La formulation de ces clés n'engage que leur auteur, qui puise tant dans ses recherches et sources d'information que dans son imaginaire leur révélation et libre mise à disposition suivant la forme et la rédaction retenues.
Il n'y a de ce fait rien à prendre pour argent comptant, seulement à laisser faire en soi le processus d'ouverture de conscience par le discernement, soit le juste équilibre entre cœur et raison. Celui-ci conduira à les invalider, à les valider, à les compléter par d'autres ajouts et compléments.
C'est ainsi que procède le chercheur de vérité.
"Qui suis-je ?", "Pourquoi vis-je ?", "Quel est mon destin ?".
A cette éternelle question existentielle deux voies sont possibles.
La première peut se résumer en "théorie du chaos". En combinant toutes les possibilités, toutes les conjectures, nous finissons par exister sans qu'il n'y ait de raison à cela. Toute notre civilisation actuelle est conçue en faisant abstraction de ces questions, de la place de l'humain et de son rôle dans l'univers. En l'absence de réponse, de certitude, cette civilisation considère par défaut que cette raison est nulle. Il en découle ce que nous connaissons depuis des millénaires à travers les formes institutionnelles structurant la vie des individus sur terre à partir de leurs proclamations plus ou moins libertaires. La réalité est que la plupart des êtres humains sont encore en esclavage, asservis à quelques empereurs, monarques et tyrans païens qui agissent en leur nom par la force ou la captation de leur délégation. Ceci constitue un déni de la nature réelle de l'humanité, lui causant un grave préjudice évolutif. La montée des tensions sociales constatées aux quatre coins de la planète démontre l'impasse ontologique de cette voie.
La seconde est d’apprendre et de reconnaitre l’existence d’une "âme-miroir" universelle, idéale car sacrée, qui sert de référence pour la reconformation de l’être humain à sa nature profonde, dégagée de tout référent dogmatique religieux. La connaissance de l'existence de l'âme* conduit à adopter une conception holistique de notre existence, qui montre comment les humains sont intimement reliés entre eux et avec tous les autres éléments de l’univers. Elle permet d’inspirer leur union, leur coordination, au détriment de leurs comparaison, compétition et division.
C'est la méconnaissance de la nature de l'âme, individuelle comme collective, qui explique l’état des lieux actuel, par-delà toutes les explications politiques, économiques, sociologiques, philosophiques, religieuses ...
* Cf. Qu'est-ce que l'homme ?
La maladie du Je
En tant qu’individu isolé, nous sommes majoritairement atteint de la maladie du JE. En effet, la société - et ceux qui veulent la contrôler - ont compris qu’il fallait appauvrir, limiter, détourner l’être humain dans sa compréhension du mécanisme de la Vie. Le tour de passe-passe a consisté, d’abord par la prêtrise et les monarques suivis bien plus tard des élites laïques, à promouvoir l’intelligence comme signe supérieur du divin. Chacun a ainsi cherché à devenir intelligent, en se disant que plus il apprendrait plus il serait fort et demandé. Or si le JE est l’émanation de l’ego, il ne peut faire abstraction de la double polarité de celui-ci, masculine - l’émotion et la justice - et féminine - le sentiment et la beauté -. Pourtant, c’est bien la domination du mental qui permet l’expression de la part masculine au détriment de la part féminine. Sa justice est celle qui correspond à son individualisme forcené, soit "tout pour moi et, les autres, seulement ensuite" selon mes desseins. Tant que le cœur n’est pas sollicité, point de partage ni d’union, si ce n’est au bénéfice de mes intérêts…
L’ego est vital, mais devrait pour notre harmonie voir sa partie supérieure (le sentiment et la beauté) être aux commandes, l’autre (l’émotion et la justice) devant s’occuper à appliquer les ordres qu’on lui donne. C’est dans l’écoute de son cœur – la petite voix intérieure - que se trouve la véritable fondation de notre élévation, autant spirituelle, qu’émotionnelle, sentimentale et matérielle.
La recherche d'un nouvel équilibre dans le vécu du "Qui suis-je ?" passe par l'indispensable et radicale rupture du clivage binaire entre "le bien" et "le mal", les accusateurs et les accusés qui ne cessent de se renvoyer la balle*. Le grand Tout que constitue la Création est défini comme évolutif, à la recherche permanente de réponses et de la connaissance de ses Lois d'harmonie. Dans ce cadre, la nature de l'évolution humaine passe par le libre arbitre de chacun, qui aura tendance à préférer faire les meilleurs choix une fois débarrassé et sorti des postures claniques et idéologiques sources de division, d'égarement et d'enfermement à un tyran sauveur. Le principe de la liberté signifie en effet que l'humain n'est pas dissocié de la Création, mais qu'il en est une partie active. Cette conception entre en conflit avec notre actuel système de croyances, forgé par un système social fondamentalement agnostique, qui dissocie l'humain de "la nature" et entretient la division partisane. Alors qu’en s'incorporant dans la Nature et en s'identifiant à elle, l’humain s'observe lui-même, comprenant alors que lorsqu’il fait du mal à la Nature en la brimant, c’est à lui-même qu’il le fait, c’est lui-même qu’il persécute.
* Cf. La dualité décodée.
Nous pouvons déduire de ce nouveau rapport à la Vie quelques enseignements sur le "Qui suis-je ?".
Le premier est lié à la structure sociale, qui place le peuple et l’individu comme proactifs dans l'élaboration des lois par la création d’un circuit du bas vers le haut dans le système hiérarchique. Celui-ci n'est légitime qu'en mesure de ce qu'il est capable de capter de ce qui vient d'en-dessous. Ce modèle participe pleinement de l’indispensable "reconformation", la hiérarchie perdant de son caractère de pression morale inacceptable dans des sociétés dites évoluées. Elle ne garde que son utilité, à savoir sa capacité d'écoute. Au final, une "bonne" hiérarchie est celle dont l'exercice ne peut pas être remis en cause, en raison de la compréhension et de l'acceptation de son niveau de sagesse gardien de l’équité collective. Son rôle qui lui confère légitimité est celui de fédérateur de justice, gommant sa revendication d’obéissance pour se porter sur la recherche, le partage et l’appui à l’arbitrage des opinions contradictoires.
Le second enseignement est le rapport entretenu à la nature, à l'environnement, d'ordre holistique. En créant une sorte de dégradé entre sa propre singularité biologique et les composants de la nature – les éléments (air, eau, terre, feu) et les mondes (minéral, végétal, animal, humain) -, l'homme intègre tous les éléments constitutifs de l'univers comme parties entières de lui-même. Et, pour qu'il existe de la manière la plus harmonieuse, il emploie toutes les lois qui en assurent la structuration et le fonctionnement, y compris celles restant à découvrir. En observant son environnement, il s'y reconnaît, capable d'entrer en résonance avec lui-même. Comme un hologramme ou l’ADN, tout est dans tout, le macrocosme se reflétant dans le microcosme et inversement.
Le troisième enseignement est le rapport que nous établissons à la perfection, à notre perfectionnement constant. Il est basé sur la patience, celle qui nourrit l’expérimentation du meilleur de manière progressive, qui permet d'accepter de n'avoir qu'une vision parcellaire de la réalité en sachant que ce n'est que momentané. Elle repose sur le sens sacré de la vie, que l’approche agnostique gomme la plupart du temps tant l’entretien des clivages idéologiques conduisent aux accusations, jugements et condamnations de celles et ceux qui pensent autrement. C'est toujours l'absence de résonance avec un idéal sacré qui entraîne une vision statique, superficielle et dévitalisée des choses.
Le "Qui sommes-nous" nous ramène inévitablement à Socrate, qui déjà en son temps avait théorisé la manière de résoudre l’énigme de deux manières.
Avec son analogie des gâteaux sortant du même moule, qui voit tout le monde les considérer comme semblables même si chacun a sa propre singularité, variant parfois imperceptiblement ou plus conséquemment en teneur de miel, de sésame, ou de tout autre ingrédient. Elle enseigne l’existence d’un modèle idéal qui existe dans le monde des idées - le moule originel -, mais dont la réalité produit sans cesse des variantes qui sont toutes différentes. Il en est ainsi des hommes, entre l’âme universelle prototype idéal de la vie, décliné avec tout un dégradé de nuances afin d'expérimenter de manière active la Création. Il y a tout naturellement nécessité d’une reconformation, pour permettre l'égalité informative entre les deux images de chaque côté du miroir, l'Absolu et le relatif. Cette recherche de symétrie consiste d’une part à extraire les expériences douloureuses car imparfaites, d’autre part à conserver celles qui permettent à l'âme idéale collective de rayonner. C’est tout le sens de l’expérimentation humaine que de permettre à l’idéal de devenir réalité. Elle nécessite de nourrir continuellement l'âme idéale collective en une information qui vitalise, dimensionne, priorise et structure l'information qui est déjà connue.
Avec sa célèbre injonction "Connais-toi !" faite à la jeunesse, Socrate invite l’homme à penser dans sa relation à l’univers l'idée d'une âme miroir qui n'aurait pas été déformée, abimée, influencée, ou meurtrie par l'expérience de la vie. Elle constitue un modèle du Soi auquel l’être humain peut se fier. La réponse est avant tout intérieure, en s'écoutant soi-même, en étant en accord avec son authenticité profonde. C’est cette résonance, écho et mémoire de la source initiale, petite voix intérieure jaillie du tréfonds dans le silence - le daïmon socratique -, qui le guide vers son constant perfectionnement.
Alors seulement il pourra comprendre que l’amour n’est pas ce qu'il souhaite, c’est ce qu'il EST. S'il pense que l’amour est ce qu'il veut, il ira le rechercher partout. S'il pense que l’amour est ce qu'il est, il va le partager vraiment partout. La seconde approche lui fait trouver ce que la recherche lui dévoilera jamais.
Le destin n’est pas un chemin, ni même une route…, contrairement à la vision occidentale, nourrie d’une culture religieuse basée sur le péché et la culpabilité. Il est vrai qu’à force de prendre les coups des épreuves rencontrées, on peut s’imaginer qu’un "malin" nous veut du mal, et qu’il nous faut assumer un destin pour expier probablement des fautes issues dont on ne sait d’où, voire de nos aïeux. Subir et encore subir fait que l’on a l’impression de rouler avec un frein à main et une remorque bien chargée. La notion de destin est ainsi chargée d’un fatalisme à l’épreuve du doute, que le karma oriental, mal compris, renforce.
Si le destin n'est pas une voie toute tracée, il est caractérisé par quelques passages obligés que l’âme veut expérimenter par le corps dans la matière, à partir des deux outils de l’esprit humain : le mental pour réfléchir, l’intuition / la petite voix intérieure qui suggère, le libre arbitre permettant de trancher en fonction de ces deux éléments. Il en découle que nous faisons, selon le contexte, soit du mental pur, soit de la petite voix pure, soit un mix des deux. Il n’y a aucun destin dans cette histoire de vie, juste une façon de prendre nos décisions. Certains privilégieront le mental et d’autres les intuitions. Le problème de l’intuition est que l’on ne comprend pas d’où cela sort, et donc le doute est vraiment permis. Réciproquement, le mental paraît plus sûr et, pourtant le doute est là, car nous ressentons que nous sommes loin d’avoir toutes les informations suffisantes pour trancher. Alors, faut-il faire passer le mental avant l’intuition, la petite voix ou l’inverse ? C’est en répondant honnêtement à cette question que nous saurons pourquoi certains sont chanceux alors que d’autres le sont nettement moins.
En fait, le mental ne peut vraiment pas nous aider dans un premier temps. S’il est fort pour enregistrer des données et les traiter, c’est l’écoute de sa petite voix, de son intuition, de son ressenti qui importe. Elle requiert confiance en soi, foi en ses messages intérieurs. Notre destin est tout bonnement en nous. C’est nous qui décidons de l’effectuer ou non. Écoutons donc notre petite voix, surtout quand il s’agit de vaincre une peur ou une appréhension.
La vie est un chemin de découverte, intérieur et extérieur. Pour éviter de tourner en rond, notre âme nous donne une direction pour nous occuper l’esprit et surtout nous aider à rencontrer les gens avec qui nous devons partager un bout de chemin. A chaque fois que nous n’écoutons pas notre petite voix, il est certain que le chemin va se rallonger, ainsi que les efforts à faire. Nous créons notre propre destin quand nous pensons que c’est notre mental qui nous gouverne. Or notre âme a déjà balisé tout le parcours. Pourquoi alors lui donner du fil à retordre ? Il y a déjà tant de problèmes autour de nous, pourquoi en rajouter ?
L'évolution est toujours imagée par un idéal, un aboutissement, qui trouve sa place dans le monde des idées. Même le langage usité dans le monde pratique repose sur des idéaux, innés, instantanés, impensés. Ils permettent tout au cours d'une vie de constater la différence entre la réalité vécue et les idéaux attendus. En ne perdant jamais de vue ces idéaux, l’homme peut s'autoévaluer en continu, et ainsi mesurer le chemin qu'il reste à conquérir pour qu'il se réalise en parfaite harmonie.
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