éthique téléologique, qui met l’accent sur les buts et les finalités d’une décision, de l’éthique déontologique, où toute réflexion éthique se fonde sur les effets d’une action. En effet, toute action ne peut être jugée bonne ou mauvaise qu’en raison de ses conséquences. En éthique, il est communément question de valeurs — qui sont de l'ordre de l'Être et du Bien, qui indiquent des idéaux à poursuivre.

 

Cette conscience éthique repose sur trois axiomes civilisationnels de nature anthropologique, expression de nos racines existentielles, qui vont profondément à l'encontre des croyances quasi-religieuses données au système politique et économique dominant.

1. La paix ne peut venir sur terre tant que nous ne serons pas convaincus que la violence ne l’engendrera jamais. La violence ne mettra jamais fin à la violence. Il est de notre responsabilité d’aider le monde à comprendre cela en réagissant différemment, en répondant de manière nouvelle, aux différences idéologiques, à l'intégrisme, à l'incompréhension entre les cultures, à la culture du mercantilisme.

2. La simplicité, la frugalité, le dépouillement tant intérieur qu'extérieur de nos pulsions de possession, d'accumulation et d'avoir dans notre relation à la matière. Il s'agit de sortir de l'aliénation qui découle de la confusion entre la satisfaction de nos véritables besoins et celle des désirs suscités par le système économique, et de devenir responsable, psychologiquement et spirituellement, de nos colères et de nos peurs, afin en les surmontant de nous réapproprier tout notre pouvoir.

3. La démocratisation radicale de toutes nos institutions y compris l'entreprise à partir d'une convivialité critique dans le partage du pouvoir, soit le "communautalisme" plutôt que le communautarisme, des humains en harmonie les uns avec les autres, se sentant investis d'un sentiment de responsabilité envers le vivant, dépourvus d'ambitions égotiques et plaçant le bien d'autrui avant toute considération d'ordre personnel.

Pour ce faire, il est indispensable de s'éveiller à la vérité de notre propre nature. Celle que nous trouvons lorsque nous nous tournons vers l'intérieur et que nous découvrons le lien avec Tout-ce-qui-est. Et comme c'est au milieu de la civilisation moderne que nous sommes, il nous appartient de nourrir le collectif de cette énergie nouvelle et d'apporter notre pierre à l'édifice du nouveau.

 

De la meta-éthique

La méta-éthique désigne l’analyse des concepts éthiques de base, de leurs présupposés épistémologiques et de leur signification, sous l’angle de la philosophie. Elle est "au-dessus" de l’éthique (meta en grec), ayant pour objet non pas de poser des normes éthiques mais de les analyser. Elle s’intéresse par exemple à la nature des normes éthiques en tant que normes, aux fondements de ces normes, à la structure des arguments éthiques, aux caractéristiques des propositions éthiques etc. La méta-éthique est en réalité aussi ancienne que l’éthique, même s’il est vrai que ce n’est que depuis le XXe siècle qu’elle est devenue une discipline indépendante qui se consacre de façon toute particulière à l’aspect linguistique de l’éthique.

Une éthique qui garantit une perspective à long terme – pour la planète et ses habitants – ne peut être durable que si elle est basée sur un éthos global fondé sur le consensus. Cette éthique, dites globale, se nourrit du processus de mondialisation, qui impose la constitution d’une société planétaire, et conduit à réduire les différences entre les multiples visions du monde et exige de convenir d’un système de valeurs communes. L’éthos résulte de quatre prises de conscience :
- une conscience anthropologique — découverte de l’unité dans la diversité ;
- une conscience écologique — découverte des êtres humains comme habitant, avec d’autres mortels, une même sphère vivante ;
- une conscience civique — responsabilité et solidarité avec les autres êtres humains et avec la Terre ;
- une conscience spirituelle de la condition humaine – place essentielle dans le travail de la pensée, de la compréhension. L’éthique doit inspirer, à tous les niveaux, l’éducation à l’environnement par notre relation avec la Terre, avec les autres êtres humains et avec tous les êtres vivants. C’est donc une éthique de la solidarité, de la participation démocratique, de la reconnaissance de l’altérité et des différences, du pluralisme, du respect des droits des minorités et de la diversité des traditions, des cultures et des environnements naturels.

 

 

 

Tous ces changements en cours liés à l’émergence d’une nouvelle société touchent aux aspects les plus profonds de notre relation au vivant, à nous-même comme aux autres. Il y a nécessité de repenser la relation homme-femme, le sacré, la notion de vérité, le statut de la raison et de la science, le temps, l'espace, la santé, l’idée du bonheur. C'est toute l'architecture souterraine de ce que nous appelons la modernité qui est en train de muter, entraînant naturellement des peurs, des craintes, de l'angoisse, du désespoir, de la violence. 

Qui plus est, la société de la connaissance en réseau accélère et approfondit ces changements, modifiant le cœur même des grandes idéologies temporelles et religieuses jusqu’alors structurantes, le capitalisme, le marxisme, le catholicisme, le consumérisme… Dans cette société, le capital productif réside dans les individus et dans le réseau qui les relie. Karl Marx disait que la nature de l'outil de production conditionne la "Weltanschauung", la représentation du monde. Travailler la terre, travailler en usine ou produire de la connaissance à partir de son clavier ne conduit pas au même rapport à la matière, au temps, au sens de la vie, au divin, au sacré. L'outil de production évoluant rapidement, nos représentations du monde et de notre place dans celui-ci sont en train de changer, radicalement. Pour le meilleur ou le pire, selon notre conscience !

 

C’est à nous de choisir, clairement, en toute responsabilité : prendre soin de la Terre et de nos prochains en s'unissant dans cette direction, ou participer à notre propre destruction ainsi qu’à celle de la diversité de la vie. Des changements fondamentaux dans nos valeurs, nos institutions et notre façon de vivre sont indispensables. Nous devons comprendre qu’une fois les besoins de base satisfaits, l’évolution de l’humanité n’est pas une question d’avoir plus, mais plutôt d’être plus. Nous possédons les connaissances, les savoirs et la technologie suffisantes pour subvenir aux besoins de tous et pour réduire les répercussions sur l’environnement. L’émergence d’une société civile mondiale offre l’opportunité de bâtir un monde démocratique et humain. Nos enjeux environnementaux, économiques, politiques, sociaux et spirituels sont étroitement liés, et ensemble nous pouvons trouver des solutions intégrées.

Ce XXIe siècle apparait comme déterminant de l’histoire de l’Humanité et de sa continuité. Nous sommes confrontés au défi d’une transformation dont le calibre est analogue aux grands événements historiques tels que la révolution néolithique ou la révolution industrielle.

L'espoir est qu'il n’y a jamais d’irréversibilité, tout étant affaire de conscience. Nous ne sommes pas ce que nous pensons être. Notre pouvoir est grand, inconditionné, inépuisable. Et quand, en démocratie comme en dictature, un système perd sa légitimité, que la perception populaire ne lui accorde plus de crédit, il change. Il ne peut en être autrement. Laissons les morts enterrer les morts, eux qui n’ont rien enseigné, rien découvert, rien démontré qui touche la vie et la mort, le péché et le jugement, l’amour, la douleur et le rachat. Rien de ce qui touche à la conduite de l’homme et au destin de l’âme, au sens, à l’essence et au salut. La pierre d'achoppement de toute philosophie de la catastrophe future est que nous n'arrivons pas à donner un poids de réalité suffisant à l'avenir. Aussi soyons uniquement préoccupé de retrouver notre voie intérieure, d’éveiller notre conscience à ce qui nous dépasse, à ce qui nous transcende, par la conversion de notre regard à la science de la pensée correcte et par l'écoute des valeurs issues de notre cœur. Sapere aude ! "Ayons le courage de nous servir de notre propre entendement !" Tel nous y invitent les Lumières, pour continuer à danser la Vie encore et encore…

 

Auteur interprète : Kaddour Hadadi, initiateur de HK et les Saltimbanks

 

 

 

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